Jeux de nains, plaies le lendemain (03)

En rentrant d’une soirée entre filles, je discutais avec Paula de nos déboires amoureux. Son « actuel » a en réalité une autre copine et le reconnait sans problème : « Tu sais, les temps sont durs en ce moment pour moi… Je ne vois pas assez ma copine. » le tout dis d’un air très solennel dans le lit de la pauvre Paula. Non mais je comprends tout à fait qu’elle se soit abonnée aux soirées Mouchoirs/Almodovar et qu’elle se mette à pleurer au volant. Surtout que le précédent était déjà marié à une autre… Seulement moi, je tiens à la vie alors pour la faire rire, je lui raconte les miens… de déboires… amoureux… Ceux d’il y a un mois ou deux.

François était inconsolable lorsque que Laura est partie. Alors évidemment, c’est dans mon restaurant chinois préféré qu’il est venu. Les mois ont passé, le sourire est revenu et la manie de venir dans MON restaurant à moi est restée. Alors on a continué à se voir, le soir autour d’un canard laqué, puis le samedi après-midi au jardin Vauban, puis la nuit de samedi à dimanche sous sa couette.

Là, Paula a re-sangloté un bon coup alors je me suis dit, on abrège la partie guimauve et on passe tout de suite à la partie fajitas au restaurant mexicain de la rue du Molinel (fermé depuis…)

Dîner en amoureux donc, devant des fajitas… J’adore la cuisine exotique et il le sait… Le sal traitre… Conversation stérile et dénué de tout intérêt pour quiconque à les pieds sur terre comme on a toujours su faire, éclats de rire… Puis d’un coup… Le regard grave, le fameux « chérie, faut qu’on parle… »

Gros « Oh non » compatissant de Paula tout en gueulant sur la voiture derrière qui ne voulait pas comprendre qu’on n’avait aucunement l’intention de prendre ce feu vert là et qu’on pensait attendre le prochain… Voir celui encore après. Hey, les peines de cœur, ça se respecte !

« Mon ex est venue me voir ce matin… »

« Oh putain » de la part de Paula… J’aime son réconfort.

« Elle aimerait qu’on se remette ensemble. Alors tu comprends, on ne peut pas continuer comme ça. Je sais que tu n’aimes pas trop les ménages à trois… »

« Quelle clairvoyance ! » Toujours de ma Paula.

« Alors il est temps qu’on arrête là. Tu sais, au fond de moi, j’ai toujours su que c’était avec elle que je voulais faire ma vie. Avec elle que je voulais fonder une famille, devenir vieux… Je n’ai jamais cessé de l’aimer. Elle est la seule qui compte vraiment dans mon cœur. Et puis de toute façon, t’es aussi chaleureuse qu’un frigo vide. On ne peut rien construire avec toi… »

« Dis moi que tu lui as balancé de la sauce épicée à la tronche ! » (C’était Paula) Que nenni, je lui réponds… Fierté oblige, je me suis juste levée et j’ai disparu de sa vie.

Autant vous dire que Paula était FU-RI-BONDE !

« Comment ?! Mais c’est inadmissible ! Comment peux-tu le laisser te piétiner de la sorte ?! Moi à ta place, je l’aurais massacré ! » Et voilà que ma Paula était passée des larmes à la haine, de Calimero à Terry Hulk Hogan en l’espace de 3 secondes. Effrayant.

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