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Top14 : Une finale a moitié pleine.

Publié le 06 juin 2011 par Lben

Chronique du lundi 6 juin 2011.

Toulouse est champion de France et c’est le plus important. L’équipe qui a dominé toute la saison régulière est logiquement couronnée et le rugby français peut être fier de posséder un tel club dans ses rangs. Pour ce qui est de la finale en elle-même, évidemment, tous ceux qui attendaient un feu d’artifice des attaques en ont été pour leur frais. C’était pourtant à prévoir. Explications…

Montpellier, une défense et une envie de fer :

La tactique pour battre Toulouse consiste à obliger cette équipe à jouer en reculant et à, idéalement, la priver du ballon. Fabien Galthié et Eric Béchu savaient que ce serait quasiment impossible d’empêcher les Toulousains d’avoir la balle, même si leur conquête a été formidable pendant 60 minutes et a bien déréglé celle de son adversaire, alors ils se sont focalisés sur la défense, à juste raison. Les Montpelliérains ont fait preuve de coeur et d’envie pour couper les extérieurs et surtout oppresser la zone autour des points de fixation en bloquant à la fois David Skrela, Jean-Marc Doussain et la 3ème ligne. Du coup, les Toulousains n’avaient pas de solutions autre que l’exploit individuel. Pas de possibilités sur les extérieurs, pas de temps et d’espace pour organiser le jeu autour de la charnière, pas ou peu de dynamique avec des ballons qui sortent lentement des regroupements et même pire, mais là les entraîneurs Montpelliérains n’y étaient pour rien, pas de réussite au pied pour au moins matérialiser une certaine domination.

Montpellier a réussi le match parfait en étant stratégiquement bon et en montrant une envie et une solidarité de tous les instants. Qu’est ce qui a manqué à cette équipe pour l’emporter ? A mon avis, rien, car de toute façon Montpellier ne pouvait pas prétendre battre un Toulouse capable de jouer à son niveau. En effet, la différence sur certains postes comme, notamment, sur l’ensemble de la ligne d’arrière, hormis la charnière, et sur le banc de touche est trop prononcée pour que les Héraultais puisse rivaliser avec le Stade Toulousain qui, même sur cette finale, a bien maîtrisé son sujet car les joueurs Toulousains n’ont jamais paniqué et ont su se concentrer sur leurs forces, l’organisation autour des avants et la multiplication des temps de jeu pour déstabiliser un adversaire qui a fini par fatiguer, pour remporter le match.

Toulouse, plus qu’une équipe :

Toulouse ne pouvait pas perdre cette finale même si le coup est passé très prés. Les Toulousains possèdent un temps d’avance sur tout le monde, à la fois grâce à l’expérience des finales précédentes ( 2003, 2007 et 2010 en HCup, 2008 en Top14 sans parler de celles plus anciennes qui font que Guy Novès a l’expérience de 9 titres de champion de France ) et aux 10 millions de budget en plus que le premier des autres clubs, Clermont. Ces 2 éléments comptent énormément. Le premier pour ne pas paniquer, même quand tout semble se liguer contre vous et le deuxième pour posséder un effectif qui peut se permettre en même temps de posséder 13 internationaux français et 3 internationaux sur la feuille de match tout en se passant de quelques autres ( Kelleher, Michalak, Lamboley, Delasau,… ) et de lancer, en même temps, des jeunes joueurs qui promettent beaucoup comme Jean-Marc Doussain et Nicolas Bézy. C’est trop pour n’importe quel adversaire et surtout pour un comme Montpellier qui n’est qu’au début d’une nouvelle ère. Il est important pour le rugby français d’avoir un tel exemple d’excellence, aux autres clubs de réduire l’écart…

Un arbitrage qui a gâché la fête :

La configuration fermée de cette rencontre a tenu principalement à la volonté de la défense Montpelliéraine d’étouffer le jeu Toulousain. C’était la meilleure tactique pour espérer réussir l’exploit et les Héraultais sont passés prés de la victoire. Mais ils n’ont pu le faire que grâce à la complicité de l’arbitrage qui a seulement sifflé le premier hors-jeu de la défense Héraultaise à la 60ème minute. Même si les Héraultais ont été très bien organisés et disciplinés, leur blitzkrieg a fait la part belle à l’anticipation et à la volonté de casser le jeu Toulousain coûte que coûte. Pour être capable d’une telle défense, même avec les meilleurs joueurs du monde, il faut obligatoirement être capable de légèrement anticiper les sorties de balles et de prendre des risques qui se sont révélés payant, puisqu’ils n’ont jamais été sanctionnés en tant que tel. Du coup, les Montpelliérains ont eu la plus grande facilité à couper les extérieurs et à mettre sous pression la charnière Toulousaine, empêchant le jeu Toulousain de se mettre en place et les temps de jeu de se multiplier. Le refus d’arbitrer les hors-jeu de ligne a empêché ce match de prendre l’ampleur mérité et a failli coûter le match aux Toulousains qui auraient, sinon, certainement pu marquer des essais.

Attention, je ne suis pas en train de faire le procès de Monsieur Péchambert que j’ai trouvé très bon, grâce notamment à une condition physique qui a semblé irréprochable, mais plutôt celui de ses arbitres de touche et surtout des consignes d’arbitrages qui viennent des instances comme l’IRB et la FFR. Les arbitres de touche, d’abord, car il existe toujours un court instant où, à la sortie du ballon, leur regard semble se perdre du côté de l’équipe qui joue la balle plutôt que de se focaliser sur le positionnement de la défense, point pourtant prioritaire dans leurs prérogatives. Du coup, les défenses, si elles restent bien en ligne, ont la possibilité de gagner, à ce moment-là, le mètre, voir plus, qui leur permet d’avoir un temps d’avance sur l’attaque et de pouvoir mettre sous pression leur adversaire. En résumé, si un joueur s’avance seul, il sera identifié par l’arbitre comme hors-jeu, par contre si une ligne de défense avance hors-jeu, les arbitres n’y voient que du feu et laissent faire. Les instances qui régissent l’arbitrage, ensuite. Celles-ci, qui globalement continuent à privilégier la défense vis-à-vis de l’attaque, ne sont toujours pas intervenues sur la défense de ligne. Pourtant, il  a de quoi. Depuis toujours, les équipes essaient d’anticiper la règle des 10 mètres, ou celle de la ligne passant par les pieds du dernier joueur présent dans un regroupement, mais, en plus, maintenant depuis presque 10 ans, est apparu la tactique venue du rugby à 13 de couper les extérieurs en envoyant systématiquement le 2ème centre en avant de la ligne de défense. Du coup, il devient facile d’empêcher le ballon de parvenir jusqu’aux ailes et d’avoir un jeu total qui s’étende sur l’ensemble du terrain dans sa largeur. Il faut que cela change !

Il est possible de légiférer en la matière en obligeant la défense de rester en  ligne, même après la sortie du ballon, en maintenant la ligne fictive même dans le mouvement créé et d’empêcher ainsi le 2ème centre de monter en pointe. Le premier défenseur, le 10 en général, sera le garant de cette ligne fictive qui sera surveillée par les arbitres de touche. Ainsi, ceux-ci seront totalement dédiés à la surveillance du positionnement des défense, ce qui fera, déjà, que les règles seront mieux appliquées et que le jeu pourra plus facilement se développer. Ainsi il sera possible d’éviter qu’une équipe ne base toute sa stratégie sur la défense uniquement et qu’un match comme cette finale ne soit totalement anesthésié par un manque de volonté d’arbitrer les hors-jeux défensifs…

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