Ils sont arrivés avec leurs camions, la niveleuse et même une nouvelle machine à recycler le goudron. Ils ont travaillé toute la matinée sous les yeux étonnés des voisins qui depuis plus de vingt ans voyaient leur rue se dégrader sans aucune réparation. Même les plus sceptiques ont eu une pincée d’espoir quand ils ont vu le revêtement lisse comme du cristal, et que la deuxième équipe est arrivée. Ca c’était vraiement du jamais vu. Au lieu de laisser comme auparavant le goudron recouvrir les couvercles des bouches d’égoût le nouveau groupe d’ouvriers les avait démontés et replacés au ras du sol. Personne ne pouvait croire à ce qui se passait. C’est « la nouvelle mentalité » disaient certains, se gaussant des changements dans la manière de faire qui étaient maintenant visibles, palpables, vérifiables.
Pour avertir les automobilistes du ciment frais le long bouches d’égoûts, ils avaient laissé autour un tas de détritus. « Ils vont venir les enlever » promettaient les optimistes. Mais ils sont restés là. En passant les pneus des voitures ont projeté les pierres dans toute la rue, les collant à l’asphalte encore liquide. Les débris de la reconstruction sont allés se mettre entre les grilles des écoulements et se sont accumulés dans les caniveaux. Deus semaines après, ils sont toujours là éparpillant leur présence poussiéreuse et créant des monticules par ci des nids de poule par là, et gâchant la fin des travaux. « Ah cette mentalité !» corrigent les naifs et ils ajoutent « Au lieu de changer, elle n’a fait que se déguiser mais c’est toujours la même mentalité ».Traduit par Jean-Claude MAROUBYhttp://desdecuba.com/generaciony_fr/