Magazine Voyages

Le National Model United Nations: l’ONU des étudiants à New York

Publié le 25 juin 2011 par Nycalternatif @nycalternatif
Le National Model United Nations: l’ONU des étudiants à New York

Deux membres de la délégation d'UN'ESSEC représentant l'Albanie à la simulation de l'ONU cette année à New York

Chaque année depuis 1946 se tient à New York le National Model United Nations (NMUN), une des plus grandes et prestigieuses simulations des Nations Unies officiellement parrainée par l’ONU. Les pays membres et différentes organisations non gouvernementales y sont représentés par 5702 étudiants provenant de plus de 340 écoles et universités du monde entier qui vont pendant 5 jours durant jouer les vrais diplomates . La simulation se déroule entièrement en anglais.

Aujourd’hui entretien avec Marion Maurice, étudiante à l’ESSEC et récente présidente d’UN’ESSEC.

1) Qu’est ce qu’UN’ESSEC?

UN’ESSEC est l’association étudiante de l’ESSEC qui participe à la simulation de l’assemblée générale des Nations Unies à New York. Cette année, 13 membres de l’association se sont rendus à la 65 ème édition qui se tenait du 19 au 23 avril à l’hôtel Sheraton à Central Park.

Le National Model United Nations: l’ONU des étudiants à New York

La délégation 2011 d'UN'ESSEC

2) En quoi consiste la simulation?

Pendant une semaine, nous devons défendre l’Albanie et ses intérêts face à toutes les autres délégations dans les six différents comités de la simulation. Ce qu’on appelle comité, c’est l’ensemble des pays présents pour débattre d’un thème particulier. Il y a donc six thèmes où l’Albanie sera représentée, des thèmes aussi variés que la propriété intellectuelle, la prolifération nucléaire ou le trafic d’êtres humains. Notre but : imposer les vues du pays que l’on représente dans les résolutions finales prises au sein de chaque comité.

3) Qui prend en charge les frais relatifs au voyage?

Malheureusement pour nous, l’association étant très récente, nous devons tout débourser de notre poche. C’est pourquoi nous sommes actuellement en recherche active d’un sponsor financier.

4) Quelle a été votre préparation avant la simulation?

Nous avons été accompagnés par ESSEC IRENE, l’Institut de Recherche et d’Enseignement sur la négociation (des enseignants chercheurs dont les cours sont les plus demandés à l’ESSEC, ils forment les diplomates français et ont remporté cette année un appel d’offre du Ministère des Affaires étrangère pour assurer la formation des diplomates à mi-carrière.) Ils nous ont notamment aidés à recevoir des intervenants de grande qualité pour la table ronde « Bouleversements arabes : quels défis pour la diplomatie française et européenne ? » que nous avions organisée à l’occasion du Diplomacy Day.

D’autre part ce qui nous a beaucoup aidé à New York, c’est un pré-sommet que nous co-organisons avec l’ESCP. Il regroupe les grandes écoles de commerce françaises et Sciences Po sur le campus de l’ESCP à Londres. Nous étions répartis dans trois comités traitant : les enjeux liés à l’eau, le déplacement des guerres dans le monde, la prolifération nucléaire. Cela nous a permis de nous familiariser avec l’aspect très formel de la prise de parole aux Nations Unies, d’apprendre à connaître des étudiants des autres écoles (nous étions 150 par terre à chanter « couchéééés si t’es un Français » dans les rues de Londres

;)
), à incarner un pays… Nous devions être coachés par ESSEC IRENE mais cela n’a pas pu être possible cette année pour des questions de disponibilité, nous allons renforcer cet aspect cet année.

5) Sur place, comment vous êtes vous organisés?

Durant une première phase de préparation générale, les membres de l’association font par groupe une petite synthèse des sujets majeurs touchant aux pays, dont tout le monde doit avoir connaissance (situation politique, économique, liens avec l’Union européenne, trafics de drogue et d’êtres humains…) . Nous nous envoyons les synthèses et nous retrouvons au cours de petites réunions pour que chacun présente le résultat de ses recherches.

Ensuite commence la rédaction des Position Papers : nous sommes affectés par groupe de deux sur chacun des comités siégeant à l’ONU. J’étais par exemple à l’OSCE, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. Chaque groupe doit déterminer l’ordre des trois sujets qui seront abordés et justifier cet ordre précis. Cette partie est très importante car la plupart du temps les négociations prennent tellement de temps que seul un, parfois deux sujets seront abordés. Chaque groupe détermine donc cet ordre et annonce par écrit sa position face aux trois sujets avec des formulations et un vocabulaire très précis. Cette année par exemple, dans le comité de l’OSCE, nous avions choisi de placer « Combating Human Trafficking » avant « Supporting the post-conflict stabilization and institution-building in Kyrgystan » car le premier sujet concernait directement l’Albanie (en tant que pays d’origine et de transit), que nous aurions donc plus de légitimité à nous exprimer, et surtout plus d’idées à avancer. Cette phase est très intéressante car nous devons vraiment nous plonger dans la politique du pays, rechercher toutes ses prises de position officielles, lire des précédentes résolutions de l’ONU… c’est réellement un travail en profondeur.

