Gilbert et Sullivan

Sir W.S. Gilbert et Sir Arthur Sullivan, des anglais de l'époque victorienne, ont travaillé de concert pendant à peu près vingt-cinq ans dans la seconde moitié du 19ème siècle et ont produit ensemble 14 opéras comiques. C'est sans doute ce qui a fait que leurs noms sont restés indissociables, malgré que leur relation a pris fin sur des dissensions qui se sont soldées par une rupture totale.
William Schwenk Gilbert est le librettiste, un écrivain qui a développé une méthode d'écriture appelée le topsy-turvy (sens dessus-dessous), qui consiste à partir d'une situation ou d'une anecdote invraisemblable et de développer tout l'absurde qui peut en découler, avec un goût prononcé pour la bizarrerie. C'est le producteur Richard D'Oyly Carte qui lui fait rencontrer le compositeur Arthur Sullivan, qui avait jusque là suivi une formation très classique de musicien à la Royal Academy of Music de Londres ainsi qu'à Leipzig . Au début, les deux compères s'inscrivent dans la tradition d'Offenbach, mais ils développeront bien vite leur style particulier basé sur le non-sense, sur l'absurde. Une forme d'humour à l'anglaise qui correspond bien à l'époque victorienne et qui se coule facilement dans des musiques légères d'opérettes.

Le Savoy Theatre en 1881
Leur travail est rapidement couronné de succès et D'Oyly Carte va construire spécialement pour leurs œuvres le Savoy Theatre en 1881 à Londres, sur le Strand. A cette époque, on s'est aussi mis à jouer leurs oeuvres à New York. Leurs euvres sont vite célèbres de part et d'autre de l'Atlantique. The Pirates of Penzance est un triomphe en 1879 tant à Londres qu'à New York.Mais par la suite la relation entre les trois hommes connaîtra des difficultés de plus en plus grandes, conflits d'intérêts et de personnalités. Ils arrêtent de collaborer en 1896 et ne se parleront plus après 1898.
The Pirates of Penzance
Avec The Mikado et HMS Pinafore, The Pirates est l’œuvre la plus représentée de Gilbert et Sullivan. La première de The Pirates eut lieu à New-York.
La version du Theater-am-Gärtnerplatz
Holger Seitz nous donne une version endiablée de l'opérette de Gilbert et Sullivan, servie par la fougue et l'enthousiasme qui sont la marque de fabrique du Theater-am-Gärtnerplatz. Les pirates de pacotille ne sont à aucun moment dangereux comme ceux du capitaine Crochet qui poursuit Peter Pan, même s'ils semblent issus d'un dessin animé ou descendus d'un bâteau tout droit inspiré des Playmobile, ces jouets qu'affectionnent tant les enfants d'aujourd'hui, et peut-être aussi leurs parents...On est dans le monde du carton-pâte dont Herbert Buckmiller fait un abondant usage pour les décors, avec un clin d'oeil constant au public: ainsi la mer est-elle représentée par un simple bout de tissu bleu vif maladroitement soulevé par une soufflerie. La mise en scène et les décors confirment bien que tout cela n'est qu'un jeu bouffon, rien n'est ici réel.
Et la machine mise en place fonctionne bien: Seitz fait déplacer ses trois troupes, les pirates, les femmes et les policiers, comme des petits soldats, tout ce petit monde marche au pas sur la musique de fanfare de Sullivan jusqu'au happy end à l'anglaise. Un immense drapeau britannique descend sur la scène. L'Angleterre victorienne et la morale, qui n'a jamais été menacée d'ailleurs, sont sauves.
L'oeuvre et facile et conviendra bien aux familles. On peut y emmener ses enfants petits et grands qui ne seront pas dépaysés de retrouver sur scène leurs joujoux préférés. Dans le cas des Pirates de Penzance, c'est une excellente idée d'avoir donné une version allemande, tout le monde comprend et on rit beaucoup aux parties parlées. La facilité de l'écriture musicale ne déconcertera personne: cette opérette est comme l'aube de la comédie musicale. Les choeurs dirigés par Jörn Hinnerk Andersen s'en donnent à ...coeur joie! La performance de Tilmann Unger est très remarquée, Rita Kapfhammer joue bien les gouvernantes amoureuses. Heike Suzanne Daum emporte la palme de la soirée dans le rôle de Mabel, la jeune fille que Frédéric trouve tellement à son goût. Le Général Major Stanley de Dirk Lohr présente des faiblesses de diction et s'emmêle les pinceaux dans la rapidité d'un discours à peine chanté, mais le rôle est secondaire et les liesses chorales le font vite oublier.
Une soirée dont on se doute qu'elle ne remet rien en question et qui se déroule dans la bonne humeur et la convivilaité munichoises.
A voir encore les 2, 15 et 23 juillet. pour réserver, cliquer ici puis sur la date souhaitée en bas de page (Karten bestellen)
