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Sur la puissance américaine (première partie)

Publié le 11 février 2008 par Bigmac

Le lien avec la civilisation Occidentale constitue l’une des premières problématiques de la nation américaine. En effet, les Etats-Unis tout comme l’Europe en sont des membres de premier ordre. Cependant, à l’ouest de l’Océan Atlantique, on n’oublie pas que l’idée de nation s’est construite par opposition à celle du modèle européen. L’Europe reste une terre où l’oppression et les hiérarchies structurent les esprits au contraire des Etats-Unis qui représenteraient celle de la liberté et de l’égalité. D’un point de vue interne, la civilisation occidentale s’organiserait selon trois axes majeurs : les Etats-Unis comme Etat phare, un axe franco-allemand et le Royaume Uni entretenant une relation médiane. Ainsi, les Etats-Unis se considèrent comme étant aujourd’hui le leader de l’Occident.

L’identité nationale américaine repose sur un fondement culturel hérité de cette civilisation occidentale. Ses éléments traditionnels sont la liberté, la race, l’appartenance ethnique, l’idéologie ainsi que la culture avec les problématiques linguistiques et religieuses. D’autres facteurs tels que le multiculturalisme s’ajouteront par la suite. D’un point de vue politique et occidental, les conséquences du principe de liberté entraînent ceux de la démocratie, de l’individualisme, de l’égalité devant la loi, du respect de la constitution et de la propriété privée.
La nation américain se définit ensuite par un fort facteur religieux. Il s’agit là d’un élément central en raison de son importance et de sa grande diversité. Le peuple américain se singularise par sa grande religiosité en grande majorité chrétienne. Ici, le catholicisme a par contre été accepté peu à peu. 90% des citoyens américains déclarent croire en Dieu et 60% se rattachent à une Eglise. Dieu reste présent dans les discours politiques et s’affiche sur les billets de banque avec (« in god we trust ». Le président prête également serment sur la Bible et l’ensemble du système politique conserve une base religieuse au point que certains auteurs parlent de religion civile soit un mélange de religieux et d’habitudes nationales. Le protestantisme reste cependant dominant. Il a modelé les comportements des américains et a sécularisé certaines de ses valeurs au sein de la société. On parle d’un socle anglo-protestant soit une combinaison entre les institutions politiques et sociales anglaises dont bons nombres de principes sont issus du protestantisme dissident. L’opposition entre le bien et le mal, l’individualisme, l’absence de réticence envers la réussite matérielle, la force morale en général et celle du travail en particulier, le messianisme, la conviction d’être une nation élue constituent les grands héritages du protestantisme. Depuis 1845 et John O’Sullivan cette idée de peuple élu se trouve développer dans l’expression de « Manifest Destiny ». Il reviendrait alors au peuple américain la mission de répandre un certain idéal et une certaine civilisation dans le monde. Depuis, cette théorie sert à justifier tous les volets de l’impérialisme américain.
Sur le sol américain, les grands traits de leurs identités se retrouvent dans de nombreux symboles. « Uncle Sam », « Brother Jonathan », la statue de la liberté, « liberty bell », « yankee doodle », l’aigle, « In God we trust ». Nous devons ajouter à cette liste le drapeau américain auquel le peuple américain accorde une importance de premier ordre. Il s’agit là d’un symbole de leur puissance et d’un élément à part entière de la nation. L’omniprésence de ce drapeau aussi bien dans les salles de classe que chez les particuliers révèle un patriotisme vivant. Dans leur calendrier civil, le 14 juin commémore l’adoption de ce drapeau. Il s’agit du « flag day ».
Derrière ce drapeau, l’unité de la nation a toujours été un objectif premier. Les Etats-Unis incarnent dans ce domaine un certain modèle de réussite. En effet, ce pays draine environ la moitié des flux migratoires mondiaux. Au cours de la dernière décennie du XXème siècle, plus de 11 millions de personnes sont entrées sur le territoire américain. La langue constituait une base de cette identité, la diversité raciale, ethnique économique ou culturelle représentaient des menaces. C’est l’idée du « melting pot ». Expression inventée par Israel Zangwill en 1908, qui suppose que le brassage d’individus et de races différents sur le territoire américain engendre un homme entièrement nouveau, « l’homo americanus ». Si l’assimilation a fonctionné jusqu’au début du 20ème siècle malgré les tensions sociales, de nombreuses nuances caractérisent notre époque. De nombreux groupes ont tendance à récuser le concept de « melting pot » et à mettre en avant celui de « salad bowl ». Chaque groupe ethnique souhaitant garder ses caractéristiques propres. A présent, on s’intéresse particulièrement au multiculturalisme qui menacerait selon certains auteurs l’identité de cette nation américaine. En effet, cette idée suppose que chaque groupe possède sa propre culture et que l’élite blanche ou WASP (White Anglo Saxon Protestant) a opprimé ces dernières. Cependant, les principes de justice, d’égalité et de droit exigent que ces cultures opprimées soient aujourd’hui libérées.
La vision américaine du monde et de l’Europe.
