Nous sommes le 5 juin 2011, il est 6h du matin, l’air est frais, la pluie n’est pas la mais les nuages commencent à marquer leur présences en haut des montagnes, l’Oisans se réveille avec le Taillefer Trail Team au gite le Chamois.
Avant le départ
On se retrouve donc à 6h du matin pour un petit déjeuner avec toute l’équipe :
- Virginie (10km)
- Christophe (10km)
- Clara (10km)
- Fabrice (10km)
- Vinvin20 (10km)
- Noostromo (20km)
- L’amiricore (30km)
- François (30km)
- Dominique (30km)
Comme Jean–Marc le directeur de course et vice président du TTT nous a dit on charge la mule, donc on mange tout ce que l’on peut. La pluie s’est arrêtée mais pour combien de temps ?
Je prépare consciencieusement mes affaires, on est en montagne et je sais qu’il ne faut pas lésiner sur le matériel, je prends donc ma veste Columbia omni-shield et un kway décathlon en plus de mon camel bag, de la nourriture, des gels, une trousse de secours.
Le stresse de la veille est parti, je sens que je vais me faire plaisir sur cette course, le fait de partager ces moments avec toute l’équipe y est aussi pour beaucoup.
7h45 il est temps de se diriger vers la course.
Le refuge du Taillefer, point de passage obligatoire pour le 30km nous fait signe derrière les nuages tout la haut:
Je pars m’échauffer avec François et Dominique, j’écoute avec attention tous les conseilles de François, on ne joue pour le moment pas dans la même court, j’ai tout à apprendre en trail, je me classe dans la catégorie poireaux et donc je profite de l’expérience de François au maximum.
Le départ est donné à l’heure, je pars très prudemment dans les derniers, tellement loin de ma place habituelle que Virginie pense m’avoir raté.
Jusqu’au sommet
C’est parti pour presque 13km de monté avec 1300m de dénivelé, je cours sur la 1ère partie puis ça devient impossible de courir pour moi sans perdre trop d’énergie, j’alterne donc marche et course comme tout le monde. Plus on avance plus le paysage et magnifique, j’ai la banane, j’ai trouvé ce que j’étais venu chercher. Je bois beaucoup pendant la monté, plus d’1L alors que normalement je ne bois presque rien, l’air de la montagne donne soif.
J’ai une grosse pensée pour Virginie et Christophe qui partent après moi et qui vont également emprunter la portion que je suis entrain de gravir, je me dis qu’ils vont souffrir. Avant d’attaquer la dernière partie de la montée au 8ème kilomètre je m’accroche à un féminine qui monte à bonne allure puis lorsque la pente devient plus douce je la double.
Elle me reprendra dans la dernière partie, j’ai beaucoup de mal à négocier les cascades d’eau, j’ai très peu envie de me mouiller.
Au 10ème kilomètre et après 1000m de dénivelé positif, je sors l’appareil photo pour immortaliser le paysage qui est magnifique, je suis entre 2 brouillards, hors du temps et j’en profite un max.
Mais je n’oublie pas que je suis en course, une patte de fruit poire chocolat et c’est reparti. Je double 2 trailers qui font une pause car l’un deux est bloqué par des crampes. Il y a sur la gauche 2 lacs avec une eau limpide c’est vraiment très beau.
Au 11 ème kilomètre je remets mon kway en prévision de la descente car l’air commence à devenir très frais, on dépasse les 2000m d’altitude.
Arrivé au refuge du taillefer j’en profite pour remplir ma poche d’eau, j’ai un peu de mal à la remettre dans le sac tellement il est chargé. Je prends un Tuc au ravitaillement et j’entame la descente.
La descente, mais pourquoi tu me doubles ?
C’est parti pour 1000D-, au début je mets les gaz mais très rapidement la pente devient glissante et boueuse, je dois ralentir. Pire en pleine descente avec un gros ravin à gauche mes orteils se crispent. J’ai le droit à une belle crampe au gros orteil, c’est la 1ère fois que ça m’arrive, je pense que ça vient de mes vibrams five finger, lorsque je cours avec, j’ai tendance à accrocher le sol avec mes orteils lorsque ça glisse, en chaussure de trail ça marche moins bien.
Un peu à la black mamba de kill bill, j’essaie de parler à mes orteils pour qu’ils repartent. Et ça marche, je déroule jusqu’au sous bois. Le terrain devient de plus en plus accidenté, je me fais rattraper par d’autres concurrents qui sont plus à l’aise que moi. Mais certains seront vite calmés par de nombreuses chutes.
10km accompagné
Je m’accroche alors à un trailer en Hoka, on fera la course ensemble. J’observe, quand il marche je marche, quand il court je court. On fait une pause au dernier ravitaillement, je prends du fromage, du coca, des tucs et de la grenadine, mine de rien manger ça fait vraiment du bien.
On attaque alors la dernière montée, sur la 1ère partie je reste derrière lui, puis j’accélère, tout ça en marchant, jusqu’à prendre 100m d’avance.
La descente arrive et la c’est le drame, ça devient très très technique, ça glisse je dois m’accrocher aux branches pour éviter la chute, je me fais reprendre par 3 trailers.
Heureusement pour moi, il y a du plat j’en profite pour remonter.
L’arrivée et le bilan
Une dernière côte et j’entends ma chérie crier “David !!!!”, je suis aux anges, quel bonheur de finir de cette façon. Je franchis la ligne et me jette dans ses bras.
Jean Marc m’attrape au passage pour une interview :