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Silence la France, ici on étouffe

Publié le 14 juin 2011 par Copeau @Contrepoints

Silence la France, ici on étouffe

Depuis un an, ce qui ressemble à un « troussage de domestique » pour reprendre la formule de l’ex-journaliste Jean-François Kahn (ancien patron de Marianne, c’est dire) dans un grand hôtel parisien n’a pas eu de répercussions, ni médiatiques, ni judiciaires. La plaignante était ici aussi guinéenne. Il a fallu un an pour que le Parquet ouvre enfin une enquête sur une sordide affaire similaire à celle du Sofitel new-yorkais. Sans doute la médiatisation de la chute de DSK a-t-elle eu un impact sur la plaignante… et sur la Justice. En France, tout le monde comprend que la Justice (en tout cas le Parquet) fonctionne à plusieurs vitesses. Porter plainte peut vite disparaître dans les oubliettes de la bureaucratie judiciaire si le poursuivi présente un profil sensible, contrairement aux États-Unis où même le 2eme homme le plus puissant de la planète peut se retrouver menottes aux poignets.

Il n’y a pas que l’institution publique qui fonctionne à plusieurs vitesses. Le PS a aussi des réflexes bien archaïques. Le sénateur maire socialiste Jacques Mahéas, condamné en 1ere instance, en appel et en cassation pour harcèlement sexuel (le pourvoi en cassation est rejeté en 2010, ce n’est pas d’hier), a continué à bénéficier de l’entier soutien du PS et de ses blogueurs jusqu’à très récemment. Solidarité oblige. Corruption, agressions sexuelles et autres crimes et délits sont le plus souvent parfaitement à l’abri au sein des partis. Sarkozy, plus réactif, a rapidement évincé Georges Tron lors de l’affaire des massages de ses subalternes tournant quasiment au viol. Mais Jacques Mahéas, lui, est toujours sénateur maire, notable respecté du parti socialiste. Il faut dire qu’en France, pour l’agression sexuelle dont il a été jugé coupable, il n’a eu qu’à verser dix mille euros à la victime, 35,000 euros à la Justice et basta. Même pas de sursis. C’est le résultat de huit ans de « tolérance zéro », accumulation débridée de textes de lois alors que les textes antérieurs ne sont déjà pas appliqués.

Aux États-Unis, un élu démocrate se trouve lui aussi sous les feux des projecteurs, et pas pour de bonnes raisons. Anthony Weiner a non seulement twitté des photos de lui-même nu (dans la salle de muscu du Congrès), notamment de ses parties intimes, mais il l’a fait à plusieurs femmes dont une mineure de 17 ans. En quelques jours, de nombreux responsables du parti démocrate se sont manifestés pour l’en exclure et exiger sa démission. N’est-ce pas moralement légitime ?

Autre culture, autres moeurs. Voilà pourquoi l’opération « Une rose pour Ophélia » se justifie, pour rappeler que derrière Nafissatou Diallo, de nombreuses victimes n’ont pas la chance d’être entendues par la justice.


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