CEUX QUI ONT VECU L'IMPENSABLE.
Ceux qui ont vécu l'impensable
Inventent parfois l'impensé
Et l'inédit de la parole
Défient les bibles et les boussoles
Qui voudraient leur dicter le sens
Dans lequel vivre et exister
Pour mieux désarmer leur silence
Et brider leur part d'ineffable
La peur ne les crucifie pas
Sur l'autel des bonnes consciences
À la porte des granges en feu
Ils n'ont plus ni passé ni dieu
Mais un champ de ruines fertiles
Il n'ont que faire des convenances
Ce sont les enfants d'un exil
Que rien ici n'abolira
Puisqu'ils n'ont plus rien à attendre
De ce monde qui les a niés
Leur vie est une impermanence
Ils changent d'âme et d'apparence
Au gré de leur recréation
Comme s'ils naissaient d'une idée
D'une pensée, d'une émotion
D'un mot, d'un cœur cruel et tendre
Parce qu'ils ne désirent pas
Changer le monde mais le changent
Par leur seule respiration
De nouvelles persécutions
Seront sans doute fomentées
Leur présence souvent dérange
Ramène à leurs rêves avortés
Nos vies pliées en petits tas