Magazine Voyages

Mandalay

Publié le 13 février 2008 par Jean-Michel Frappier
Afficher la carte de zrim Prise à Mandalay, Mandalay (Plus de photos ici) 21°58' 53" N, 96°6' 48" E21,98149396,113204

De Yangon à Mandalay, plus au nord, on a le choix entre un vol avec
une compagnie aérienne ayant l'une des pires cotes de l'industrie au
niveau de la sécurité avec plusieurs écrasements à son actif, un train
hyper lent, ou prendre les affreuses routes du Myanmar à bord d'un
vieux bus chinois.
Comme mourir dans un crash d'avion ou d'ennui dans un train est hors
de question, on opte pour le tacot rouillé qui fait mystérieusement le
trajet exclusivement de nuit.

La Nationale I...

La Nationale I, cahoteuse, non éclairée et asphaltée uniquement sur une
voie centrale que les véhicules des deux sens se partagent, a un besoin
criant d'entretien, comme tout le reste des infrastructures du pays
d'ailleurs. À chaque fois que l'on croise un autre véhicule, c'est un
peu comme dans les vieux films où les jeunes rebelles testent leur
courage en fonçant l'un sur l'autre à pleine vitesse, bifurquant
uniquement au dernier moment pour éviter la collision. Malheureusement pour nous, notre conducteur a des nerfs d'acier et file à pleins gaz
sans se soucier des autres, jetant de temps en temps un regard sur les
amulettes qui pendent à son rétroviseur et à sa statuette de bouddha,
avec la certitude que le trafic du sens opposé va s'écarter devant
nous. Nous, on ferme les yeux!
Inquiets, inconfortables et morts de fatigue, le trajet est pénible et
pour rendre les choses encore plus difficiles, la climatisation semble
bloquée au point de congélation. Les gens sortent les tuques, les
gants et les couvertures, notre voisin porte un manteau bien doublé de
l'armée chinoise et une cagoule, et nous comme deux cons on porte chacun
des shorts et un t-shirt.
Notre ami à la cagoule a l'air d'un vrai guérillero et semble s'être
donné comme mission de s'occuper de nous. Au premier arrêt toilette,
il nous invite à sa table, nous commande un souper, paye et nous
regarde manger d'un air satisfait en fumant un gros cigare. Dans le
congélateur sur deux roues, il nous apprend les meilleures positions
pour dormir sur un siège désagréable et nous fait des signes de temps
en temps pour savoir si tout va bien. À chaque pause, il nous garde des
places à ses côtés au restaurant pour boire un thé bien chaud avant de
reprendre la route.

L'hôtel, l'électricité... et la Chine.

Après 16 heures de trajet, on arrive enfin à destination. On se dirige
vers l'arrière pour récupérer nos sacs parmi les légumes et les sacs
de riz puis lorsqu'on se retourne, notre protecteur a disparu sans que
l'on ait pu le remercier ni lui dire au revoir. Tous nos compagnons de
voyage semblent en pleine forme mais nous, dans un état pitoyable,
frigorifiés et courbaturés, on saute dans un taxi pour un hôtel avec eau
chaude et télé satellite question de récupérer un peu de notre nuit
atroce.
On trouve une chambre avec tout ce que l'on cherchait, sauf une chose
essentielle.............l'électricité! Le courant rationné par le
gouvernement fonctionne seulement dans un autre secteur de la ville
aujourd'hui.
Le pays possède l'une des dernières grandes forêts de teck au monde,
de grandes mines de rubis et une énorme réserve de gaz naturel. Ces réserves
naturelles sont très lucratives pour le gouvernement. 655 millions pour le gazuniquement en 2003, et ça c'est sans compter les champs d'opium au nord et les usines
d'amphétamines près de la frontière thaïe. Avec autant de profits, on
pourrait s'attendre à avoir au moins des routes potables et du courant
pour tout le monde, mais non le régime en place préfère jouir des profits
et acheter des armes. À qui la junte militaire peut-elle bien
vendre le tout et acheter de l'armement si la communauté
internationale impose des sanctions économiques au pays ? On n’a pas
besoin de regarder bien loin pour avoir la réponse, la Chine au nord
semble n’avoir aucun problème à faire des affaires avec le Myanmar,
approuvant même le régime au niveau politique. Pour nous, c'est une
raison de plus de boycotter les Jeux Olympiques de Beijing cette
année.
Comme c'est un blogue de voyage et non de politique, notre montée de lait
terminée, parlons un peu de Mandalay.

La visite de Mandalay, de la Mahamuni Paya au crépuscule depuis la colline. 

On commence notre visite par la Mahamuni Paya, un site bouddhiste avec
comme pièce centrale une vielle statuette sacrée de bouddha en bronze
que les dévoués on recouvert d'une couche de feuilles d'or de plus de
15 cm. Curieux, on se rend à la fabrique pour voir comment on fait de
si minces feuilles avec le précieux métal. Il faut de la patience et
de bons bras, on martèle l'or avec une grosse masse pendant des heures
entre deux plaquettes de riz jusqu'à ce qu'il soit plus fin que du
papier.
Un impressionnant monastère tout en bois de tek, d'autres pagodes
dorées et la Kuthodaw Paya, aussi connue comme étant le plus gros livre du
monde. Sur près de 730 stèles de marbre, chacune dans son propre petit
stupa, on a retranscrit les 15 livres du Tripitaka, les écritures
sacrées du bouddhisme. Si on lisait à un rythme de 8 heures par jour
il faudrait, paraît-il, 450 jours pour lire le tout.
On poursuit notre tournée de Mandalay par le coucher de soleil depuis
le sommet de la colline qui domine le centre-ville. Comme tous les
touristes s’y rassemblent le soir venu, il y a aussi plusieurs Birmans
qui s’y rendent pour avoir des discussions avec les étrangers et c'est
ce qui fait la beauté du lieu.
On a fait le tour à bord d'un rickshaw, un vélo taxi. Comme toujours,
nous étions un peu mal à l'aise de faire pédaler quelqu'un à notre place,
mais ça semble normal en Asie. Quand on a appris à notre chauffeur
que l'on vient du Québec, tout ému, avec un immense sourire, il nous a
raconté son histoire.
Il y a 2 ou 3 ans, il a fait faire le tour de la région à deux
Québécois avec qui il s'était lié d'amitié. La dernière journée de leur
voyage, jour de l'indépendance du pays, ils lui on acheté un vélo pour
qu'il n'ait plus à le louer chaque matin, son indépendance à lui. Si
par hasard vous lisez notre blogue, sachez que nous, on a oublié vos
noms, mais lui il ne les oubliera jamais et pense à vous tous les jours!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jean-Michel Frappier 23 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazine