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Le droit de subir

Publié le 21 juin 2011 par Alteroueb

C'est un besoin qui me tiraille depuis quelque temps. A la veille d'une élection tellement capitale, j'ai moi-aussi envie de parler de ma vison d'une société ou l'économie doit être au service des hommes et de la collectivité et non l'inverse. L'exercice est difficile, forcement parcellaire, maintes fois procrastiné, mais le temps est venu d'exposer et partager mon point de vue sur la création et le partage des richesses, sur les grandes questions de société, sur les institutions, sur la manière de gérer les affaires courantes du pays, sur la nature des services publics indispensables et les moyens à leur attribuer, etc, etc... D'autres appelleraient cet exercice un programme.

Le droit de subir
Le domaine à couvrir est immense. Je vais tenter d'aborder autant de sujets que je pourrait d'ici la fin de l'année 2011, toujours en fonction de mes envies et mon humeur (sur le nouveau tag Mon programme). Le premier thème m'a été bien involontairement fourni par Corto qui exprimait dans son billet sa crainte de voir le PS donner à terme le " droit de vote aux étrangers" puisque, écrit-il, les étrangers " prendront part à la désignation du candidat unique du PS pour l'élection présidentielle de 2012, [...] participant de manière indirecte mais bien réelle à une scrutin à caractère national ".

Ce n'est pas une nouvelle, je suis très loin de la droite politique, mais je lis Corto et quelques autres (dont H16, c'est dire...) parce qu'ils expriment des choses intéressantes, souvent censées, parfois justes, parce qu'il faut connaître les idées et positions de tous pour pouvoir les confronter. Pour Corto, je connais sa lutte pour faire accepter sa manière d'être et de vivre dans une société encore peu disposée à le faire puisqu'elle refuse toujours et encore de donner à tous, quels qu'ils soient, les même droits... Dans ce contexte, j'ai exprimé mon étonnement envers son discours consistant à exclure l'expression démocratique d'une partie de la population sur le seul critère de leur nationalité différente alors que lui-même a certainement été un moment ou un autre victime d'ostracisme, de rejet, de discrimination, de regards noirs, voire menaçants du fait de sa " particularité ". Sa lutte pour la reconnaissance de sa manière d'être est juste, simplement humaine et rien ne justifie les différences que la société impose encore aujourd'hui, malgré l'évolution des mentalités. Alors pourquoi en serait-il autrement sur le fait d'intégrer les non-français aux décisions de la cité ?

La société évolue, peut-être pas aussi vite qu'on le souhaiterait. Nos chers représentants de droite ont d'ailleurs une nouvelle fois raté une belle occasion de renter dans l'Histoire en repoussant le mariage - et par la pareille occasion l'adoption d'enfants - pour des personnes de même sexe, comme ils se sont exprimés par le passé contre le PACS, contre l'abolition de la peine de mort, et longtemps contre le droit à l'avortement avant de l'accepter à contre-coeur... Le monde avance, mais pas les mentalités, et les vieux anathèmes persistent à s'abattre comme seule réponse solennelle : on ne peut élever convenablement des enfants dans une telle configuration. Ces rengaines ont vécu. Tant pis, la gauche le fera, j'espère.

La société évolue. Elle applique son nouveau modèle mondialisé sur les sujets en exigeant flexibilité et mobilité. Il n'y a plus de frontières, plus d'entraves, sauf pour s'exprimer, pour voter. J'ai bien du mal à percevoir les raisons pour lesquelles les " non-français " établis, intégrés, payant leurs impôts, participant à la vie de la cité, militant dans les associations, participant à la production de la richesse nationale ne pourraient pas participer aux consultations électorales. La vie nous ballade, et Ahmed, Conchita, Silvio, euh non, pas Silvio, Giovanni, Kim, Goran, Liu, Aylin n'ont peut-être pas décidé de leur trajectoire, souvent contraints, fuyant la misère, parfois les menaces de mort... N'empêche qu'ils sont là, et qu'ils ont voix au chapitre.

Je suis favorable au vote des étrangers quand ils peuvent justifier d'un intégration dans notre société, ce qui ne me semble pas bien compliqué à établir. Il n'y a là aucun opportunisme, simplement le fruit de l'évolution du monde et des mentalités. Corto propose que les étrangers souhaitant participer aux scrutins demandent la nationalité, ce dont s'affranchit haut-la-main le monde de la finance puisque les chinois et les américains pilotent déjà nos entreprises via le crédit et la dette... sans choisir la belle nationalité française. Toujours deux poids, deux mesures.

Avant de parler de droit de vote aux étrangers, il serait bon de commencer à revoir un certain nombre de principes élémentaires. Je ne peux parler des consultations électorales au sens large, symbole ultime d'un système politique démocratique, sans relever que notre beau pays est une caricature en matière d'expression du peuple. D'abord parce que la promesse de mise en place d'un référendum d'initiative populaire, dispositif majeur de consultation de la nation, annoncée à grand bruit par le Leader Minimus lors de sa campagne électorale de 2007 ne voit toujours aucun début d'existence, ensuite et surtout parce que la voix souveraine du peuple, exprimé le 29 mai 2005 sur le projet de constitution européenne (55% de non), a été bafouée, ignorée, méprisée, au point de faire revoter la représentation nationale aux ordres... Un coup de gomme pas vraiment démocratique qui s'apparente plutôt à des pratiques despotiques, et qu'on voit se multiplier au fil du temps...

Il paraît qu'en démocratie, c'est le peuple qui décide. Les indélicatesses des gouvernants, le coût des opérations libyennes, le déficit abyssal, les exonérations et facilités accordées aux plus riches, les mesures antisociales, les stigmatisations des plus faibles, je n'ai rien choisi, rien décidé, mais je subis.

Ca va un peu mieux, je me shoote à la Kro.


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