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Des primaires qui incommodent la droite ?

Publié le 21 juin 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“Les élus ne distribuent pas l’argent à la tête du client, c’est interdit par la loi” A. Montebourg

Le Parti socialiste se lance dans l’organisation des primaires pour désigner son candidat lors des élections présidentielles de 2012. À ce titre, l’usage des listes électorales des mairies est requis. D’abord circonspects, les dirigeants de la majorité montent au créneau préoccupés par leurs utilisation. J. -F. Copé notamment, s’inquiéte du caractère attentatoire à la vie démocratique et de possibles pressions, “dans les villes socialistes, vous imaginez les conséquences pour les agents municipaux ou les présidents d’association qui ont des subventions, s’ils ne participent pas à cette parodie d’élection ?”. De son côté, N. Kosciuzko-Morizet s’enquiert “de toute façon, même si la liste est détruite après, sur le coup la liste a existé, donc on sait qui, dans sa collectivité, se déclare comme étant de gauche ou étant de droite”. L’UMP en croisade contre le clientélisme, le fichage, c’est une grande nouvelle.

Sur le plan juridique, l’utilisation de listes électorales semble une cause entendue, selon la CNIL. “Le code électoral permet à tout électeur, tout candidat et tout parti ou groupement politique de prendre communication et copie de la liste électorale, à condition de s’engager à ne pas en faire un usage commercial”.

Des primaires qui incommodent la droite ?Les ténors de l’UMP évoquent des positions philosophiques sur le respect des libertés et de la transparence. Mais on peut aussi y voir une posture qui tient plutôt de la leçon de morale politique visant à décrédibiliser l’évènement qu’organise l’adversaire. On peut lire en creux, que l’exercice démocratique du PS permettant de désigner le candidat qui va le représenter laisse apparaître un fossé dans les pratiques. N. Sarkozy s’est auto désigné candidat laissant aux ambitieux comme alternative, le casus belli ou la soumission. On se souviendra qu’en 2006, l’UMP avait organisé un vote parodique entre M. Alliot-Marie et N. Sarkozy. Qui fait figure aujourd’hui d’anecdote ridicule.

On peut déceler aussi autour de ces déclarations la volonté de cadenasser un mode de fonctionnement. Curieusement les deux ténors qui s’expriment contre des primaires figurent parmi les plus pressentis pour concourir en 2017. J. -F. Copé ne cache pas depuis une bonne décennie sa dévorante ambition. N. Kosciuzko-Morizet chouchoutée par les médias s’y verrait aussi parfaitement. Stratégiquement, préempter les places, tenir l’organigramme pour décourager les audacieux. Et plier l’affaire en réglant la désignation par cénacle entre soi. Mais surtout se préserver d’une hypothétique contagion démocratique (issue du PS !). Le fonctionnement vertical de l’UMP ayant largement fait ses preuves.

Pour ce qui est du fichage et de la surveillance, le sarkozysme a élevé la pratique au rang de fétichisme. OWNI notait que depuis 2002, où N. Sarkozy occupait le ministère de l’Intérieur, 44 fichiers policiers ont été créés. Qu’en 2008 eu lieu le scandale du fichier Edvige, qui sans la pugnacité des associations comme la Ligue des Droits de l’Homme aurait vu le jour, sans que ni N. Kosciuzko-Morizet, ni J. -F. Copé ne s’en offusquent. Que de la même manière les tests ADN allaient de soi pour une bonne partie de la majorité présidentielle (et pour le N. Sarkozy de 2007). Même sanctions pour la frénésie de la vidéosurveillance.

Magnanime, le maire de Meaux s’inquiète du sort probable réservé aux fonctionnaires ou aux présidents d’associations qui ne voteraient pas aux primaires. En l’occurrence qui ne feraient pas allégeance à la gauche. Quand il s’agit de discréditer les projets du PS, toutes les victimes même potentielles sont les bienvenues. Mais c’est surtout dans la tournure d’esprit qu’il faut entendre les propos du député. Soit, il est lui-même un parangon de l’équité et la démocratie au sein de sa collectivité (ce qui ne semble pas être le cas), et il se pose alors en redresseur de torts au côté d’hypothétiques victimes. Soit, il traduit de manière subtile sa vision personnelle ses relations de pouvoir au sein de la communauté qu’il dirige. En d’autres termes ouvrir ou fermer les vannes financières au gré des génuflexions.

Au début considérées comme une séance d’automutilation pour la gauche, les primaires semblent aujourd’hui incommoder la majorité présidentielle. Cette consultation citoyenne révèle par différence les carences du parti présidentiel. Dont les pratiques s’accommodent parfaitement du dirigisme et du culte du chef. Dans un renversement vertigineux des valeurs, où on va alors faire porter la charge quasi totalitaire d’un scrutin à ceux qui l’organisent.

Merci à @Val_do pour les références sur la mairie de Meaux

Vogelsong – 20 juin 2011 – Paris


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