Magazine Environnement

A quand les économies ?

Publié le 06 juin 2011 par Jcvie

Au cours des derniers mois, on a enfin assisté à l’amorce d’un débat sur l’énergie. Mais quelle tristesse de constater qu’une fois de plus il aura fallu des catastrophes pour lancer une réflexion de bons sens : une marée noire gigantesque dans le Golfe du Mexique, une guerre en Lybie (présentée comme responsable de la flambée des cours du pétrole) et un accident nucléaire majeur au Japon. Quelle tristesse également de voir à quel point on a laissé derrière nous en quelques semaines les problèmes de Fukushima.

Pourtant, réjouissons-nous car pour une fois aucun irresponsable n’a pu crier au complot d’une quelconque secte verte ; il est évident pour tous que, pour l’accident nucléaire et la marée noire, il s’agit de catastrophes majeures engendrées par notre folie collective. Bien sûr les responsables et leurs soutiens inconditionnels continueront de nous expliquer que la science, magique, va nous apporter les solutions et nous sortir du pétrin ? Ils tenteront de culpabiliser chacun d’entre nous car, après tout, c’est nous qui demandons de l’énergie, alors que nous ne sommes que de gentils moutons de panurge incapables de dire non à ce que l’on nous présente comme « le progrès »? Des apprentis sorciers irresponsables défendant les intérêts de puissants lobbies vont nous expliquer qu’il s’agit de circonstances exceptionnelles qui n’ont aucune chance de se reproduire, surtout chez nous. Nous avons vu cela avec les économistes et les financiers ou encore avec la tempête Xynthia. Ce serait trop gros d’utiliser les mêmes ficelles. Et pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit. Rien de nouveau ! Tout a été et continuera à être mis en œuvre pour continuer jusqu’à la crise suivante qui sera, bien sûr, tout aussi exceptionnelle et que la science (surprise !) n’aura pas su prévenir.

Dommage que le débat n’aille pas au-delà des dangers du nucléaire et n’aborde pas le problème de fond : le gaspillage qui règne en maître. Si on souhaite réduire de bonne foi les émissions de gaz à effet de serre et réduire la facture énergétique, plutôt que de débattre sur le pourcentage d’énergie renouvelable à atteindre on devrait lancer une chasse au gaspi tous azimuts selon cette règle de bon sens qui veut que l’économie la moins couteuse, pour la nature et le porte monnaie, est celle que l’on ne produit pas.

L’augmentation du prix devraient encourager des économies mais les premières victimes seront les plus vulnérables, comme toujours avec les problèmes environnementaux, alors qu’ils ne sont pas les plus gros utilisateurs. Les consommateurs redoutent donc légitimement une hausse du prix de l’énergie ;  les gouvernants, démagogues, rassurent leur électorat ; les fournisseurs d’énergie tentent de préserver leurs profits, parfois  astronomiques, et sont prêts pour cela à parfois prendre des risques toujours plus grands pour la planète et les populations otages qu’ils disent vouloir satisfaire.

Le prix de l’énergie, celui des ressources naturelles ainsi que celui des produits alimentaires va augmenter. C’est inévitable et cela répond a une simple règle arithmétique ; comment peut on croire ou laisser croire le contraire, autrement que par pure aveuglement ou démagogie électoraliste. Il faut donc s’y préparer. Dans ce contexte, le devoir des politiques devrait être de s’assurer que les fournisseurs d’énergie ne se serviront pas abusivement de ce prétexte pour augmenter leur profit et d’orienter les politiques vers l’optimisation de l’utilisation de l’énergie en prenant de vraies mesures.

Il serait aussi naïf d’ignorer que la fourniture d’énergie est un business qui, comme tous les autres, obéit à la règle absurde de la croissance continue et indéfinie. Les fournisseurs d’énergie ont certes fait des progrès dans leur prise en compte des problèmes environnementaux mais tout de même pas au point d’abandonner leur logique de production. Leur stratégie est de continuer à présenter l’augmentation de la demande comme une fatalité tout en gagnant le plus de temps pour se positionner sur le marché des énergies alternatives, secteur dans lequel ils se sont donnés le temps de s’implanter tout en ralentissant son essor. Et peu importe parfois que le remède soit pire que le mal à l’image des agrocarburants de premières générations ou de l’industrie du nucléaire, qui depuis quelques années jouait sur l’absence de rejets de gaz à effet de serre, et est confrontée à une tragique réalité aujourd’hui.

Les déclarations d’intention sont nombreuses mais 2010 vient à nouveau de battre tous les records d’émission de CO2 et de chaleur. Et pourtant des choses absurdes continuent à se produire : à titre d’exemple alors qu’on incite les propriétaires de logement à les isoler, on autorise les chauffages extérieurs des terrasses parisiennes, une énergie purement et simplement gaspillée pour le plaisir éphémère de quelques uns; plus avisée, la Suisse a su l’interdire et tout va bien! Les éclairages publics, les affichages par écran plat, les gadgets à pile se multiplient. De nouveaux modèles de grosses voitures apparaissent sans cesse et les efforts de motorisation hybrides ne tendent pas vers une économie globale en se focalisant sur les petites voitures.

Il faut bien sûr poursuivre les efforts technologiques mais pas dans le but de ne rien changer à nos habitudes de gaspillage mais comme moyen complémentaire, et ne les mettre en œuvre que lorsque nous avons des garanties suffisantes quant à leur innocuité. En gros, l’exact opposé de ce que nous avons observé avec le rush sur les biocarburants ou les énergies renouvelables en général.

Il y a quelques semaines, en réponse à la flambée du prix du pétrole, la Ministre française de l’économie prônait juste une conduite écolo. Aucun commentaire de sa part sur le comportement et les pratiques de l’industrie pétrolière et des lobbies automobiles. Et dire qu’elle pourrait être en charge de la gouvernance de la finance mondiale ! Pas de quoi être rassuré ! Quant aux medias, au lieu de parler de vrais sujets, autant meubler l’espace avec un débat ridicule sur la signalisation de radars sur les routes ou sur les frasques de quelques uns, condamnables si avérées, mais qui ne changeront absolument rien à la marche sur la tête de notre monde.

Alors on se met à repenser à Eyjafjöl, ce gentil volcan islandais, cauchemar orthographique, qui n’a fait que ralentir pendant quelques jours notre course éperdue et pointer les dysfonctionnements de notre monde, le plus pacifiquement du monde. La nature peut certes être brutale, surtout quand elle est contrariée et que l’on ne l’écoute pas. Elle est bien plus souvent généreuse en nous fournissant les conditions de notre épanouissement ou en nous lançant de discrets messages d’alerte. Comme l’enfant rebelle face à ses parents, nous balayons tout ceci d’un revers de main, outré que nos caprices ne puissent se dérouler selon notre bon vouloir.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jcvie Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog