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Longuet à Tunis

Publié le 06 juin 2011 par Malesherbes

Au mois d’août 2006, Monsieur Gérard Longuet, alors sénateur et conseiller de Nicolas Sarkozy à la direction de l'UMP, au cours d’un déplacement privé, a passé deux nuits à l'hôtel cinq étoiles The Residence de Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis. Ce qui est contestable, ce n’est pas tant le fait que ce séjour ait été réglé par un pouvoir devenu depuis infréquentable, c’est que ce politique, comme de nombreux autres de ses semblables, quel qu’en soit le bord, a oublié que sa situation d’homme public lui interdisait d’accepter des cadeaux.

La défense de notre ministre de la défense est pour le moins maladroite. Il affirme que, s’étant rendu dans cet hôtel, il avait accepté l'invitation à déjeuner d'un responsable de l'office du tourisme tunisien. Mais Karima Ben Moussa, responsable du service commercial de cet hôtel, a de son côté déclaré à l’AFP : « Je confirme qu'il a séjourné dans l'hôtel» et « c'est l'Office national du tourisme tunisien qui a réservé ». Qui croire ?

Les explications de notre ministre frisent le ridicule. Il déclare, que s’étant présenté pour régler sa note, on lui avait dit que c‘était déjà fait, et il explique : « On était deux, l'autre a pensé que c'était moi qui avait payé, moi j'ai pensé que c'était lui. Si on m'envoie une facture, je la paye de bon cœur. Deux cents euros, je ne vais pas passer la journée là-dessus ». Il pense trop, ou plutôt mal. Soucieux de s’assurer qu’il ne devait plus rien, il me semble qu’il aurait pu demander qui avait payé, afin également de pouvoir remercier son ami pour le cas où ce serait lui qui aurait acquitté la facture.

Il aurait également avancé pour se justifier que, n’étant alors pas ministre, il n’y avait pas de mal à ça. Il est par trop modeste. Il était si peu connu qu’il avait été bel et bien identifié comme un personnage public. Et où donc a-t-il vu que payer suffisait à effacer une indélicatesse ? Le fait pour un voleur de pommes de rendre les pommes ne lui évite pas d’être jugé pour ce délit.

Ce ministre, qui, plus que tout autre, a charge d’âmes, s’imagine donc que la valeur suprême en ce monde est l’argent ? L’Etat tunisien n’est sans doute pas plus à 200 € près que lui. Mais ce que le peuple français est en droit d’attendre de M. Longuet, plutôt que des explications grotesques, c’est qu'il batte sa coulpe : j’ai fait une erreur, je serais plus attentif à l’avenir.


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