Beyoncé, debout devant un barbecue improvisé, fredonne sur la chanson "Black Sweat" de Prince et bouge ses hanches en rythme. Elle porte des talons hauts, une sorte de cache-nez doré de Gareth Pugh qui est assorti à son legging et enfin un soutien-gorge au motif panthère "C'est le mouchoir de poche le plus glamour qu'il soit, c'est gangsta" elle rigole, cachant son nez dans le tissu brillant.
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Entretien avec Beyoncé (résumé)
Sur son look et son corps.
"C'était fun ! La juxtaposition est quelque chose que j'aime beaucoup. Porter du Gareth Pugh et des talons, je fais ça tous les jours... ouais c'est vrai. Mais quand je fais un
shoot comme celui-la, je ne suis pas timide et je peux porter des habits plus fashion, plus sexy, montrer plus de peau. Je n'ai pas de problème quant à me transformer en des personnalités que je
dois incarner. J'ai mes limites, clairement, et je trouve que c'est ce qui est beau quand on est une femme. On a plein de personnalités différentes et j'aime les incarner toutes."
"Je pense que c'est intéressant car les gens pensent que j'ai plus de courbes que je n'en ai. Je ne suis clairement pas comme la perception que les gens ont de moi. Tous les jours de ma vie il y a quelqu'un qui me dit 'tu es fine!' Tous les jours! Je pense que les gens y prêtent plus d'attention que moi."
Un travailleuse acharnée...
Calme, attentive et extrêmement polie, elle s'installe derrière son MacBook où elle visionne les 12 heures d'enregistrement de la session Mad max de la video "Run The World (Girls)" où elle joue le rôle d'une leader d'une armée de femmes qui s'en prennent à un groupe de SWAT macho dans le désert de Mojave. Elle fait plusieurs choses en même temps, elle coupe des scènes de la vidéo, tout au long de la journée, entre les prises de photos, les séances de coiffure et de manucure. C'est grâce à cette approche implacable, ce "tu dormiras quand tu seras mort" que Beyoncé s'est hissée au top depuis plus d'une décennie et demi maintenant.
Sur son break.
"J'avais besoin de temps pour vivre. Je suis sous le même label depuis que j'ai 12 ans et je n'ai jamais eu plus qu'un mois et demi de vacances depuis que j'ai 13 ans. J'ai travaillé si dur
depuis des années et je me suis juste dit "Et bien, pourquoi pas ?" J'ai appris beaucoup des choses simples de la bie, comme chercher mon neveu à l'école. Cuisiner. Visiter des musées. Voir des
spectacles. Des pièces à Broadway. Aller au restaurant. Vous savez...vivre."
Son expérience en tournée avec Jay-Z.
"C'était très intéressant d'être en tournée sans travailler. J'ai eu la possibilité de voir des groupes comme The Dead Weather, Thom Yorke, Muse et Rage Against The Machine. Voir ces publics
était une culture complètement différente pour moi. J'ai appris beaucoup en regardant ces concerts. C'est un état d'esprit tellement différent de celui mes concerts. Les fosses, le feu, c'était
rempli d'âme. Je veux que les gens se sentent aussi libres quand ils écoutent ma musique! J'aimerais que les gens me fassent prendre des bains de foule à mes concerts. Ce serait super. Enfin, je
dis ça mais si ça arrive à Glastonbury, je serais plus là "Oh, um, attendez une seconde!"
"Il (Jay-Z) a vraiment ouvert des portes. Je n'aurais jamais pensé faire Glastonbury si je n'avais pas été présente le soir où il a joué. Je pense que c'est différent avec la pop music comme ces
chansons sont jouées à des remises de diplômes ou des mariages. C'est certainement moins controversé ou moins hardcore que le hip hop, alors les gens se sentent plus à l'aise en écoutant de la
pop. Je suis nerveuse quand même. Mais maintenant je suis dans une partie de ma vie où j'apprécie le changement et atteindre le prochain niveau. Prendre des risques et montrer mon courage. Ne pas
être en sécurité. Ne pas faire la chanson qui sonne comme tout ce qui passe sur les radios pop. En gros, ce que tout le monde fait, sauf si c'est naturel pour moi. Je veux faire quelque chose de
complètement différent. Je pense que j'ai obtenu ce droit. Les risques m'excitent."
Laisse-t-elle la presse influencer ses choix artistiques ?
