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Ferry, l’arroseur arrosé

Publié le 12 juin 2011 par Copeau @Contrepoints
Ferry, l’arroseur arroséFerry, l’arroseur arrosé
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En moins de deux semaines, l’ancien ministre Luc Ferry se retrouve à l’épicentre de deux scandales.

Le premier, c’est en tant que délateur dans le cadre d’une affaire « présumée » de pédophilie qui se serait déroulée au Maroc et aurait impliqué un autre ex-ministre du gouvernement, … que tout le monde il est au courant mais que personne y dira rien, na !

Le second se passe de l’autre côté de la barrière, puisque selon les révélations du journal Le Canard Enchainé, il aurait perçu 4499 euros par mois de l’université Paris-Diderot pour l’année scolaire 2010-2011 sans assurer une seule fois les heures de cours de philosophie prévues en contre-partie.

Capture du Canard Enchaîné

Interrogé par BFM TV, il déclare :

Je fait partie de ces milliers d’enseignant qui sont mis à disposition de l’administration et encore une fois, ce n’est pas une sinécure. C’est un vrai travail et je peux en témoigner…

Saint Luc FerryComme on le plaint, lui qui travaille d’arrache-pied dans la chaude moiteur de la mine, le visage noirci par la poussière de charbon, arc-bouté sur son piolet, transpirant à grosse gouttes en tentant de déloger à genou une lame de houille rebelle, rebelle tout autant que les mèches huileuses de son altière coiffure de philosophe déconfit. Comme on le comprend, lui qui s’investit comme une besogneuse fourmi pour sauver de son triste sort la populace alanguie et désœuvrée de ses compatriotes. Comme on lui pardonne, pour cette indigence, pour cette simple négligence, à n’avoir pas pensé un seul instant songer à renoncer à ses malheureux 4500€ mensuels (nets quand même), tant il était pris par sa tâche, investi à fonds dans son travail, accaparé par l’enjeu, depuis la première heure de la première journée de la première semaine… (euh zut ! c’est pas lui qui a dit ça).

Toutefois, on apprend d’une autre source que la « mise à disposition » dont il est question est en fait le poste de Président Délégué du Conseil d’Analyse de la Société, un organisme chargé de produire des rapports pour Matignon.

Les « Services de l’Hôtel » se sont dès lors empressés de préciser que :

Matignon prendra bien entendu le remboursement en charge.

Ce qui constitue une reconnaissance tacite de la situation illégale dans laquelle se trouve notre brave philosophe moralisateur / schtroumpf-à-lunettes.

On relèvera tout d’abord la coïncidence sans doute pas si fortuite que cela de ce téléscopage médiatique, qui n’est peut-être rien d’autre que la vengeance du pédophile masqué au sein du grouillant panier de crabe gouvernemental dont remontent en effluves de plus en plus condensées les odeurs nauséabondes de ses exactions.

Dans le cas qui nous intéresse, la question est plutôt de savoir si Ferry a été tout simplement « mis à disposition » comme il le prétend (dans ce cas il ne peut, du point de vue administratif, y avoir de changement de fonction ou de rémunération), ou s’il a cumulé son poste de « philosophe enseignant de l’université » avec celui de Président Délégué (et non détaché, car c’est ce qu’une mise-à-disposition sous-entend) du CAS, selon son statut officiellement publié sur le site de cet organisme rattaché à Matignon :

FerryCAS.png

Soit Luc Ferry n’a touché aucune rémunération supplémentaire pour ses fonctions de Président Délégué, auquel cas il serait logique que la rémunération qu’il perçoit soit versée, non pas par l’Université Paris-Diderot, mais directement par son employeur, soit il a cumulé deux fonctions – et donc deux salaires – dont l’un sans assurer la moindre prestation en retour, auquel cas il serait absolument scandaleux que les gains indus de l’ancien ministre soient mutualisés sous forme de pertes subies par l’ensemble des contribuables français pour le bon plaisir du roi et des membres de son sérail, au lieu d’être intégralement remboursés par lui-même, pénalité pour non réalisation de prestation en sus.

La question philosophique du jour est donc : « Two incomes or not, that is the question »

Les dépenses de nos élites restent toujours aussi insondables, tant dans leur forme que dans leur profondeur, tout comme l’est le financement du tour du monde privé de notre bécassine nationale…
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