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Bruit vs. information : l'épreuve de la grippe A

Publié le 28 avril 2009 par Michael Pierlovisi

Bruit vs. information : l'épreuve de la grippe A

Même s’il est encore trop tôt pour analyser le rôle (et l’influence) que joue Internet et les médias sociaux dans l’affolement général qui entoure l’expansion de la grippe porcine à travers le monde, je tenais à partager avec vous quelques remarques sur leur mode d’utilisation durant ces derniers jours.

Twitter n’a pas été un mode d’information viable

Avant même de se déclarer en Europe, le H1N1 se propageait déjà sur Twitter de façon… pandémique. Un réflexe somme toute logique pour les quelques 1,3 million 6 millions d’utilisateurs dans le monde (soit 3,8% des internautes) qui se sont empressés de réagir/relayer/commenter/s’inquiéter/s’affoler sur les premiers cas décelés au Mexique puis sur l’état d’urgence sanitaire déclaré aux Etats-Unis (une simple recherche sur swine flu ou #swineflu parle d’elle même).

Le problème dans ce genre de situation ne provient alors pas tant du danger que représente la grippe que de la force même de Twitter : l’instantanéité. Le bruit, voire la cacophonie générée par ces millions de tweets ont disséminé voire totalement occulté le peu d’information dont pouvaient disposer les internautes durant le WE du 25-26 avril.

Face à la lenteur (toute relative) des médias traditionnels, l’hystérie des foules version 2.0 s’est déclarée en quelques heures avec des pics de près de 10 000 tweets par heure sur le sujet. Ajoutez à cela la sacro-sainte limite des 140 caractères et vous vous retrouvez face à un flux d’information massif, instable, incohérent et bridé. La raison est simple. Comme le souligne Foreign Policy, alors que Google est un outil de recherche d’information (qui s’avère d’ailleurs fort intéressant dans le domaine de la veille sanitaire), Twitter est un mode de conversation. On ne tweet donc pas foncièrement pour diffuser informer mais plutôt pour rejoindre le bruit de fond…

Bruit vs. information : l'épreuve de la grippe A

Il faudra attendre les premiers articles de fond diffusés via les voies “traditionnelles” pour bénéficier d’un compte rendu clair et synthétique… et si, finalement, les médias traditionnels avaient encore un rôle à jouer ?

Les medias Online “classiques” comme source d’information refuge ?

En tant qu’internaute désireux de s’informer sur l’état de cette grippe, je me suis donc retrouvé dans une situation assez cocasse. Le flux d’information (entendu ici au sens large) généré par les “plateformes conversationnelles” (micro blogging, réseaux sociaux, communautés, etc.) m’ont poussé vers des sources que jugeait plus fiable car bénéficiant justement du recul nécessaire pour offrir un panorama synthétique de la situation : le site du Monde ou du Figaro puis Google News et celui du Centers for Diseases Control and Prevention (qui propose pourtant une mise à jour de la situation toutes les heures !).

Je ne suis visiblement pas le seul à avoir filtré mes sources sur le sujet puisque des blogs, aux lignes éditoriales pourtant bien différentes de la grippe porcine, ont jugé utile de proposer leurs sélections de sources d’information sur le sujet : Mashable, le Journal du Geek, Techcrunch, Journalistiques ou encore Transnets. Ce dernier a d’ailleurs rendu public l’ensemble des flux RSS qu’il consulte sur le sujet

Une organisation progressive des modes d’information

Après ces premiers jours de flottement, il est aujourd’hui plus simple d’accéder à une information pertinente et vérifiée sur la grippe porcine. La carte Google Maps, créée et mise à jour par le Biomedical Research de Pittsburgh le 21 avril dernier, rend compte de façon exhaustive de l’ensemble des cas suspects, avérés ou négatifs. D’autres cartes plus collaboratives (et donc à vérifier) ont rapidement émergé (dont une timeline interactive directement intégrée à Google Earth).

Bruit vs. information : l'épreuve de la grippe A

Du côté de Twitter, la folie retombant progressivement (jusqu’à quand ?), certains tweets se sont également spécialisés tels que CDCemergency ou Veratect (société spécialisée dans la gestion et la communication de crise).

Au final, et à défaut de modes de communication et d’information adaptés de la part des institutions gouvernementales et internationales, j’ai l’impression que nous avons assisté durant les tous premiers jours à un mini chaos informationnel que les outils à la mode (oui je parle de Twitter) ont été incapables de combler correctement. Il aura fallu attendre les premiers filtrages et sélections de médias Online pour bénéficier de sources d’information fiables.

En attendant, ce sont nos quotidiens et chaînes d’information (et surtout leurs pendants Online) qui semblent avoir profité de cette situation. Une conséquence assez logique basée sur un besoin immuable : la confiance. Dès lors, deux questions me viennent à l’esprit.

  1. Et si, finalement, lors de situations exceptionnelles et graves nous aurions tendance à abandonner nos communautés en tant que sources d’information pour nous retourner vers les médias plus traditionnels (du moins durant les premières heures) ?
  2. Devrions-nous nous méfier de la capacité de parasitage que peuvent générer des outils tels que Twitter où l’instantanéité semble être un véritable handicap ?

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