Sur la scène politique il y a les opinions puis les stratégies pour les mettre en œuvre. A gauche, les opinions semblent connues. A dire vrai il suffit de se projeter dans la définition de Wikipédia pour s'apercevoir qu'il s'agit d'un sujet complexe. Je ne retiendrais de cette longue définition que ce passage : "Chaque individu doit pouvoir être libre dans ... ses choix, ses décisions tout comme il doit impérativement pouvoir peser à tous les niveaux de la société dans laquelle il vit. La liberté conjugue deux aspects : celui de ne subir aucune oppression et contrainte extérieure...et celui de pouvoir s'engager et participer aux prises de décisions qui engagent la collectivité.La liberté des citoyens suppose leur égalité".
Mais cette honorable conception humaniste se heurte aux problématiques du quotidien. L'actualité nous offre cette semaine encore de beaux
contre-exemples.
Prenez la
décision controversée concernant la réalisation dans notre bonne cité de la ligne de
tramway G. Une partie des électeurs locaux s'opposent à sa réalisation. Il s'agit d'une opposition pragmatique issue de quelques interrogations de riverains sensibles au
devenir de leurs quartiers. Les questions posées sont simples: pourquoi ce tracé ? Quel bénéfice attendre de cet ouvrage à court, moyen et long terme? Ces questions n'ont trouvé que des
réponses confuses et partiales.
Aujourd'hui le maire "socialiste" et ses affidés en charge du dossier sont surpris de voir qu'une association de riverain ait obtenu l'écoute du Tribunal
Administratif. Devant l'absence de justification, devant le coût de l'ouvrage mais surtout le déficit attendu ce dernier a pris avec sagesse la décision qui s'imposait.
Dura lex, sed lex. C'est ici qu'intervient la stratégie. Face à cette décision il s'agissait de savoir faire marche arrière afin de reprendre
la voie du dialogue avec les riverains, les usagers...bref l'électorat. Une manière de mettre en pratique la doctrine qui, fondamentalement, aurait du dicter l'attitude de cette majorité...
Il n'en sera rien; devant l'évidence Pierre COHEN a choisi d'introduire un pourvoi en cassation devant le Conseil d'Etat. Ainsi il prend la pire des décisions qui, dans le meilleur des cas, lui
permettra de réaliser un ouvrage aux dépens d'une partie non négligeable de son électorat.
Projetons-nous
maintenant dans l'affaire DSK. Le sujet peut sembler très éloigné, mais, a y regarder de plus près nous retrouvons des similitudes comportementales. Notre héros semble s'être fait
prendre la main dans le pot de miel. Ce qui pourrait passer chez quelques irréductibles comme un simple défaut de gourmandise est pour beaucoup un crime inqualifiable. Rien ne m'autorise à
juger du fond, comme sur l'affaire toulousaine les tribunaux sont là et, tôt ou tard, trancheront.
Dans cette affaire la voie du dialogue aurait certainement été plus "morale". Est ‘il pertinent de rechercher une supposée réhabilitation au risque de voir au cours d'un long cheminement juridique se dégrader son image sociale face à une employée guinéenne, mère célibataire noire. L'honneur d'un homme blanc, riche, issu des meilleures écoles internationnales peut ‘il justifier de l'humiliation (irrévocable) de la plaignante ? Ici également, il s'agit d'une erreur de stratégie. A vouloir l'absolu, DSK n'obtiendra qu'une sortie peu honorable; de cette affaire ne sera retenue, en effet, que le contraste des conditions sociales et humaines des deux partis en présence.
Le peuple, témoin de ces comportements, risque d'avoir quelques difficultés à apprécier de ces "personnalités" en défenseur de la doctrine
sociale.
Ainsi dans les deux cas, avoir raison se paie aux dépens de l'image d'un parti politique qui a trop longtemps soutenu leurs mauvais élèves. La volonté de
recours juridique sent la protestation issue de la lutte des classes; mais ici en 2011 il ne s'agit plus de cela. Prioritairement, il importe d'apprécier objectivement des dégâts collatéraux que
généreront ces entêtements. Dans de nombreux cas, dont ces deux exemples, il est (encore) temps de dépasser les relations à l’autorité suprême pour s'engager durablement dans la voie du
dialogue.
Hélas, cette génération de dogmatiques n'en prend pas le chemin ! Ils ont en commun de posséder l'art du combat inutile.