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Agoraphobie une autre façon d’en parler

Publié le 07 juin 2011 par Psyhazan

Agoraphobe, je ne sortais pas seule de chez moi…

Ce soir là en compagnie de mon amie Marie-Jo nous sommes arrivées à cette soirée qui avait lieu dans un appartement en rez-de-jardin.

Agoraphobie une autre façon d’en parler

Lorsque devant moi, un homme brun ne me quitte pas des yeux. Je change de place mais il insiste. J’avance vers mon ami  :

«- Tu peux dire à ce Monsieur…»

«- Patrick, il s’appelle Patrick»

 » Tu peux demander a ton ami Patrick de se lever pour  m’invite à danser? « 

Daniel m’a soulevé et assise sur les genoux de Patrick. Il était beau et il riait aux éclats, je ne savais plus quoi dire.

Patrick Segall était en effet confortablement installé sur son fauteuil roulant et nous dansions un slow, enlacés.

Ensuite nous avons commencé une longue conversation dont la seule phrase que j’obtiendrais de lui :

«- Raymonde tu plaisantes ?»

Avec son beau sourire et pour quelques instants j’aurais voulu avoir, moi aussi, des roues dans ma tête.

«- On est pareil tu sais ?»

«- Tu plaisantes ?!»

Parce qu’il ne voit pas mes jambes qui ne roulent pas.

«- Sagittaire ascendant Lion»

«- Moi aussi !»

Mais comment dire à cet homme qui ne peux se déplacer seul, c est du moins ce que je croyais, que nous sommes dans la même difficulté, semblables.

Puis il a dit, je dois m’en aller, c’est là ou tout à chaviré.

Je lui demande qui le raccompagne ?

«- Tu plaisantes toujours comme cela ?»

Il rigole, je commence à avoir envie de pleurer. Après, je ne sais plus, il est sorti par le couloir des parties communes pour éviter les obstacles, semble-t’il.

Il roule…il court ! Je le suis, ne sachant plus que dire ou que faire.

«- Tu rentres comment chez toi ?»

Il ne cesse de penser que je plaisante.

Il est entré dans son Van, le fauteuil gisait à l’arrière comme des jambes dont il n’avait que faire alors que je venais de basculer dans le monde des handicapés.

«- Merci pour cette soirée, nous avons bien dansé»

Et comme s’il me plantait un couteau dans le cœur :

«- J’adore ta façon de plaisanter»

«-Mais je ne rigole pas !»

La peur de ne plus retrouver mon chemin m’étouffe  et me serre la gorge.

«- Tu pourrais me raccompagner ?» Avais-je osé m’aventurer.

Et pour une dernière fois il a dit :

« - J’aime tes plaisanteries, j’aime beaucoup»

Avec tellement de gentillesse et de sourires dans son regard que j’ai trouvé la force de rejoindre les autres.

Le lendemain, mon amie Claude m’a procuré ses livres.

« – Tu vois, lui, il marche !»

« – Il fait le tour du monde et moi je ne peux même pas sortir seule de chez moi»

Je suis en sanglots et Claude de dire :

«- Oui Ray, mais lui c’est pour la vie»

Le temps a passé, les années aussi et cinq six ans plus tard, je suis au festival de Cannes. Les photographes se ruent sur Christophe Lambert. Alors, je m’éloigne pour éviter cette foule humaine.

C’est la que j’aperçois Patrick Segall fidèle à son fauteuil. Il sourit tandis que je m’approche timidement et lui murmure :

«- Vous vous souvenez de moi ?»

«- Oui, Ray, je me souviens de toi»

A Patrick Segal pour tout son investissement pour les autres

A vous, les agoraphobes je vous offre cette histoire car comme dit Patrick:

«Nos jambes sont dans la tête»

Agoraphobie une autre façon d’en parler


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