"Absolument pas. Je ne savais même pas que j'étais victime d'une mauvaise presse durant les trois derniers mois! Je ne savais pas. Je pense que c'est une des choses bénéfiques que je retire du
fait de vivre ma vie avec ma famille, mes amis, et des gens que je respecte et que j'aime, ça me maintient loin de cette folie. Il y a toujours quelque chose de négatif sur chaque célébrité si
vous cherchez."
Sur le leak du lead single Run The World (Girls).
"En fait, je n'ai absolument aucune idée de la manière dont ils l'ont eu. Ca fait peur, mais que faire ? Ca arrive à tout le monde. C'est de la malchance quand c'est le premier single et que tu n'es pas préparée. Les gens jugent sans qu'on ait pu leur présenter le titre avant. J'ai tourné la vidéo assez tôt pour pouvoir faire attention aux détails et ne pas me presser. Ces choses arrivent et on ne peut pas contrôler ça."
"C'est décevant, mais il ne faut pas s'attarder dessus. J'ai enregistré cette chanson il y a neuf mois et ça a été très dur de l'empêcher de leaker. A la fin, ça a leaké cinq semaines avant la date prévue, mais c'est toujours mieux que neuf mois, alors je ne dois pas me plaindre."
Beyoncé parle de ses anciens tubes, de son album et son alter-ego Sasha Fierce.
"Je ne veux pas entendre parler de Single Ladies ou Crazy In Love. Je ne veux pas en entendre parler. Je pense qu'il y a certaines choses qui arrivent naturellement. Je n'ai plus besoin de Sasha Fierce. Je n'ai plus besoin d'elle. Je suis Sasha Fierce en fait (ndlr : comme elle l'a expliqué dans une autre interview, elle a fusionné les deux personnes)."
"C'est intéressant parce que je l'ai fait si longtemps que c'est devenu facile de me préparer pour les performances. Littéralement, je passe de la fille en loge qui rigole comme une folle à cette fille qui se dit "bon, c'est le moment de bosser". Je n'ai pas à me préparer mentalement pour ça. Ca m'intéresse plus de montrer aux gens la personne sensible, passionnée et compréhensive que je suis. Je suis bien plus que Sasha Fierce."
Sur ses sorties en boîte de nuit.
"Vous voulez savoir quelque chose que personne ne sait ? Je me sens inconfortable quand ils passent ma musique en boîte de nuit. Quand je sors en boîte, je finis par danser derrière un mur de bodyguards. Ce n'est pas très drôle, n'est-ce pas ? C'est plutôt triste. Je ne vais pas souvent en boîte à cause de ça. A moins que ce soit un endroit où les gens ne me regardent pas sans arrêt ou n'essaient pas d'attraper mes cheveux, je ne vais généralement pas sur la piste de danse. Vous connaissez ce film de Jim Carrey, "Le Truman Show" ? C'est ça la célébrité."
Au sujet de son rêve de devenir une icône.
"Etre une icône est mon rêve. C'est le plus grand compliment qu'on puisse faire et ça a son lot de responsabilités. Je prends ça très sérieusement. Je crois que chaque fois que je prends une
photo et que je performe sur scène, je suis consciente de mon héritage. Je suis consciente que ce sera là mais quand moi je ne le serais pas. Alors je respecte le fait de pouvoir être quelqu'un
dans cette position. Il y a des choses que je n'ai pas pu faire car j'ai travaillé si dur pour mon héritage et ma carrière. Sûrement plus que n'importe qui que je connaisse. Alors je le respecte
et je le prends très au sérieux."
Es-tu toujours aussi excitée de faire de la musique comme il y a 15 ans ?
"Bien sûr!" elle rit. "Toujours!"
- The Dream sur sa collaboration avec Beyoncé.
Dazed & Confused : En quoi les paroles de "4" montrent une évolution chez Beyoncé ?
"Quand vous êtes au top, le monde entier vous regarde, et vous devez être un surhumain. Je pense que si vous entendez des vulnérabilités en elle c'est parce qu'elle a compris qu'elle n'était pas
surhumaine. Elle est une personne aimante, très sensible - comme beaucoup de filles le sont."
Est-ce que tu as ressenti de la pression pour faire mieux que "Single Ladies" ?
