Magazine Journal intime

Jours de fête

Par Moushette
Jours de fêteRéveil dans les airs. Entre l'Inde et la France. Dans un airbus d'Air France. Une parenthèse dans nos vies à 100 à l'heure. Une parenthèse à deux pour une fois, pour aller chercher notre troisième enfant en Inde. Un petit garçon de 5 ans, au doux prénom de Gabriel.
L'ambiance est à la fête (nos bulles du champ' en altitude ont certes du y contribuer!!), et moi je me sens sereine et confiante. Notre rencontre avec Gabriel ne pourra que bien se passer, c'est ce que ressens, au fond de moi. J'ai envie de profiter à 100% de cette parenthèse, de cette rencontre magique, sans doute la dernière pour Olivier et moi. J'ai envie de rire, déconner, redevenir une enfant, séduire Gabriel en lui jetant toutes sortes de doux charmes, et de le découvrir avec délectation au fur et à mesure que notre vie ensemble se déroule... J'ai envie dévorer l'Inde, profiter de nos rencontres (collègues, amis et famille), savourer ces moments en couple sans enfant, ou parents d'enfant unique que l'on pourra choyer et pourrir gâter à fond sans scrupules de rendre jaloux le reste de la fratrie. Olivier partage avec moi cette humeur joviale et légère, la vie est belle est simple, quoi ! Quelle douceur de lâcher le stress de notre quotidien et les préparatifs pré-décollage qui ont bouffé toute mon énergie et mes nuits ces 3 dernières semaines. Nous partons le coeur léger en laissant en confiance les deux grands avec leurs grand-parents, tout ira bien pour tout le monde !
Les doutes du parent-to-be-in-a-few-hours ? Tant de parents adoptants que j'accompagne lors des mes voyages en tant qu'accompagnatrice pour notre association sont stressés, angoissés, envahis par l'émotion, remplis d'interrogations, dénués d'appétit ou insomniaques. Moi-même à l'approche de la rencontre avec mes deux grands, ou même pendant nos premiers instants instants ensemble, j'avais beaucoup pleuré, je me suis posée tant de questions : "vais-je l'aimer", "vais-je l'aimer autant, comment va-t-il réagir en me voyant, vais-je être capable de gérer, vais-j'accepter la perte d'une partie de ma liberté, vais-j'être la mythique "bonne mère" ?"
Mais cette fois-ci, ces questions ou bouffées émotives déstabilisantes ne m'effleurent même plus. Ma double expérience de maman adoptive au carré et de sage-femme de l'adoption semblent les avoir balayées. Alors plutôt que de flipper ma race dans ce zingue, je plane (c'est le cas de le dire !), je bulle, presque euphorique, la tête étonnement encore bien dans notre projet immobilier, résolument années '50 si j'en crois le reportage visionné dans l'avion. Je rêve à nos bardages en mélèze horizontaux, aux persiennes japonisantes, coins vitrés et autres petits détails de notre autre précieux projet... Et j'imagine nos trois têtes pas blondes dans cet environnement à la fois futuriste et délicieusement rétro milieu de siècle dernier.
Entre deux plateaux-repas, je me suis réveillée d'un coup. Fraîche comme une rose, malgré la moyenne des nuits précédentes tournant autour de 4 heures de sommeil... Avec cette sensation de confiance overflowing. Je sens même que je rayonne de confiance, Moushette en mode total zen et zéro prises de tête (c'est rare !). Mes vieux démons, cadavres nauséabonds, déceptions et coups-bas subis sont restés en France quelque part au fond d'un puits, et j'ai définitivement tiré un trait sur eux. Je regarde vers l'avant, fière nos réussites et confiante en l'avenir. Confiance, confiance, comme dirait Kha.... Si Gabriel a peur ou doute, ce que je dégagerai le fera changer d'avis à coup sûr ! Je vais chercher mon enfant dans un environnement qui m'est si familier et qui m'est cher, que rien ne m'inquiète. Je nous connais, je connais un peu Gabriel, et les rencontres parentales adoptives vécues de l'intérieur ou de l'extérieur en tant que worker bénévole de l'adoption world me sont si familières... Même pas peur, presque pas émue, mais tellement heureuse : ce serait un bon résumé de mon état actuel !
Une sage-femme qui accouche de son troisième enfant le vit-elle de la même façon que moi je vis mon approche de cette troisième rencontre ? Le fait de travailler dans ces moment intimes de démarrage de parentalité permet-il de relativiser les angoisses pour ses propres expériences personnelles ?
Une amie m'avait dit : "pour ton premier enfant tu appliques tes principes", pour le deuxième tu testes tes principes en faisant le contraire, et pour le troisième tu et tu fais ce qui te plaît, pour le plaisir, tu t'éclates quoi." C'est un peu ça ce que je ressens. Et là c'est sûr, j'ai envie de m'éclater pdt ces qqs jous en Inde.
Que cette rencontre avec notre troisième enfant soit une fête !
(billet publié à H-8 heures de notre rencontre... hormis qqs heures de sommeil à grapiller, je dois encore redécorer notre chambre (déco moderne et minimaliste à l'origine) avec des ballons et des jouets, vider les valises, mettre toutes les bonnes choses à grignoter en évidence, pour transformer un peu ce studio en une maison chaleureuse et accueillant pour notre junior ! alors je vous laisse ...)

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Moushette 547 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte