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Génération R : les Rescapés de la crise.

Par Sandy458

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a6/John_Rambo_graffiti.JPG

"John Rambo graffiti", par HTO, wikimedia commons, domaine public.

« L’entreprise reconnaissante… » fragment d’un discours d’inauguration d’un monument aux rescapés de la crise.


Les têtes pensantes du monde du travail adorent mettre les salariés dans des cases, et les faire entrer dans des catégories avec l’aide d’un chausse-pied si besoin.

Après les baby-boomers, la Génération X (les salariés âgés de 35 à 50 ans), la Génération Y (les 20 à 35 ans passés maître dans l’art de faire tourner les directions d’entreprises en bourrique), voici percer la Génération R.

R ?

Oui, R comme Rescapés, comme Rambo de l’entreprise.

Issue des analyses de cerveaux en ébullition de la division anglaise de la société Randstad, cette nouvelle génération de salariés n’est autre que celle qui a bravement traversé la dernière crise.

Tout comme Rambo, ces salariés sont les survivants d’une situation qu’on ne veut plus regarder en face, les rescapés de la presque apocalypse capitaliste, les sacrifiés sur l’autel de la mondialisation et des actionnaires à nourrir à tout prix.

Contraints de survivre au délitement de leur secteur de travail ou de leur entreprise,  ils ont vaillamment absorbé des charges de travail hors norme - réduction des effectifs oblige -  ils ont retroussé leurs manches et pris la situation à bras le corps, remplaçant leur hiérarchie débarquée, prenant des responsabilités bien au-delà de leurs propres attributions. Ils ont développé des compétences insoupçonnées et se sont donnés sans compter ce qui leur a permis de traverser les heures les plus sombres de la crise. Et d’être toujours là !

Seulement, « après la pluie, le beau temps » et la situation s’est éclaircie. La reprise, bien qu’un peu timide, a fini par se manifester et les entreprises recommencent à tracer des projets pour l’avenir.

Bien logiquement, nos R réclament une reconnaissance de leur effort, de leur nouvelle valeur. Leur investissement, pourtant réel et quantifiable, ne leur semble pas justement reconnu par leur entreprise. Ils ont démontré leur capacité dans des conditions difficiles, ils attendent le juste retour en terme de rémunération, responsabilités, poste plus attractif, évolution de carrière.

Ainsi, si la crise a eu des effets dramatiques pour certains, pour d’autres, elle se révèle porteuse d’une chance inespérée de tirer son épingle du jeu.

Mais comme tous les survivants, les R se heurtent encore à la réticence de leur société à les reconnaître puisque cela aboutirait à leur concéder des avantages non négligeables et un certain pouvoir en sus de l’enrichissement de leur poste. Après tout, « ils ont survécu, ils devraient s’en contenter ! » songent cyniquement certaines directions d’entreprises.

Je crois qu’il y a un véritable danger à passer à côté de ces salariés qui n’ont pas démérités et un grand péril à les négliger : la démotivation profonde, le désengagement et l’envie d’aller voir ailleurs.

Ceci démontre une nouvelle fois que savoir reconnaître les qualités d’autrui et savoir le formaliser est la base des relations humaines et d’une entreprise socialement responsable. De plus, savoir remercier ne fait de mal à personne !

Sans angélisme mal placé, une entreprise qui se place dans une relation de donnant-donnant avec ses employés est au final,  une entreprise gagnante. La prise en compte des capacités  de ses membres conditionnent l’évolution de l’entité toute entière voire même agit comme un levier pour une saine rentabilité.

Malheureusement l’évolution actuelle du travail ne va pas dans ce sens.

Tous les observateurs notent  la parcellisation  à outrance des tâches, nouveau phénomène qui  touche tout autant  les employés que les cadres. Nous assistons à un curieux mouvement de « fordisme »  à tous les niveaux. Le travail perd toute qualification et les salariés se perdent dans des tâches devenues vides de sens, sans queue ni tête, sans objectif clairement défini, sans raison d’être intelligible. Comment, dans ces conditions, jeter les bases d’une reconnaissance des salariés lorsqu’on vide leur fonction de sa substance ?

Voilà qui ne va pas aller dans le sens des X, Y, et R…

Un nouveau challenge attend les ressources humaines qui vont devoir innover !


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