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(16) Chaud Froid

Par Luisagallerini
(16) Chaud FroidElle me tendit anxieusement un paquet en toile grossière, ligoté par une ficelle éliminée, en s’excusant du piètre emballage de son offrande. En prononçant ce dernier mot, elle me lança un regard appuyé. Le second cadeau, il me faudrait le trouver seule, dans l’espace restreint de sa cabine. Je rougis de plus belle à la pensée d’effleurer ses robes, d’ouvrir ses tiroirs, de palper la couverture de son lit. La découverte du premier cadeau coupa court à mes réflexions. Je poussai un cri de surprise assez aigu, je dois l’avouer, en découvrant un superbe papyrus que je déroulai avec précaution. Il était authentique, c’était incroyable. Où diable l’avait-elle trouvé ? Elle sourit fièrement. Elle l’avait acheté à un caravanier d’Abydos pendant que je négociais la visite du temple. Je ne m’étais rendu compte de rien. Radieuse, elle sautillait comme un jeune chat. Je ne savais pas comment la remercier, je me sentais misérable les mains vides, sans un présent pour elle, alors que j’étais, somme toute, l’homme de la situation...
Me pliant à ses désirs, je me mis en quête de la seconde surprise. Elle me guida par un « chaud froid », selon que je m’approchais ou m’éloignais du but. Je me dirigeai tout d’abord vers la tablette qui lui servait de bureau, mais un « froid » espiègle m’accueillit. Dépitée, je m’avançai vers les placards sans plus de succès. Je me lançai alors vers le lavabo où ses affaires de toilette étaient éparpillées, flacons, linges, savons et parfums. Elle me laissa examiner ces trésors quelques instants – était-ce à dessein ? –, puis me gratifia d’un nouveau « froid ». Assise sur une chaise en paille, elle me regardait en souriant. Je m’approchai de la couverture. Elle m’encouragea par un « un peu moins froid », je m’enhardis. Je la regardai, la main suspendue au dessus des draps dans l’attente d’un veto prenant la forme d’un « froid », mais rien ne vint, alors je soulevai le haut des draps en tremblant, distinguant un renflement au niveau des oreillers. Malheureusement, il s’agissait d’un pli de la couverture. La mine contrite, je sentis une vague glacée refluer vers les extrémités de mon corps. Explorer ainsi son lit paraissait pour le moins déplacé, j’étais rouge de confusion sous l’effet conjugué de l’alcool et de… Que sais-je, toujours est-il qu’elle me guida par un « presque froid », et je refermai les draps. Je me tournai vers elle et avançai d’un pas : « chaud, mais attention, ce n’est pas encore brûlant ! ». Ses yeux moqueurs me toisaient hardiment, moi et ma gaucherie juvénile. Je m’approchai d’elle lentement et me trouvai à moins d’un mètre quand elle annonça « très chaud ». Je regardai aux alentours, il n’y avait rien hormis le lit que j’avais déjà examiné, un mur vide de toute étagère et elle, assise sur la chaise. Elle rit en me voyant désemparée, debout devant elle, ne sachant plus que faire.
A suivre...

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