La primaire au PS ne manquera pas d'occuper largement l'espace médiatique dans les prochains mois.
L'exercice pourrait être positif : la formule de désignation du candidat officiel du PS est complètement inédite chez nous; elle présente donc un intérêt pour un observateur et pour la presse tout particulièrement.
Il est évident que la télévision, le Net, les « unes » de rotatives, les enquêtes d’opinion vont tisser une toile de fond et qu'aucun des candidats potentiels ne pourra se soustraire à cette forme de pression ainsi qu'à la tentation de "manipuler" les médias. Si, comme l’estime Arnaud Montebourg, la participation à cette désignation « ouverte » peut rassembler 4 millions de personnes, il est évident que les six mois devant nous vont être riches en déclarations, postures, provocations, voir intox et "désinformations".
François Hollande est parti de loin et son scoot est bien en place. Il fait pour l’instant la course en « courte » tête (avec casque intégré), mais Martine Aubry n’a pas encore officiellement donné sa décision. Pour ce qui concerne Ségolène Royal, en dépit d’enquêtes d’opinion beaucoup moins favorables qu’en 2006, elle continue d’affirmer sa détermination. Il est certain également que l’abandon forcé de DSK a remis le compteur des ambitions à zéro.
Pour illustrer la difficulté devant laquelle se retrouve l'observateur confronté à ce nouvel exercice, revenons à Ségolène Royal.
Elle avait autour d’elle quelques 500 personnes venues l’écouter et alors qu’elle entonnait le couplet de la défense des valeurs de la République, un groupe comportant des femmes voilées (2 semble-t-il ?) troubla la réunion aux cris de « Ségolène, casse-toi ! La Paillade n'est pas à toi ! ». Il s’agirait d’un groupe de personnes se présentant comme un « Mouvement des révoltés des quartiers populaires » et qui obéissent à une consigne du MIB (Mouvement Immigration Banlieue) pour dénoncer les prises de position de Mme Royal contre l’excision et le port du voile et, d’autre part, son soutien « inconditionnel à Israël » et à l’association « Ni putes ni soumises »… Une manière de rappeler ces "engagements" !
Seule la Gazette de Montpellier s’aventure dans un titre évocateur : « La Paillade : des intégristes tentent de perturber un meeting de Ségolène Royal » ! Pour le reste de la presse, l’apostrophe est plutôt minimisée ou réduite à un incident banal comme il en survient souvent dans de nombreux meetings.
C’est ici en effet qu’intervient la difficulté réelle que rencontrent les médias devant ce type d’évènements qui peuvent être aussi de simples manipulations orchestrées pour donner du « relief » à une réunion politique. Sans ces deux femmes voilées à La Paillade, qui aurait évoqué une réunion sombrant dans un lassant "remake" en boucle ?
Dans cette affaire voilée Montpelliéraine, Ségolène Royal peut adroitement rebondir sans frais, affirmer sa laïcité sans faille, sa défense du droit des femmes etc. avec un contre-exemple fourni sur un plateau. Il semble toutefois que la candidate aux primaires du PS a dû terminer son discours dans le brouhaha, ses paroles devenant inaudibles devant la réaction de ses partisans face aux attaques dont elle faisait l’objet : une certaine victimisation fait également partie d'un décors recherché.
Ainsi on peut s’interroger sur la conduite à tenir par la presse locale lors de ces déplacements qui vont se multiplier au cours des mois à venir avec leurs cortèges de mise en scène, de provocations et de coups d’éclat pour faire parler et écrire.
Ces primaires sont véritablement une première et il est difficile d’en prévoir les bénéfices et les avatars.