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Faut-il exterminer les pauvres ?

Publié le 22 juin 2011 par Mister Gdec

Faut-il exterminer les pauvres ?

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Seuls le parti de gauche et les verts répondraient-ils plus résolument non à ce titre de pure provocation  ? Au risque de rallumer la guerre des gauches, débattons un peu plus longuement si possible que la taille de cet humble billet de ces marchés de la misère, qui en disent si longs sur l’état de délabrement de nos sociétés occidentales. Bien plus à mes yeux que d’autres occupations illégales de l’espace public… si vous voyez ce que je veux dire !

  Moi aussi, j’ai mal à ma gauche, comme l’ami DPP qui nous a signalé sur twitter ce matin ce billet de Danielle Simmonet, conseillère municipale à Paris (20ème) et secrétaire nationale du Parti de Gauche. Celui-ci nous alerte sur le phénomène des marchés sauvages dans certaines communes de la périphérie parisienne.

 Elle est déjà intervenue à ce sujet dans un précédent conseil de Paris, notamment en ces termes :

 «  Oui, dans ces marchés, on retrouve des retraités aux trop faibles pensions, des travailleurs si précaires qu’ils ont besoin de compléter leurs revenus, comme d’autres font des vide greniers de façon plus épisodique, et puis il y a également des sans-papiers, des Roms, qui se retrouvent exclus, discriminés, sur le marché du travail.

Faut-il exterminer les pauvres ?
La situation est devenue invivable, car la répression comme unique solution proposée par la Préfecture de police, saluée hélas par les quatre maires socialistes de Belleville, ne résout rien. Reconnaissez-le, mes chers collègues, c’est un échec total ! »

 Après avoir étudié différents papiers sur le sujet, je ne peux en mon âme et conscience que me ranger aux côtés de Danielle Simmonet, dont j’approuve l’attitude et les propos sans réserve. Regardons en effet froidement les arguments de ceux qui se sont engagés dans ce débat : Cambadèlis, député de la 20ème circonscription de Paris, Roger Madec, Sénateur de Paris et Maire du 19ème, Frédérique Calandra, Maire du 20ème,  et Patrick Bloche, maire du 11ème, ici aussi ? … Que nous disent-ils dans leurs harangues publiques, à travers leurs blogs et leurs allocutions (citées en liens) ? Quelles sont les solutions proposées pour résoudre la situation, dont il ne s’agit pas dans mon esprit de nier la réalité en termes de nuisances pour les riverains ?

 Quand bien même ils s’en défendraient, on ne peut que constater que dans l’histoire, ce qui dérange, c’est de toute évidence davantage la gêne esthétique et la dimension pratique du sujet : nettoyage de la chaussée, obstacle pour les passants, gêne occasionnée sur la voie publique pour ses différents utilisateurs, dimension sécuritaire, respect de la législation, manque à gagner pour les commerçants (qu’on me permette d’éclater ici d’un rire gras et tonitruant ! Car quand on sait ce que vendent lesdits biffins…).

Faut-il exterminer les pauvres ?

 Mais où et par qui est donc traitée la dimension humaine de la situation des principaux concernés, plutôt que celle de ceux qui se disent les plus gênés ? Que des gens en soient  réduits à vendre des objets aussi usagés (je sais de quoi je parle, je suis déjà passé par là..) en bravant la réglementation car ils n’ont pas le choix,  cela n’interroge donc personne ? Où va notre civilisation ? Est-ce vraiment la société dont nous voulons ?

 Quel choix conscient et éclairé (et c’est donc là encore plus grave en termes de conflit de valeurs) font les élus socialistes concernés ? Le voici, dans la bouche du « représentant du peuple »  Cambadèlis :

«  Il en va de la responsabilité de la mairie d’arrondissement, et de moi-même, de prévenir les forces de police compétentes et habilitées, la Préfecture de Police, de mettre en place les dispositions, quel que soit l’arrondissement, pour que cesse le plus rapidement possible et le plus radicalement possible ces activités. »

Le plus radicalement possible ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Doit-on exterminer les pauvres et les sans papiers parce qu’ils font tache dans le paysage et qu’ils ne respectent pas la loi édictée par des gens à l’abri du besoin ? N’y a-t-il de solution que la répression, qui s ‘est pourtant avérée dans le passé selon les propos mêmes de Daniel Vaillant inefficace ?

