Hier matin, Josiane Willoqueaux, maire, a procédé à un baptême civil un peu particulier, celui de deux jeunes sans-papier. Un acte politique… et humain. Une première à Lys-lez-Lannoy.
Ce n’est pas une extinction de voix qui lui aurait fait manquer ce rendez-vous. Hier, sans voix mais bien là, Josiane Willoqueaux a présidé un baptême civil un peu particulier. Si la ville est désormais coutumière du fait, ce parrainage-là était lourd de sens pour la maire de la commune. « Un parrainage politique », a-t-elle souligné. Face à l’élue, deux familles… sans-papier. L’une vient de la République démocratique du Congo, l’autre du Kirghistan.
La rencontre entre Josiane Willoqueaux et ces deux familles remonte à deux ans. « Une délégation de parents d’élèves du collège Gambetta s’est rapprochée de moi pour me prévenir qu’une petite fille et sa mère étaient à la rue. C’était Darcia et Nicolle. Dans ces moments-là, on ne réfléchit pas, on agit. On les a accueillies », raconte, la voix presque éteinte mais pleine d’émotion, Josiane Willoqueaux.
Un scénario qui se répète un an plus tard. Cette fois-ci c’est l’histoire de Nikita et ses parents. Eux, c’est dans une voiture qu’ils dormaient. Une situation intolérable pour l’élue lyssoise. « Humainement, c’est inacceptable », lâche la maire. À défaut de logement vacant, Josiane Willoqueaux réunit les deux familles de sans-papier sous un même toit. Nicolle et Darcia accueillent donc Nikita, Vitali et Elena.
Cela fait un an que Nicolle et Darcia partagent donc cette maison sur Lys-lez-Lannoy avec Nikita et ses parents. Une cohabitation qui semble très bien se dérouler. « On se soutient, on s’encourage. La vie sans papier c’est difficile. On n’a pas le droit de travailler. Alors on suit des formations, on perfectionne notre français… », explique Nicolle, la maman de Darcia. « Si vous avez réussi à vivre ensemble, tout le monde doit pouvoir réussir », ajoute Josiane Willoqueaux. Un appel qui vient du coeur.
Comme une évidence
« Vous avez demandé à ce que vos enfants soient placés sous la protection des institutions républicaines et laïques. Même si ce parrainage républicain n’a pas de valeur légale, c’est un acte citoyen fort », insiste Josiane Willoqueaux avant d’appeler les parrains et marraines des deux jeunes à rejoindre les deux familles. Deux professeurs de Gambetta ont accepté d’être les marraines de ces deux jeunes sans-papier – Christelle Leduc, professeur d’anglais et Maïté Duvivier, professeur d’histoire-géographie – et ce sont deux élus lyssois qui ont accepté le rôle de parrains – Thierry Deffayet et Philippe Dubrulle. Un acte qu’ils accomplissent comme une évidence.
Derrière Darcia, née en République démocratique du Congo et Nikita, né au Kirghistan de nombreux amis collégiens avaient fait le déplacement, mais également des associations de parents d’élèves pour montrer leur soutien à ces deux jeunes et leurs familles. « Nous serons toujours là pour toi » , ont lancé deux des camarades de Darcia.
« Darcia est une bonne élève, une personnalité très attachante qui montre un désir de réussir en France et est un exemple pour tous les élèves. On lui souhaite de rester dans cette République », rappelle une représentante de l’association des parents d’élèves du collège Gambetta. Cette dernière termine d’ailleurs son intervention par une phrase relevée dans la pétition pour Darcia : « France, pays des droits de l’Homme applique ce que tu écris et dis ! » Tous, hier, espéraient que ce baptême sera d’ailleurs bien plus qu’un simple symbole pour ces deux jeunes et leurs parents.w
DELPHINE POMMIER > [email protected]