La France reste toujours nettement au-dessus de la moyenne européenne de consommation d'antibiotiques, parmi les pays présentant la plus forte consommation. Malgré de régulières campagnes d'information pour limiter la consommation et la prescription d'antibiotiques en France, si en 10 ans, cette consommation a baissé globalement de 16%, ce bilan de l'Afssaps, élaboré à partir des données de ventes et de remboursement fait état, depuis 2005, d'une tendance à la reprise.
Si, dans leur ensemble, ces résultats demeurent néanmoins positifs, ils démontrent que les habitudes de prescription peuvent être infléchies…… mais aussi que l'effort doit persister. 3 tendances sont à surveiller, précise l'Agence française du médicament, cette reprise de la consommation depuis 2005, un faible nombre de nouvelles molécules et un recours accru à certaines classes d'antibiotiques. La relance d'une politique de maîtrise de l'antibiothérapie, notamment dans le cadre du nouveau Plan national antibiotiques, s'impose donc.
En 2009, 157 millions de boîtes d'antibiotiques ont été vendues en France, représentant un chiffre d'affaires de 852 millions d'Euros. La médecine de « ville » concentre 87% du nombre de boîtes vendues et 80% du chiffre d'affaires total. 16%. Le mouvement de baisse de 16% sur 10 ans, est observé tant en ville qu'à l'hôpital. Parmi les facteurs de reprise de la consommation à prendre en compte, le vieillissement de la population française, car les personnes âgées de plus de 64 ans consomment davantage que le reste de la population, comme d'ailleurs dans la ^lupart des pays européens.
En ville, des prescriptions réalisées majoritairement par les médecins généralistes (71,7%), 11% des étant réalisées par d'autres spécialistes, 9,9% par prescription d'origine hospitalière. La part des pédiatres - 1,3% - semble faible, le solde des prescriptions étant essentiellement réalisées par les dentistes. Du côté des consommateurs, la disparité régionale est forte, les régions du nord de la France sont celles où la consommation est la plus élevée.
A l'hôpital, près de 4 patients sur 10 hospitalisés ont reçu en 2009 un jour donné une dose d'antibiotique, alors qu'en ville ce taux journalier est inférieur à 30 personnes sur 1000. Si l'exposition aux antibiotiques est donc majeure à l'hôpital, sur l'ensemble de la période étudiée, la consommation diminue.
Une innovation thérapeutique désormais trop modeste:Le nombre de substances actives antibiotiques disponibles diminue régulièrement, alors que l'arrivée de nouvelles molécules est très faible: Cette évolution de l'innovation thérapeutique modeste ne permet plus d'assurer le renouvellement du marché et a pour corolaire un développement important du marché des génériques. Ainsi, en 2009, les génériques représentaient 69,6% de la consommation d'antibiotiques en ville (exprimée en nombre de DDJ) et, avec les princeps du Répertoire de l'Afssaps, cette proportion s'élève à 81,6%. La part des médicaments brevetés dans la consommation est donc désormais très restreinte. Le flux très faible d'enregistrement de molécules nouvelles et innovantes est préoccupant il restreint l'éventail des solutions de recours (antibiotiques dits « de réserve »), face aux phénomènes de rsistance bactérienne. En pratique, les médecins sont déjà confrontés à des infections susceptibles de menacer le pronostic vital des patients par manque d'antibiotiques efficaces.
Avec l'antibiorésistance, la consommation “des classes de réserve” augmente: En particulier, à l'hôpital pour des antibiotiques tels que les carbapénèmes et la colistine et en ville, pour l'association amoxicilline + acide clavulanique, les céphalosporines de 3ème génération et les quinolones. Ces 2 classes sont particulièrement concernées par l'émergence de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques, d'où la nécessité de sensibiliser à nouveau les prescripteurs à distinguer les antibiotiques de première ligne des molécules dont l'utilisation doit impérativement être limitée.
Certaines de ces évolutions sont jugées préoccupantes, comme l'extension de l'usage des céphalosporines de 3ème génération, le recours de plus en plus fréquent et pas forcément justifié à l'association amoxicilline-acide clavulanique ou encore l'usage accru des carbapenems et de la colistine en secteur hospitalier. “Le développement des souches résistantes crée déjà des situations d'impasse thérapeutique”, précise le rapport. 2 axes semblent donc se dégager, limiter les prescriptions à bon escient, en particulier en ville et bien établir une distinction entre les antibiotiques de première ligne et les antibiotiques de réserve, qui doivent être considérés comme une ressource rare dont l'utilisation doit être limitée à des cas pleinement justifiés.
Source: Afssaps Emergence des bactéries multi-résistantes -Importance renforcée du bon usage des antibiotiques Novembre 2010- Plan national pour préserver l'efficacité des antibiotiques du ministère(Vignette EMA)
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