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Gender et subventions dans le privé : l’argent sera t il le nerf de la guerre…

Publié le 10 juin 2011 par Veille-Education

Un établissement sous contrat doit respecter les programmes

Professeur émérite à l’Université de Poitiers, Jean-Marie Augustin réagit au récent vote d’une subvention à l’Union chrétienne. Et évoque le créationnisme.
Dernièrement, le conseil municipal de Poitiers a donné un avis favorable à la demande de l’école privée appartenant à la congrégation de l’Union chrétienne de Saint-Chaumond de passer un contrat d’association avec l’État. Si la demande aboutit, cette délibération aura pour conséquence d’obliger la ville à accorder 600 Epar enfant scolarisé en primaire dans l’établissement, soit une somme globale évaluée entre 40.000 et 45.000 E par an.

De son côté, la direction de l’enseignement catholique s’est mobilisée contre l’arrivée de la « théorie du genre » dans les nouveaux manuels de sciences et vie de la Terre (SVT) destinés à certaines classes de première pour la rentrée 2011. Cette théorie pose comme principe que l’être humain ne doit plus se définir comme homme ou comme femme, mais par son genre, autrement dit l’identité masculine ou féminine ne serait pas seulement façonnée par la génétique, elle serait construite par la société et la culture. Il ne m’appartient pas ici de discuter cette théorie; je laisse aux enseignants de biologie le soin de l’expliquer à leurs élèves, avec un esprit d’ouverture et d’objectivité. Mon intention est simplement de faire le lien entre ces deux événements, l’un à caractère national, l’autre à caractère local. D’un côté, l’enseignement catholique placé sous contrat n’a pas à donner son avis sur les programmes de l’Éducation nationale. Il doit les respecter sans restriction aucune, sauf à remettre en question le contrat qui a été passé avec l’État. De l’autre, je considère, en accord avec Mme Germaine Thiollet , que les fonds publics doivent aller uniquement à l’école publique et non pas à des écoles confessionnelles, c’est le principe même de la laïcité. Dès lors, comment un conseil municipal, majoritairement de gauche, a-t-il pu voter une délibération qui conduit à offrir une subvention à des élèves d’une école catholique, même si celle-ci est appelée à bénéficier d’un contrat avec l’État ?
L’établissement poitevin de l’Union chrétienne qui possède des classes jusqu’au baccalauréat est-il par ailleurs prêt à enseigner la théorie des genres ? On peut en douter : il y a un an, en effet, l’édition de La Nouvelle République du 14 mai 2010 nous apprenait que la directrice de l’établissement aurait demandé à une enseignante de biologie qui postulait pour un emploi de professeur« d’occulter en classe de troisième, l’enseignement de la sexualité et l’évolution des espèces ». Le conseil municipal est-il à ce point aveugle pour cautionner un établissement scolaire qui refuse la mixité au collège et n’est pas loin d’approuver les théories créationnistes ?  »
Jean-Marie Augustin
Source : La Nouvelle République du Centre-Ouest.


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