Une femme bien jeune ...
Dans le jardin public sous un ciel de layette
Installée sur un banc, l’abri d’une gloriette
Une femme bien jeune, belle comme un fruit mure
Son enfant dans ses bras, la fontaine murmure.
Le soleil sur la mer, des éclats de diamant
Les oiseaux qui pépillent, le rire des deux amants
Un bruissement de feuilles, gazouillis de bébé
Il n’est point de disgrâce pour venir perturber.
Cette femme si rousse au regard de tendresse
Se tourne et lentement l’enfant qu’elle redresse
Lui ouvre son corsage pour lui offrir son sein
Aussi blanc que son lait, adorable dessin.
Je connais cette femme, cet enfant est à nous
Un amour partagé qui me met à genoux
Cette maternité qui fait mes yeux humides
Me rend plus qu’amoureux et pourtant m’intimide.
Les années ont passé et l’enfant a grandi
Pour savoir si ailleurs se trouve un paradis
A quitté le foyer, a entamé sa ronde
Pour connaître la vie, pour connaître le monde.
Cette femme d’amour ce don de l’absolu
La Camarde me l’a prise, la Camarde l’a voulu.
Et le vide s’installe, l’absence que je redoute
Cette vie solitaire, la vie qui me dégoute.
Encore une fois la mort m’a rendu solitaire
Et j’ai peur maintenant et je me désespère
De l’envie qui me prend de porter à ma bouche
La finesse d’une main pour la glace d’une douche.
Et puis un rayon d’or, une émotion naissante
Qui fait jaillir de moi des amours puissantes.
Jeunesse de mon âme espérance de mon cœur
Le jardin de l’Eden s’ouvrit à mon bonheur.
Et puis comme d’habitude le bonheur s’est perdu
La sente merveilleuse se fait chemin ardu.
J’ai connu ces années ces amours de roman
J’ai vécu ces amours comme vit un dément.
Madame la Faucheuse si vous m’aimez un peu
Venez verser votre eau que s’éteigne ce feu.