Après avoir étudié la vision américaine de l’Amérique, intéressons nous à leur façon d’appréhender le monde. A leurs yeux, celui-ci se divise en grandes civilisations. Au sein de chacune d’elles, ils distinguent les états membres, les états dominants, les pays isolés et les pays déchirés. Aujourd’hui, les distinctions entre les peuples seraient d’ordre culturel et « civilisationel ». Le système de pensée américain repose ensuite sur trois principales grilles de lecture pour appréhender le système monde. L’Occident et le reste du Monde, les Etats avec les Etats nations qui restent les principaux acteurs sur la scène internationale. Enfin le chaos. Au sein de ce système de pensée, les Etats-Unis se considèrent comme étant la seule super puissance. Viennent ensuite mais derrière d’autres puissances telles que la Grande Bretagne et la France pour les questions de politique et de sécurité. L’Allemagne et le Japon pour les questions économiques. Leur vision sur la Chine est à l’heure actuelle en pleine évolution. Celle-ci devient un véritable centre d’intérêt et d’inquiétudes.
Cependant, cette vision de notre époque reste récente sur l’échelle historique des Etats-Unis. Elle fait suite à la chute de l’Union des Républiques Sociales Soviétiques. En 1991, les Etats-Unis n’ont plus eu d’ennemi par rapport auquel ils pouvaient se définir. Leur vision des conflits s’est trouvée ainsi changée. A présent, les prochains conflits résulteront de l’arrogance occidentale, de l’intolérance islamique et de l’affirmation de la Chine. Ils seront d’ordre « civilisationnel » et seront donc très violents car ils mettront en jeu des questions d’identité. Les compromis ne se trouveront que très difficilement. Aujourd’hui l’ennemi type de la puissance américaine doit être hostile sur le plan idéologique, différent sur le plan racial et culturel, puissant militairement car il doit être en mesure de menacer la sécurité américaine. Leurs ennemis principaux sont d’ailleurs recensés : il s’agit des organisations terroristes, des Etats aidant les terroristes, des Etats voyous et surtout de l’axe du mal à savoir l’Irak, l’Iran, la Corée du Nord, Cuba, la Libye et la Syrie.
Au sujet de l’Europe, les Etats-Unis entretiennent également une vision particulière. Selon eux, le « Vieux continent » a renoncé à toute idée de puissance et se tourne vers un monde de loi soit une vision « kantienne » du monde. Au contraire des USA qui considèrent que la force reste un facteur de puissance de premier ordre soit une vision plus proche de la philosophie de Hobbes. Ainsi les Etats-Unis et l’Europe n’abordent pas de la même façon un problème. Les Etats-Unis l’envisageraient sous un angle manichéen et entreprendraient rapidement des sanctions punitives. L’Europe à l’inverse tâcherait d’aborder un même problème de façon plus complexe et nuancée. Les ironies américaines sont alors nombreuses. En effet, ces derniers arguent que l’Europe peut se permettre d’avoir une telle approche car elle compte sur les Etats-Unis pour sa sécurité. Cette dernière devient donc gratuite. Ensuite les Européens peuvent bien critiquer le fait que les Etats-Unis fassent cavaliers seuls mais ils restent les seuls à pouvoir le faire.
Le rôle que les Etats-Unis entendent jouer dans le monde.
Les Etats-Unis se voient comme des acteurs actifs au sein de notre monde. N’hésitant pas à user de la force si besoin. En raison du rôle qu’ils entendent jouer et de la puissance de leur arsenal militaire, ils ont une évaluation du risque qui diffère de celle des européens. Les Etats-Unis identifient plus rapidement un problème comme une menace et agissent dans de biens plus brefs délais.
Ils se considèrent également comme étant la seule nation indispensable au monde. Ce sont du moins les mots du président Clinton. Le conseiller pour la stratégie Edward Luttwak tient également des propos on ne peut plus clairs. Selon lui les Etats-Unis ne peuvent pas s’en tenir au « laisser-faire » et à la globalisation alors que l’Asie et peut être demain l’Europe pratique une économie de combat au service d’un seul combat, au service d’un seul pays ou d’un seul groupe de pays. Pour survivre et se développer dans ce contexte d’hyper concurrence qui fait suite à la guerre froide, les Etats-Unis sont appelés à transformer leur système de production en machine de guerre économique. Pour rester fort et garder son rang de superpuissance, un empire doit s’imposer partout et son autorité devra être incontestée.
Cette volonté de puissance n’est cependant pas nouvelle. Elle a d’abord eu lieu sur le continent américain suite aux guerres d’indépendance avec comme objectif de limiter au strict minimum l’influence du « Vieux continent ». Au 19ème siècle la doctrine Monroe lance l’influence militaire, économique et culturelle au travers du monde. D’abord en Amérique latine en dénonçant le rôle des empires coloniaux européens et en prêchant l’idéal de la liberté. Puis dans les différentes régions du monde avec des discours fondés sur la liberté et la démocratie. Ces deux concepts restent depuis les bases de leur politique d’influence et d’expansion.
Le pragmatisme cher à la culture anglo-saxonne suppose que ces principes théoriques se trouvent suivis de faits. L’expression de la puissance américaine va nous permettre de voir que cette vision de la puissance s’envisage à échelle globale. La puissance américaine se retrouve dans le monde entier.

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