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Bombay dans les récits de voyage de la fin du XIX° siècle (1/4)

Publié le 10 juin 2011 par Olivia1972

Il est intéressant, parfois amusant, de relire les livres écrits par ces nombreux voyageurs français qui se sont rendus à Bombay au cours des vingt dernières années du XIX° siècle. A cette époque l’Inde compte déjà 180 millions d’habitants et Bombay, centre commercial important, avec notamment les exportations de coton, a un peu moins de 700.000 habitants. Un de ces voyageurs en précisera le décompte exact : Hindous 410,000, Musulmans 137,800, Parsis 44,000, Chrétiens natifs, Eurasiens et métis portugais 27,000, Bouddhistes et Jaïns 15,000, Européens 7,000, Juifs 2,500, Nègres et Chinois 2,000. Voici quelques extraits des impressions et commentaires de ces voyageurs, commentaires que nous avons illustrés avec quelques photos d'époque.

Premières impressions

H

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enri d’Orléans (photo) est frappé par Bombay[1] : « Une fois débarqué, ce qui me frappe tout d'abord c'est la grandeur de là ville européenne. J'aperçois partout de larges boulevards que bordent des monuments gigantesques : hôtels, palais de justice, églises. Il est vrai que le plus parfait mauvais goût a présidé en général à ces constructions : l'art arabe s'y mêle au style grec avec quelques réminiscences de goût chinois, ce qui produit un singulier effet à qui vient de voir le Parthénon. Mais c'est solide, bien bâti, grandiose ; ces édifices semblent en quelque sorte être des sentinelles placées aux portes des Indes, pour attester au nouvel arrivant la grandeur et la puissance de l'empire colonial anglais ».

Un officier en congés note la qualité des installations des anglais[2] : « A peine débarqué, on est frappé de la façon dont les Anglais se sont largement installés : de l'air, de grandes places, de vrais monuments pour le moindre office. On conçoit que chacun puisse ici trouver sa place et son confort ».

Paul Ferniot nous décrit la ville de Bombay[3] : « Au centre du fort est un jardin circulaire, orné d'une fontaine et de belles statues. Tout autour sont les magnifiques constructions du cercle d'Elphinstone. Le Rampart-Row est une longue ligne de belles maisons à arcades où sont installés le Club de Bombay et le Comptoir d'escompte de Paris. La ville native est séparée du fort par un espace vide, large de prés de deux kilomètres. Ses rues principales sont parcourues du malin au soir par des tramways qui mettent en communication ses faubourgs les plus reculés avec les quartiers anglais de l'esplanade et du fort et la pointe de Colaba. Kabaldavie et Pareil- Road sont les plus larges et les plus commerçantes. On y voit beaucoup de maisons, à façades peinturlurées, hautes de quatre ou cinq étages, en saillie et avec balcons ; des boutiques dans le goût européen, tenues par des Parsis, sont mêlées aux échoppes des indigènes ».

Edmond Cotteau, comme la plupart des voyageurs, remarque le

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quartier résidentiel de Malabar-Hill[4] : « Malabar-Hill, où nous allons ensuite, ne comptait que deux maisons il y a une trentaine d'années. Aujourd'hui, la colline tout entière est transformée en un parc ravissant où sont disséminés, sous l'admirable végétation des tropiques, une foule de villas et de cottages habités par la population européenne. Une route charmante longe la plage de Breach-Candi et remonte ensuite sur les hauteurs. On peut visiter, en passant, l'étang sacré de Walkeshwar et les temples de Mahadeva. Tout à fait à l'extrémité du promontoire, à Malabar-Point, s'élève la maison de campagne du gouverneur sa situation éminemment pittoresque, l'air frais qu'on y respire en toute saison, en font la plus agréable habitation de toute la ville ».

En 1900, un voyageur note[5] : « Bombay est une ville de palais. La grandeur et le luxe que la puissance britannique déploie volontiers dans les constructions officielles ou commerciales s'y révèle plus encore qu'à Madras ou à Calcutta. On sent qu'ici se trouve le centre principal du commerce anglais dans l'Inde, aussi bien que de ses communications avec l'Europe ».

Hugues Krafft[6] note en 1885 : « Le quartier le plus moderne, le Fort, où se concentrent les bâtiments du Gouvernement, les bureaux, notre hôtel, etc., se termine par le quai d'Apollo-Bunder, déjà nommé. Au nord s'étend la native town, vivante et colorée; à l'ouest, Malabar-Hill, longue colline baignée par la mer sur deux côtés. Elle est le centre des villas européennes, joliment disséminées dans de riants jardins, où vivent tous les résidents qui veulent fuir la température étouffante de la ville. Costumes indigènes à part, le Fort est décidément tout ce qu'il y a de moins couleur locale : les larges rues et les vastes places, les constructions luxueuses en style gothique, les colonnades imposantes, l'éclairage au gaz et à l'électricité, les magasins somptueux largement approvisionnés des objets les plus nouveaux et les plus chers, tout cela forme un ensemble européen qui serait complet si les couleurs vives des turbans indigènes ne venaient y jeter une note orientale ».

A SUIVRE



[1] In « Six mois aux Indes, chasses aux tigres », par le prince Henri d'Orléans. Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-O2K-917 (A)

[2] In, « Notes de voyage aux Indes, en Chine et au Japon, par un officier en congé », Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-O2-730

[3] In « L'Inde, lectures de géographie et d'histoire accompagnées d'analyses, de résumés, de notes et notices explicatives, etc., et de nombreuses gravures, par Paul Ferniot. Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-O2K-1109

[4] In « Bombay, la ville des Parsis » par E. Cotteau. Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-G-2705 (40)

[5] In “Journal d'une promenade autour du monde en 118 jours. Etats-Unis, Japon, Chine, Ceylan, Inde, Egypte, Terre-Sainte », Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-G-7788

[6] In “Souvenirs de notre tour du monde » / par Hugues Krafft, Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-G-293


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