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Van Der Graaf Generator – A Grounding in Numbers

Publié le 28 mai 2011 par Darksroker

A grounding in numbers

Van Der Graaf Generator – A Grounding in Numbers

Et bien, voilà un bout de temps qu’un rédacteur d’Omnizine n’avait pas montré le bout de son nez. L’équipe s’est agrandie, mais les articles n’ont point fleuri – toutes nos excuses, lecteurs, c’était la période des concours divers et variés =D Heureusement que la critique de The Resistance est là pour nous conserver un peu de visibilité.

L’année 2011 a bien commencé musicalement parlant, et elle ne fait que continuer. Voilà donc une critique d’un album sorti en mars dernier, d’un groupe fort respectable et respecté dans le champ du rock progressif : Van Der Graaf Generator. Oui oui, à mes souhaits, on me l’a déjà faite. Van Der Graaf Generator fait partie de ces groupes de légende qui ont marqué les années 70 britanniques du sceau de leur créativité, au même titre que Yes, Jethro Tull, King Crimson, Genesis ou encore Gentle Giant. Si les disques du groupe publiés cette période vous intéressent, je vous recommende de vous tourner vers Pawn Hearts et Godbluff.

Revenons au temps présent. Le dernier album du Générateur est intitulé A Grounding in Numbers, et c’est une petite machine à remonter le temps.

Son Le son du disque est résolument ancré dans les sonorités 70′s. Les claviers, la basse, la guitare, la batterie, bref, toutes les parties instrumentales sont composées et arrangées dans l’esprit sonore de cette période dorée. La production est décente et met au goût du jour ces sons – personnellement, j’ai trouvé que c’était un plaisir de replonger dans une telle ambiance avec un son 2011. Les claviers sont très présents, tandis que la guitare est mixée plus discrètement, à l’exception de quelques rares morceaux comme  Highly Strung qui évolue dans un esprit rock-single qui mue vers du prog plus fou. Un point qui diffère grandement des albums de Van Der Graaf Generator des années 70 est la longueur des pistes : il y a quarante ans (et oui, déjà …), la moyenne des morceaux du groupe se situait autour de dix minutes. Ici,  le morceau plus long, All over the place  (qui est aussi le morceau de clôture) fait … six minutes. Il ne s’agit pas d’un défaut, simplement de choix, qui entraîne comme conséquence (à mon avis heureuse) de resserrer les morceaux autour de leurs ambiances. De plus, les compositions sont assez matures et aucune ne souffre selon moi d’anémie. Autre conséquence de la taille réduite des morceaux de A Grounding in Numbers : le nombre de pistes – pas moins de treize compositions sont alignées sur la galette, dont deux courts instrumentaux, Red Baron et Splink (2:23 et 2:37), qui sont d’ailleurs franchement dispensables, très atmosphériques et trop court pour marquer l’auditeur. C’est donc un petit florilège d’ambiances que nous propose le Générateur, même si tous les morceaux partagent cette nostalgie déjà évoquée. Ainsi, le morceau Snake Oil ne dure “que” 5:20 mais pose avec efficacité deux périodes, l’une majeure et limite dansante, l’autres dépressive qui devient petit à petit effrayante … Avant de revenir sur le premier mouvement. La diversité des sons de claviers – qui au cours de l’album passe du piano à l’orgue électronique, du clavecin au xylophone- et les overdubs de guitare permettent une densité de composition fort appréciable, qui permet aussi d’éloigner des égarements indésirables (*tousse*Systematic Chaos*tousse tousse*).

A Grounding in Numbers commence sur le très joli Your Time Starts Now, probablement l’un des plus mélodiques du disque, qui forme avec Mathematics un couple de morceaux progressifs tranquilles posés en slow jazz feel. Le ton lyrique est une bonne entrée à ce disque qui ira en se complexifiant petit à petit – dès Highly Strung, les morceaux se mettent à surprendre, puis s’installent avec sérénité dans le territoire du classic prog avec l’assurance de ceux qui s’y connaissent – Mr. Sands, Snake Oil et Smoke (qui me rappelle un peu Gentle Giant dans les couplets) en sont de bons exemples. Les instruments suivent très bien – de la guitare hymne du refrain de Highly Strung à la batterie slow jazz de Mathematics en passant par les patterns typiquement prog du court 5533. La basse soutient vraiment les compositions, ce que l’on est en droit d’attendre au vu du genre et du son, et a même droit à des soli comme dans All Over the Place, qui est ce qui se rapproche le plus d’un “epic” dans le cadre de ce disque, avec le très narratif Bunsho.

Chant et textes Si l’on aurait pu croire à un concept album au vu du titre, seuls les morceaux Mathematics et 5533 sont vraiment “ancrés dans les nombres”, réussissant  le challenge de rendre des formules mathématiques crédible mélodiquement pour le premier (“e to the power of i times pi plus one is zero”). Les autres morceaux fonctionnent indépendamment les uns des autres. Bunsho, très narratif comme dit au-dessus, raconte l’histoire d’un artiste japonais face aux affres du jugement de la populace – ce qu’il pense être sa plus belle oeuvre est ignorée alors que ce qu’il pensait n’être qu’un pastiche sans intérêt en fait pleurer plus d’un. La thématique de la création et du public se retrouve dans une certaine mesure avec Snake Oil. Les textes sont bien trouvés sans être un complément parfait à la musique, certains morceaux (Medusa, Mathematics, 5533) n’ont que très peu de lignes.

La voix de Peter Hammill fonctionne comme il faut dans cet environnement progressif nostalgique : sans être un Steve Hogarth ou un Peter Gabriel, son chant contribue à donner l’ambiance posée de l’album. Les choeurs et harmonies sont nombreuses, rappelant tantôt le vieux Van Der Graaf, tantôt Gentle Giant – dans tous les cas, ils nous font revenir à l’époque où ils étaient maîtrisés ainsi que monnaie courante.

Impression A Grounding in Numbers est à n’en pas douter un bon album. Ses compositions sont denses, matures et variées, la production est léchée, et si l’on retire Red Baron et Splink, restent tout de même onze bons morceaux. Il ne s’agit pas de la première d’une résurrection du rock progressif à l’ancienne, mais Hugh Banton, Guy Evans et Peter Hammill montrent ici ce qu’ils savent faire – et ils le font bien. Remercions-les donc et adressons notre respect à ces vieux briscards qui continuent de tracer leur petit bonhomme de chemin, trente ans après la perte significative d’intérêt du grand public pour le courant musical dont ils ont participé à écrire l’histoire.


© Chozodragon pour OmniZine - L'omni-webzine des omnivores de la culture, des sports et de la geekitude !, 2011. | Permalien | Pas de commentaire


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