"Non, car les gens ont dit la même chose après "Umbrella". Tu ne penses pas à faire mieux, chaque chanson a son espace et son temps. On ne peut pas entrer en compétition avec l'espace et le temps
où est quelqu'un. B est sûrement dans un des espaces les plus vulnérables en ce moment car elle ressort d'un truc massif. C'est ce j'aime le plus avec ce nouvel album. Elle travaille sur tous les
aspects de la musique... production, chant... elle repasse les plis de sa propre musique. Tout en essayant de s'amuser. C'est dur quand vous avez autant d'attente sur vos épaules. Mais je crois
que le meilleur moyen de vaincre cette pression est de ne pas y prêter pas attention. Parce que vous ne savez jamais quand arrivera le prochain gros titre."
Comment a évolué votre relation depuis le dernier album ?
"Je peux encore me promener un peu. Je ne suis pas arrivé au niveau que je souhaiterais atteindre. En ce qui concerne B elle commence un nouveau chapitre, où si elle choisit de commencer par la
page 1, c'est parce qu'elle en a envie. Elle veut faire quelque chose qui n'a jamais été fait avant... et c'est ce qu'elle fait depuis 15 ans! ça déjà... c'est dingue! Maintenant elle essaye de
se réinventer. Elle a nettoyé le tableau et a posé une nouvelle équation."
- Questions à Beyoncé des couturiers ayant participé au photoshoot
Riccardo Tisci : Qu'elle est la première chose que tu fais quand tu te lèves le matin ?
En général, j'essaye de rester calme et de méditer. Pas méditer littéralement. Je veux dire que je reste dans mon lit et je pense à tout ce que je dois faire, et ce que j'ai appris le jour
d'avant. Ces dernières semaines je me suis littéralement endormie avec mon Blackberry dans la main. Je restais éveillée pour répondre à des mails, monter des plans marketing et regarder des
numéros de radios. C'est vraiment triste! Ma famille se dit "Oh Mon Dieu!" J'ai des photos de moi complètement nazes avec le doigt sur la barre espace de mon ordinateur!
Stefano Pilati : Penses-tu que les femmes ont les mêmes opportunités que les hommes dans le monde d'aujourd'hui ?
Je crois que nous les avons. Je crois que le monde est en train de changer et qu'il a changé. Il y a encore des chemins à parcourir. Mais je crois que les femmes sont si
différentes maintenant, on a nos modes de vie et nous n'acceptons pas d'avoir de plus petites opportunités. Je ne l'accepte pas. C'est le message de ma carrière. Je me rappelle quand j'étais au
Japon après avoir écrit "Independent Women" des jeunes filles sont venues me dire que cette chanson avait rendu le fait de ne pas avoir son propre travail, sa propre carrière, sa façon de penser,
tellement nul et pas à la mode. Ca m'inspire tellement de savoir que quelque chose comme ça peut avoir un impact dans la pop culture et un impact dans la façon de penser des femmes. Il y a des
trucs pour lesquels on doit travailler plus dur, où on doit travailler deux fois plus. Et des fois ce n'est pas reconnu. Mais on y arrive.
Gareth Pugh : Tu es née quatre jours après moi, ce qui veut dire que tu es vierge. Quelles caractéristiques as-tu d'une vierge ?
Je suis une vierge jusqu'au bout des ongles! Je me demande de quel signe sont les autres couturiers? J'aime penser différemment. Je ne crois pas à la réponse "non". Je suis extrêmement passionnée et extrêmement critique. C'est quelque chose sur lequel je dois parfois travailler. Je suis la reine du contrôle. Je fais très attention aux détails. Quand je fais quelque chose je le fais à 100%. J'attends beaucoup de moi et j'attends la même chose des gens autour de moi. J'ai toujours été comme ça. Je suis tout ou rien.
Tom Ford : Es-tu timide ?
J'ai été très timide. Je crois que je ne suis plus timide. Je ne me sens pas du tout à l'aise, quand je ne suis pas sur scène ou dans un photoshoot, et qu'il y a plein de
gens qui me regardent en attendant que je leur fasse une performance. Je me referme alors sur moi-même et je deviens timide. Je suis plus contente quand je parle aux gens et que j'essaye
d'apprendre quelque chose d'eux. Je suis plus à l'aise dans une conversation seul à seul. Je deviens timide et un peu intimidée quand c'est un groupe de gens plus large. Je me retire. A un grand
dîner, j'espère juste que personne n'attend quelque chose de moi, j'aimerais disparaître.
Traduction : QueenBeyonce / Sources : Page 1 - Page 2 - Page 3