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Fermeture de l'usine d'Aulnay : le PSA, comme on le parle

Publié le 10 juin 2011 par Letombe

Capture d'écran du Monde.fr.

Evidemment, la direction de PSA opposera (et oppose déjà) tous les démentis du monde, à cette note interne révélée par la CGT, et qui envisage la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

La chose est embarrassante s'agissant d'une entreprise qui s'était engagée à ne pas fermer d'usine en France. Elle affirmera (et affirme déjà) qu'il ne s'agissait que d'un document de travail provisoire, déjà dépassé, qui n'est pas d'actualité, ne l'est plus, et ne l'a d'ailleurs jamais été. Tout ceci est d'ailleurs peut-être vrai, et un économiste, ce vendredi matin sur France Inter, estimait savoureusement que la direction « ne ment pas trop ».

Par ailleurs, la CGT s'est apparemment bien gardée (pourquoi ? ) de fournir à la presse des exemplaires de ladite note, se contentant de convoquer une conférence de presse, ou de la leur « faire lire » – comme au Monde, qui a pu, en prime, fac-similé la première page (abonnés). « Elle est là, devant vous, cette note », lançait ce matin Elkabbach, avec gourmandise, à son invité CGT.

Mais le plus intéressant, dans les passages publiés de la note de la direction de PSA, est ce qu'elle révèle du langage, et des modes de pensée, des dirigeants de multinationales, quand ils s'estiment à l'abri des oreilles indiscrètes, et ne sont pas tenus par la langue de bois. Ainsi, fermer Aulnay, oui. Mais fermer l'usine au bon moment, c'est-à-dire en envisageant une « fenêtre d'annonce possible dans le calendrier électoral français, au deuxième semestre 2012 ».

Et fermer l'usine de Sevel Nord, de laquelle le partenaire Fiat vient de se désengager, oui encore. Mais faire l'impossible pour « partager [avec Fiat] les impacts négatifs coûts et image sociale ».

Surprise ! Les grands industriels sont cyniques

Tout aussi intéressante est la feinte surprise des journalistes qui découvrent la lune. Mon dieu ! Ces grands industriels, sous le vernis si séduisant de la rationalité économique, seraient donc sensibles aux questions secondaires (l'impact électoral de leurs décisions, ou leur image de « bon élève ») ? Un tel cynisme, quelle surprise !

Va maintenant s'ouvrir le long spectacle des convocations au ministère, des moulinets gouvernementaux, des grandes promesses floues qui n'engageront que ceux qui les croiront, le tout sous la sévère surveillance des cabinets d'image. Mais ceux qui le souhaiteront pourront toujours se référer au texte original.

Illustration : capture d'écran du Monde.fr.

Par Daniel Schneidermann

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