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London squatters calling !

Publié le 20 juin 2011 par Regent's Park

Alors que les squatteurs londoniens étaient plutôt connus pour leur discrétion, la nouvelle génération n’hésite pas à allier coups de force et coups médiatiques pour attirer l’attention sur une ville et une société où l’écart riches-pauvres ne fait que se creuser

Il y a un peu plus d’un mois, un groupe d’activistes répondant au nom de Really Free School offraient gratuitement des cours de dessins avec des modèles en chair et en os dans un ancien pub squatté à deux pas de la National Gallery. Depuis, les propriétaires, domiciliés quelque part dans un paradis fiscal des Caraïbes, ont eu raison des squatteurs et les ont fait expulser. Mais la Really Free School n’a pas dit son dernier mot et propose sans doute déjà d’autres cours – ils ne se limitent pas à l’art. Vous trouverez au programme de “l’espagnol pour activistes” ou encore “Comment occuper un bâtiment”- derrière les murs d’un nouveau squat londonien.

Une nouvelle génération de squatteurs

Généralement, les squatteurs n’aiment pas attirer l’attention sur eux mais depuis quelques années et les coups de force médiatiques de groupes tels que le DA! Collective ou la RFS, la donne a changé. Leurs cibles : des demeures ultra-cossues de Mayfair (dont une appartenant à Guy Ritchie), quartier le plus riche de Londres, laissées inoccupées par des propriétaires sans doute trop occupés ailleurs d’une autre propriété à l’autre… Un de leurs messages : attirer l’attention sur l’écart riches-pauvres qui se creuse et toutes ces maisons vides alors que tant de Londoniens bataillent pour payer leurs loyers et sont devenus les rois et les reines de la colocation… En effet, jamais Londres n’a eu autant de maisons inoccupées (plus de 82 000 selon l’association Empty Homes Agency) et malgré la récession, les prix de l’immobilier continuent à grimper ne faisant qu’accroître les inégalités sociales.

Des squats artistiques aux galeries huppées

Pendant que le DA! Collective et la RFS commençaient à se faire remarquer, une autre scène “squats” évoluait doucement mais sûrement, celle des squats artistiques : des collectifs d’artistes, notamment The Oubliette, s’emparaient d’anciens entrepôts, de maisons inoccupées et en faisaient des galeries, des théâtres, organisaient des fêtes et des raves mémorables comme à la 491 Gallery à Leytonstone ou dans les squats de Peckham comme la “Art House” sur Lyndhurst Way (les artistes de cette dernière sont aujourd’hui représentés par une galerie de Bond Street qui a pignon sur rue : la Hannah Barry Gallery). Et il n’y a pas que ces derniers qui sont sortis de la scène “squats”. Des pièces de théâtre ont eu des critiques dans des magazines d’envergure nationale. Des groupes de rock ont fait leurs premiers pas sur le bitume d’entrepôts squattés où la température polaire obligeait le public à pogoter…

London squatters calling !

Les squatteurs s’unissent

Certains choisissaient ce mode de vie pour le lifestyle et n’étaient que des artistes prétentieux”, constate un étudiant activiste de 26 ans de la RFS qui souhaite rester anonyme. “Ce qu’on peut voir depuis décembre – et notamment les révoltes étudiantes – c’est un lien sans précédent entre les différentes communautés de squatteurs : il y a les étudiants, les artistes, les squatteurs “professionnels”, les agitateurs politiques, les hackers… Tous ces gens partagent leurs contacts, leurs infos…”, poursuit-il.

Bien sûr, il y a le cas particulier de la maison du fils Kadhafi squattée depuis le début du conflit lybien par le groupe “Topple the Tyrants”. “Des occupations étudiantes à la maison Kadhafi, il existe un point commun : la réappropriation de l’espace”, conclut notre étudiant.

Mais le monde des squatteurs n’est pas seulement constitué d’artistes, d’étudiants et d’activistes… “Vous seriez surpris de voir qui sont les squatteurs”, affirme Dan, un des fondateurs de The Oubliette. “J’ai connu des anciens des services secrets britanniques, des docteurs, des profs, des fascistes, des malades mentaux, des petites frappes et des gangsters…”, poursuit Dan, qui a vécu 9 ans dans des squats. “Et puis surtout il y a ceux qui cherchent refuge, tout simplement”, conclut-il. A l’heure où le gouvernement annonce un renforcement des lois anti-squats, qu’annonce-t-il pour améliorer sa politique de logement social ?

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