Robert Crumb est gonflé mais a-t-il de véritables coroñes pour s'être attaqué à l'un des textes fondateurs de l'occident ? Dans l'introduction, il nous l'annonce, il ne croit pas que la bible soit la parole de Dieu mais bel et bien celle des hommes. A son sens, la puissance du texte n'en est pas réduite et c'est donc avec un solide trait de crayon que l'artiste y laisse son emprunte.
Mettons-nous d'accord tout de suite, le dessin de Crumb est d'une grande force. Pourtant, quelle est la différence avec une énième version de la bible illustrée ? Oui, le crayon de l'auteur apporte une dimension différente par rapport aux illustrations gentillettes d'autres éditions mais quel est l'intérêt d'un tel projet s'il ne produit rien de novateur ?
En choisissant délibérément d'être fidèle au texte original (quoi que l'on peut remettre en question les similitudes de ce dernier avec les sources utilisées par l'auteur toutes écrites en anglais), Crumb nous propose une BD des plus ennuyeuses. Si on est obligé de relire la genèse, autant prendre une bible et avoir la liberté de son imagination plutôt que de se voir imposer la vision franchement désuète d'un vieux Dieu à la barbe blanche.
On le savait déjà, le texte fondateur de notre société patriarcale est profondément misogyne (d'ailleurs, quelle religion ne l'est pas ?) mais force est de constater qu'après le passage de Crumb sa crédibilité en prend un sacré coup. Déjà que je me demandais comment ils se sont procréés étant donné que les femmes n'ont enfanté que des fils... Plusieurs détails de ce genre sont donc visuellement mis en évidence et le texte n'en ressort pas, à mes yeux, grandi.
Si tu n'aimes pas la genèse, pourquoi avoir lu une BD intitulée La Genèse de Crumb ? Et bien, c'est une bonne question. J'ai fait une erreur. Je pensais admirer une libre interprétation, une œuvre spirituelle et non religieuse. Je regrette, encore une fois, la confusion entre les deux.