 Qui protège-t-on là, sinon le petit confort personnel de bien-pensants d’une gauche si light qu’elle se confond avec la droite sur ce dossier ?  Qui est le seul acteur politique de cette histoire, sinon ceux qui ne craignent pas la misère, plutôt que les plus démunis, comme le réclament à corps et à cris ces valeurs de la gauche que nous défendons, et qui fît  tant défaut autrefois que le front national puisse en récupérer les voix  ?

  Ne pouvait-on pas pour une fois, ne pas céder aux réflexes de peur, et faire de la politique plus noblement en se livrant à une réflexion et à une action plus et mieux  concertées, dans le cadre d’un appareil de prise de parole, de débat et de négociation intelligent, exempt de partis pris ? Etait-il si difficile de mettre en place une (ou plus probablement plusieurs) réunions qui auraient associé les principaux concernés, ainsi que des associations de lutte contre la précarité, qui les représentent vraiment ?

 N’est-il pas du ressort d’élus responsables d’organiser une médiation entre les principaux interlocuteurs et acteurs de cette affaire, plutôt que de se livrer à une simple chasse aux plus vulnérables, se comportant ainsi en chefs de meutes, droite et gauche confondue, élite dominante qui traite de si haut ces manants, vendeurs de cochonneries, sans jamais les considérer comme des interlocuteurs crédibles  ?

 

Faut-il exterminer les pauvres ?
Moi, j’ai définitivement choisi mon camp : celui de ceux qui en ont le plus besoin, et non celui des bobos d’une pseudo gauche protégée aux positionnements indéfendables… Toute ma vie l’a prouvé, et a été consacrée à mon détriment le plus souvent à ce combat là, qui n’est pas pour le coup que politique… mais aussi personnel. Mes tripes sont dedans. Alors, le premier qui m’accuse de faire de la récupération politicienne  (c’est le cas d’en parler…), ça va péter grave !

 C’est pourquoi je défends  résolument dans ce billet la position de l’élue du parti de gauche, Danielle Simmonet, de même – étonnamment – que celle d’un autre élu du secteur, d’EELV que je ne connaissais pas, Mr Bernard Jomier, qui apparaît dans la même logique que la nôtre, ici. Sa position semble d’ailleurs confirmée par EELV au niveau local :

 « En sommes-nous vraiment arrivés là ? Est-ce vraiment tout ce que nous pouvons proposer nous, politiques, qui plus est municipalité de gauche, nous qui dénonçons la dérive sécuritaire de ce gouvernement, nous qui avons dénoncé la criminalisation de la misère dans la loi Loppsi 2, nous qui à juste titre vantons les moyens que nous mettons dans la politique sociale et de solidarité de Paris, n’avons-nous rien d’autre à proposer face aux marchés de la misère que des réponses démagogiques, répressives et policières ? Lire l’intervention complète »  (Denis Baupin Conseiller du 20e arrondissement, adjoint au maire de Paris, EELVA).

 Pas de solution policière contre la misère !

Et qu’on ne me parle pas de ces ressourceries que sort de sa manche opportunément Madame Calendra pour se justifier, qui ne sont en aucun cas adaptées puisqu’elles n’ont jamais été conçues avec le soutien des biffins… mais avec celui de Madame Kosciusko-Morizet , dont on connaît l’appartenance politique, et l’approche plus volontiers environnementale que sociale… laquelle aurait pu éventuellement se montrer conciliable, mais en une autre appartenance politique, qui est celle d’EELV et, encore mieux du Parti de gauche, et certainement pas de l’UMP, quand on voit ce que ce parti a fait des  grenelles de l’environnement et de la politique sociale : une chasse aux pauvres, et un protectorat des riches et des pollueurs, assurément.

Et si nous consacrions notre énergie à ceux et celles qui en ont le plus besoin ?

Sur ce sujet, lire aussi l’intéressant billet du blog « pense bête », dont j’aime tant l’esthétique,  le titre… et le contenu. Et duquel la photo du biffin est issue. Il faut rendre à César…

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