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La fin du mythe de l'invincibilité sarkozyënne

Publié le 11 février 2008 par Omelette Seizeoeufs

Les mauvais sondages, la possibilité d'un revers important aux municipales (quoique... ce n'est pas encore fait), bref le monde à l'envers, à l'envers de ce que pensait à peu près tout le monde pendant les premiers mois du règne de notre Très Grand Homme (TGH). Même la plupart des anti-sarkozystes primaires, groupe dont je suis fier d'être membre, attribuaient à Sarkozy une sorte d'invincibilité qu'il fallait combattre modestement, comme des fourmis, sans espoir autre que théorique que la terrible machine à communiquer née d'une alliance permanente entre le pouvoir, l'argent et les médias pourrait jamais être véritablement mise en cause.

Je me souviens, dans les jours précédant le 6 mai, Dominique Strauss-Kahn disait :

«Si Sarko passe, on en prend pour dix ans, peut-être quinze.»

A l'époque, ça faisait peur, à moi le premier. Rétrospectivement, on peut supposer qu'en fait DSK préparait sa sortie sur le caractère "imperdable" de l'élection. Au moment, je pensais qu'il voulait effrayer les électeurs pour qu'ils votent Ségo. (Je sais, je serai toujours un pauvre naïf!) Mais même si "dix ou quinze ans" était purement stratégique, il est difficile d'imaginer que Strauss-Kahn ne le croyait pas, du moins un peu. Et surtout, cette idée lui était utile de toute façon justement parce qu'elle s'imposait comme une évidence : Sarkozy, une fois élu, aurait la main sur toutes les manettes, serait indéboulonnable, indéstructible, invincible.

Le mythe de l'invicibilité était en place avant le 6 mai.

Dans mes souvenirs, tout le bruit autour de la politique de l'"ouverture" a ensuite beaucoup conforté l'idée que toute opposition à Sarkozy était futile. (Voir ce que j'en disais en juillet 2007 : Sarkozy était le seul à avoir peur.) Sarkozy était censé avoir dit qu'il avait "vidé le centre" et qu'il allait "asphyxier la gauche". Il y a eu un mythe de l'ouverture aussi, largement relayé par les socialistes eux-mêmes, apparament démoralisés de voir partir des têtes bien connues mais pas essentielles au bon fonctionnement du parti. (Quand on trouvera les têtes nécessaires au bon fonctionnement du PS, on le saura...)

On voit aujourd'hui que Sarkozy n'est pas invincible, qu'il n'est pas aussi malin que l'on croyait, qu'il n'a pas su éviter la folie des grandeurs, et, après des législatives décevantes pour l'UMP et la perspective de défaites significatives aux municipales, on voit que l'ouverture n'a pas était le bouclier électoral que l'on disait.

Il sera intéressant de voir comment fera le TGH pour reconstruire son jouet. Il sera beaucoup plus difficile cette fois, du fait que plus personne ne croit à son invincibilité. Il n'est plus le rouleau-compresseur que l'on croyait.

Le problème, c'est que certains, comme Michel Rocard et autres "réfondateurs", croyaient que le PS était à l'abri pour 5, 10 peut-être 15 ans, qu'il avait devant lui une longue période de réflexion.

Dommage, c'est loupé: il va falloir être tout de suite une véritable opposition.


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