Navette spatiale Discovery pourvue de ses deux réservoirs sur les côtés
De grands libéraux dont Hayek furent d’ardents défenseurs de l’absence de standardisation par les fonctionnaires en arguant qu’elle pouvait être néfaste pour l’évolution technologique alors que les myopes court-termistes qui peuplent les instances bureaucratiques n’y voient bien souvent qu’un aspect pratique par habitude de ne pas poser les yeux plus loin qu’un formulaire standard ou des élections imminentes.
C’est sans prendre en compte les développements technologiques et sans se soucier de la bride posée aux industries innovantes que l’Europe standardise à tout vas ce qui peut paraître anodin comme les ampoules, les chargeurs de GSM, les méthodes d’agricultures,…
On pouvait entendre Günter Verheugen, ancien commissaire européen à l’industrie, s’indigner en son temps de toute sa suffisance à propos du manque d’interopérabilité des chargeurs de téléphones mobiles. Il se plaignait que ses pauvres collaborateurs doivent parfois farfouiller pour trouver un chargeur qui leur convient sur leur lieu de travail. Autant vous dire que ça mérite amplement de forcer ces professionnels de l’industrie à engager des sommes colossales pour faire gagner deux précieuses minutes à une poignée de fonctionnaires désordonnés.
Le pire dans tout ça n’est pas la dépense et le formatisme que ça engendre mais bien la bride technologique qui peut se poser comme une balafre sur l’avancement technologique de l’Humanité.
C’est ainsi que les deux réservoirs additionnels de la navette spatiale américaine, ceux qui sont éjectés après le décollage, sont malheureusement trop petits selon leurs concepteurs.
Pourquoi ne pas les faire plus grands alors ? Et bien la société Thiokol les fabrique en Utah et doit donc les expédier par voie ferrée jusqu’à Cap Canaveral. Or le réseau passe par un tunnel sous les montagnes Rocheuses. Ils sont donc standardisés par l’espacement des rails de train.
Cet espacement est constant de 143,5cm. Cette valeur étrange n’est pas là par hasard, elle provient d’ingénieurs anglais expatriés qui pensaient que c’était une bonne idée de construire les voies ferrées de la même façon qu’en Angleterre pour pouvoir utiliser des locomotives anglaises.
Mais pourquoi les Anglais ont-ils choisi cette mesure ? Parce que les premières lignes furent construites par les mêmes ingénieurs qui construisirent les lignes de trams et que cet espacement était déjà utilisé.
Les trams doivent l’espacement de leurs roues au fait qu’ils étaient construits par les constructeurs de chariots qui utilisaient les mêmes outils et les mêmes méthodes.
La taille de l’axe n’est pas due au hasard ; partout en Europe, à cette époque, se trouvaient des ornières et une taille différente aurait cassé l’essieu des chariots.
Or, les premières routes furent construites par les romains pour accélérer le déplacement de leurs légions qui utilisaient des chars tirés par deux chevaux qui ne devaient pas se gêner en galopant de concert.
Évidemment, pour ne pas causer d’accident et garder le chariot le plus stable possible, les roues ne devaient pas passer par la continuité des empreintes de chevaux afin d’éviter les cahots et les accidents lors du croisement de deux chars romains.
La navette spatiale américaine, moyen de déplacement le plus moderne à l’heure d’aujourd’hui, a des fusées dont la taille fut standardisée par des fonctionnaires venant d’un autre continent, 2000 ans plus tôt, qui se basaient sur la taille moyenne d’un cul de cheval.
Voila qui était totalement imprévisible pour des bureaucrates romains qui pensaient faire au mieux. Que dira-t-on dans 2000 ans quand on sera bridé dans un nouveau domaine parce que monsieur Günter Verheugen trouvait que six ou sept chargeurs de téléphones différents faisaient désordre au bureau ?