Tartuffes

Depuis bientôt un mois, à propos de l’affaire Strauss-Kahn, les médias nous ont abondamment informés sur les différences entre le système judiciaire français et celui des Etats-Unis. Ainsi, chez nous, pour respecter la présomption d’innocence, le visage d’un prévenu est soigneusement dissimulé afin de préserver sa réputation pour le cas où il serait finalement déclaré non coupable. Nous avons ainsi plusieurs fois pu observer que même un accusé de meurtres en série bénéficiait de cette protection. Le système américain n’a pas ce genre d’égards et traite de la même manière un personnage public que peuvent reconnaître des centaines de milliers, voire des millions de personnes, et une personne connue d’un cercle limité à quelques centaines d’individus.

Si un légitime souci d’information imposait aux médias de nous montrer Dominique Strauss-Kahn menotté, pour quelle raison nous ont-ils si complaisamment inondé de telles images en boucle et ont-ils consacré la quasi-totalité de plusieurs journaux télévisés à ce sujet ? Même attitude ce lundi. Il y avait en tout et pour tout trois nouveaux éléments à nous rapporter : l’arrivée et le départ d’Anne Sinclair tenant résolument son mari par le bras, la manifestation spontanée des femmes de chambre huant Dominique Strauss-Kahn et la décision de ce dernier de plaider non-coupable. Il n’y avait pas là de quoi remplir, comme cela a été fait, vingt-cinq minutes d’antenne.

Comment souvent en ce genre de circonstances, j’hésite à qualifier une telle attitude : est-ce le fait de la sottise, avec le souci de flatter une audience plutôt séduite par le bas que par le haut, ou celui de la malice, par besoin de flatter le pouvoir en place en visant, par un ricochet injustifiable, l’opposition ?

Tartuffes !