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Bactérie E-coli : Les scientifiques ne savent plus à quel saint se vouer

Publié le 07 juin 2011 par Suzanneb

Je vous propose la lecture de cet article de Sylvie Simon.

L’épidémie liée à la bactérie tueuse continue à progresser en Europe, mais personne ne peut expliquer ses origines. La souche de cette bactérie Escherichia coli (Eceh) semble particulièrement agressive et résiste aux antibiotiques. Elle a été identifiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme une forme rare d’une bactérie Escherichia coli, « 0104:H4 ». Cette souche était déjà connue, a affirmé l’organisation mais ce serait la première fois qu’elle est décelée à l’occasion d’une épidémie.

Elle provoque des hémorragies du système digestif et l’on sait que l’infection se contracte par la consommation d’aliments ou d’eau contaminés. Dans les cas les plus graves, l’infection dégénère en syndrome hémolytique et urémique (SHU), qui entraîne une destruction des cellules sanguines ainsi que des atteintes rénales.

Les bovins ou les ovins peuvent contaminer tout leur environnement avec leurs déjections et les légumes peuvent l’être par irrigation.

Le foyer de l’épidémie est limité à la zone de Hambourg, et les autorités sanitaires allemandes ont tout d’abord identifié des concombres espagnols comme vecteurs de la transmission.

Un vent de panique commença à souffler sur l’Europe, tandis que la vente des concombres tombait en chute libre. Le Premier ministre espagnol s’est alors élevé contre cette mise à l’index et a réclamé des dédommagements pour les préjudices subis.

Après cette accusation erronée, ce fut le tour des germes et des jeunes pousses de soja issus d’une exploitation agricole bio en Allemagne d’être soupçonnés et cette dernière hypothèse a alors réjoui les tenants de l’agriculture intensive, mais les tests réalisés sur des graines de soja de la ferme ont rapidement démenti cette piste.

En attendant de trouver le coupable de cette épidémie, l’Union Européenne a annoncé dès lundi son intention de proposer des compensations financières pour venir en aide aux producteurs de fruits et légumes dont les ventes ont dramatiquement chuté.

Le concombre espagnol et le soja biologique ayant été acquittés, les scientifiques cherchent toujours la source de la contamination en Allemagne, alors que le professeur français André Picot, toxicologue de renom et directeur honoraire au CNRS, suggère une autre explication, dont il dit lui-même qu’elle est « folle ».

Il se demande si les forages concernant les gaz de schiste qui viennent de commencer en Basse-Saxe n’ont pas quelque chose à voir avec cette épidémie. Il a créé une association (ATC) à la frontière entre toxicologie et chimie et il vient de publier un rapport sur les gaz de schiste, où il explique ce que dégage leur extraction et pourquoi il existe des pluies d’oiseaux morts.

Le 3 juin 2011, il répondait à des questions posées par le journal Sud Ouest.

- Croyez-vous que la contamination soit due à un légume, concombre ou autre ?

«  Il n’y a pas que les aliments qui soient toxiques. La bactérie tueuse Eceh est une bactérie commune qui n’est pas pathogène, que l’on trouve partout et qui peuple nos intestins. Elle est d’ailleurs éliminée par eux et se retrouve dans les selles, donc dans le sol et dans l’eau. Et la contamination par le sol et par l’eau est aussi importante que par les légumes et les fruits. De plus, il peut s’agir d’une mutation de la bactérie qui n’a pas été encore détectée et qui multiplie par deux le risque pathogène. La mutation peut être due à la présence d’antibiotiques ou à l’irradiation. »

- Pensez-vous à une autre hypothèse sur l’origine de la contamination ?

« Une théorie folle pour laquelle je n’ai aucune preuve. Le foyer de départ semble être la région de Hambourg. Or l’Allemagne, où Exxon Mobil détient des baux sur 750 000 hectares dans le bassin inférieur de la Saxe (Basse-Saxe), commence à y extraire du gaz de schiste. On sait que ces forages rejettent de grandes quantités d’eau en surface qui, si elle n’est pas traitée convenablement avant de se retrouver dans l’environnement, peut générer des pollutions conduisant à des problèmes sanitaires. Et, contrairement aux Américains, les Allemands n’utilisent pas de biocides, qui sont des pesticides à usage non agricole dont la substance active exerce une action contre les organismes vivants dits “nuisibles” *. Nous avons des collègues qui suivent ce type d’actualité allemande, notamment en Pologne.

« Nous vivons théoriquement dans un monde très aseptisé. La chaîne du froid fonctionne bien, et les risques de contamination sont limités »

- Qui peut réfléchir et proposer des solutions à ce type de problèmes ?

« Des microbiologistes, pas des chimistes. Si on analyse l’eau issue des fractures, on s’aperçoit qu’elle sort très acide et que, au fur et à mesure qu’elle remonte, des bactéries remontent aussi. Mais on peut aussi les neutraliser. Les plus capables dans ce domaine sont les gens de l’Institut Pasteur et les Américains.

* Il existe une directive communautaire (98/8/CE) sur la mise sur le marché des produits biocides et l’harmonisation de la réglementation des États.

Cette hypothèse de la pollution due à l’extraction du gaz naturel, si folle soit-elle, ne peut que renforcer, si elle en a encore besoin, la certitude que la fracturation hydraulique est une catastrophe écologique qui doit être écartée définitivement des projets du gouvernement français.

Source: Sylvie Simon


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