Autre dimension de la préparation : nous avons rencontré la présidente de NECAL, une association humanitaire qui œuvre en Albanie. Madame Brigitte Basin connait de nombreux politiques et la population albanaise, elle nous a donc offert une vision plus concrète du pays, nous permettant de prendre du recul par rapport à ce que nous avions pu lire.

Enfin sur place nous avons rencontré l’ambassadeur de l’Albanie auprès des Nations Unies. M. Hoxha est homme formidable, chaleureux, au français irréprochable, qui connait très bien son pays, dispose d’une culture immense. Bien qu’il puisse développer longuement un point, il revenait toujours aux questions qu’on lui a posées et nous y répondait sans langue de bois. Je dirais que c’est un homme réaliste mais optimiste quant au futur de son pays.

Le National Model United Nations: l’ONU des étudiants à New York

L'équipe UN'ESSEC 2011 avec le représentant de l'Albanie aux Nations Unies, Ferit Hoxha (au fond au centre)

6) Comment s’organisent les réunions de travail avec les autres pays?

A New York, nous participons à des séances formelles le matin, l’après-midi, et parfois même le soir jusqu’à 23h ! Ces séances formelles sont entrecoupées de « caucus », des sessions informelles de négociations avec les autres pays (en réalité des caucus sont demandés presque tout le temps, ils représentent donc en temps et en importance stratégique la majeure partie de notre travail.) C’est l’occasion de former des coalitions, discuter de ses idées, rédiger ensemble des drafts (qui ont pour vocation de devenir des résolutions) chercher le soutien d’autres pays…C’est assez amusant de voir des centaines d’étudiants en costumes assis en cercle sur les tapis du Sheraton avec leurs ordinateurs, leurs drafts imprimés, et tentant fiévreusement de convaincre leurs interlocuteurs.) Les plus courageux se retrouvent même en dehors des heures de travail, parfois jusqu’à 4h du matin !

Il faut savoir que dans de nombreuses universités, les étudiants sont notés sur cette simulation.

7) Les moments les plus forts pendant la simulation?

Certains ne peuvent être divulgués

;)

A part ça, la rencontre avec l’ambassadeur, on en est tous ressortis soufflés !

Le dernier jour, vote des résolutions dans l’enceinte des Nations Unies, la salle de l’Assemblée Générale est à couper le souffle. Les débats enflammés (parfois les étudiants s’échauffent, à noter cependant un Américain qui s’échauffe ça donne « Sorry but I guess I should disagree »!

;)
)

Les soirées multiculturelles au Sheraton (intéressant de deviner de quelle nationalité sont les danseurs), le Gala de clôture.

Et tout le reste : les footings/repos des diplomates à Central Park, les pérégrinations à Times Square, l’auberge de jeunesse à Harlem, le sushi à volonté le plus délicieux de notre vie, le Roof Top un soir à Lower Manhattan, les 4h d’attente pour prendre le ferry qui nous amenait à Ellis Island (et son musée de l’immigration), le MetropolitanOpera, les soirées dans les chambres d’hôtel…

Le National Model United Nations: l’ONU des étudiants à New York

Deux membres d'UN'ESSEC au sommet du Top of the Rock

7) Des récompenses existent-elles?

Il y a effectivement un système d’awards récompensant les délégations (avec un système de titres « outstanding delegation ».. Malheureusement du fait de notre jeunesse nous peinons encore à faire concurrence à la foule de délégations américaines surmotivées (par leur note certainement aussi), donc pas d’award cette fois, mais l’année prochaine on y compte bien !

8)
Des anecdotes à nous raconter?

Incarner un pays a un côté assez théâtral: une jeune blonde représentant l’Arabie Saoudite s’est même exprimée voilée ! La délégation d’Israël a fini son dernier discours en chantant « We are the world, we are the children… » ! (Attention cela n’est possible qu’à Londres, j’ai un peu dérivé, à New York c’est beaucoup plus exigeant/sérieux.)

Sinon, je dirai simplement que l’échange interculturel a eu lieu.

;)

Merci à Marion d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Le National Model United Nations: l’ONU des étudiants à New York

Cliquer sur l'image pour accéder au documentaire

Pour en savoir plus sur les coulisses de cette simulation, je vous conseille « Le monde en coulisse », un reportage passionnant réalisé par Julien Fréchette qui suit la délégation 2010 de l’université du Québec (réprésentant la Libye) Le documentaire, passé sur TV5 Canada est disponible en ligne gratuitement jusqu’au 1er septembre cliquant sur l’image ou à cette adresse http://video.tv5.ca/le-monde-en-coulisse.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Nycalternatif 2089 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazine