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Pourquoi, moi aussi, je soutiens Ségolène Royal

Publié le 27 juin 2011 par H16

C’était déjà officiel, mais ça y est, maintenant, c’est super-officiel, et vraiment sûr de sûr : Ségo se lance dans la bataille. Elle le sait : la présidence est pour elle ! Et le plus intéressant dans ce choix officiellement affiché, c’est qu’il reçoit même de « nombreux » soutiens.

Attention. Par nombreux, je ne veux pas dire que des millions de Français se sont déjà bousculés pour adouber de leur voix, ou par des cris d’ovation, la nouvelle candidate. Non non.

Je veux simplement dire qu’une poignée de députés a choisi de soutenir la candidature de la présidente de la Région Poitou-Charente et ils se sont même fendus d’une explication à ce sujet dans Le Monde. On les comprend : rallier Ségo sans publier ces informations essentielles aurait laissé planer un doute sur leur équilibre mental — ou leur probité.

Pour eux, c’est très clair : la Royal est seule capable de porter le « projet socialiste » à la hauteur de ce qu’attendent les Français. Elle est prête (comme le serait un dindon le 24 décembre au soir ?), et même habituée à se lancer dans de telles batailles :

Elle y est habituée comme elle est habituée à voir ses idées d’abord conspuées avant de s’imposer par l’évidence. De l’ordre juste à la démocratie participative, de la France métissée à la fraternité, du combat pour l’égalité hommes-femmes au pass contraception, il n’est pas une de ses propositions qui ne finisse par être reprise naturellement par ceux-là même qui les avaient d’abord vouées aux gémonies.

Étonnant, non ? Nos élus se rendaient compte qu’en 2006 et en 2007, les idées de Ségolène la faisaient passer pour folle. En 2011, ces idées sont jugées crédibles. Et immédiatement, nos braves politiciens en déduisent que ses idées n’étaient donc pas si mauvaises. Les autres conclusions (que le nombre de fous a augmenté progressivement, ou que la démagogie ambiante a nettement abaissé le niveau de santé mentale nécessaire pour passer inaperçu dans le public) ne sont même pas envisagées.

Pour eux, « la France traverse une crise à la fois économique, écologique, morale et sociale. » Pour l’économique, la morale et sociale, c’est parfaitement limpide, et ce n’est pas faute d’avoir fait du socialisme depuis tant d’années.

Écologique, en revanche, on se demande où ils vont pêcher ça. Ah oui, c’est vrai : avec les vendeurs de pousses bio qui filent des diarrhées sanglantes, il est effectivement plus que temps d’interdire les expériences écologiques…

Mais pour les Zamis de Zégolène, l’essentiel est là : la France part en sucette, et seule leur pouliche peut sauver la mise. En plus, ça tombe bien : elle est hardie, la Ségolène ; c’est elle qui propose.

Et ce qu’elle propose mérite une liste à puce, tiens :

  • l’interdiction des licenciements boursiers,
  • la mise en place d’un pacte de confiance avec les jeunes,
  • le soutien massif aux TPE/PME,
  • la création d’une Banque publique d’investissement.

(note : il y en a toute un litanie, mais comme ce sont ces points qui sont cités, je m'en tiens là, j'aimerai éviter des problèmes cardiaques)

On peut sourire.

Interdire des licenciements boursiers ne sera pas bien dur : d’une part, leur définition est plutôt floue, et la réalité qu’on veut recouvrir avec cette expression est généralement trop complexe pour pouvoir, simplement … être interdite. Autrement dit, du flan pour un ensemble de trucs législatifs louches qui existent déjà.

Le pacte de confiance avec les jeunes est un nouvel avatar de ces fumisteries vagues qui cumulent le honteux et le ridicule. Honteux parce qu’on peut se demander pourquoi le pacte doit être passé avec les jeunes, et pas les moins jeunes, voire les carrément vieux ou les grabataires. Ne sont-ils plus dignes de confiance ? Ou plus prosaïquement, dès lors qu’ils sont vieux, ils sont plus calmes et on n’a donc plus besoin de leur promettre grand-chose pour les tenir tranquilles ? Ridicule parce qu’on ne voit pas quel résultat, mis à part politico-démagogue, un tel bricolage peut amener.

Soit cela s’adresse aux « jeunes » qui cherchent à s’insérer dans la société, et dans ce cas, aucun pacte n’est nécessaire : les lois courantes suffisent. Soit cela s’adresse à d’autres « jeunes », les déçus, par exemple, et on se demande si la bisounoursie qui se cache derrière ce concept de pacte ne va pas se retourner violemment contre la Ségolène et ses vingt potes (et with a vengeance pour faire bonne mesure, parce que ces conneries, c’est avec notre argent, tout de même).

SégoléoEnfin, les deux autres propositions citées (le soutien « massif » — comme dans l’expression « or massif » — au PME, et la création d’un n-ième bidule républicain de succion fiscale) donnent une excellente idée de ce qu’obsession de l’interventionnisme veut dire : cela fait des dizaines d’années que l’État intervient et prétend favoriser les grandes, les moyennes et les petites entreprises, avec le résultat qu’on peut mesurer d’un tissu économique de plus en plus sinistré. Et on ne voit pas par quel miracle, quelle nouvelle poudre de perlimpinpin une nouvelle émanation d’investissements publics permettrait de réussir avec brio là où les précédentes ont médiocrement merdouillé ; OSEO, ça devrait vous dire quelque chose, Marie-Ségo, non ?

Enfin bon, au moins notre vingtaine d’élus fait-elle preuve de lucidité et admet sans rire après avoir balancé ces propositions : « la crédibilité a changé de camp. »

Oui, effectivement.

À la lecture des excellentes raisons qui allèchent l’élu anecdotique et le scotchent tendrement à leur égérie, on comprend qu’en réalité, il s’agit là encore d’un pur calcul politique, parfaitement en ligne avec ce que Royal a l’habitude de commettre sans aucune vergogne.

Se prétendant candidate « du peuple« , ce qui est passablement rigolo tant on voit mal un présidentiable quelconque se réclamer « de la bourgeoisie » ou « du patronat« , Ségolène montre par sa pure opération de communication, à quelques heures de la candidature officielle de la Maire de Lille, qu’elle ne cherche en réalité qu’un magnifique strapontin pour la phase 2 de son plan.

Soyons clairs : même s’il est vrai que Royal, à l’instar d’Aubry, a plus d’expérience du pouvoir, ses chances sont microscopiques.

À ce propos, il est piquant de noter que c’est justement celui qui a le moins été au contact des réalités gouvernementales, Hollande, qui se retrouve en meilleure position pour emporter la queue du Mickey dans le manège socialiste. Ce n’est pas fortuit : les autres ont déjà donné toute la mesure de leurs capacités, en fait. Il est toujours plus facile de dire qu’on sera génial que de prétendre l’avoir été quand le bilan des uns et des autres est facilement consultable…

En réalité, Ségolène sait fort bien qu’elle n’a pas la moindre chance de remporter les primaires socialistes, mais son objectif est à la fois bien plus modeste et beaucoup plus facile à atteindre : en se présentant ainsi aux primaires, elle ajoute à la confusion générale et à l’éparpillement des voix sur les deux candidats principaux. Toutes ces voix grappillées lui permettront de juteuses tractations pour se rallier au gagnant le moment venu, pour obtenir un maroquin replet dans un hypothétique gouvernement socialiste.

Un ministère d’État aux Désirs d’Avenir et à la Bravitude ?

Royal : la champagnitude attitude

Quoiqu’il en soit, tous ces éléments (la grouille aux primaires, l’agitation médiatique minable, des opérations de communication bancales, un programme au protoxyde d’azote) et la déconfiture qui se pointe à l’horizon me font souscrire à fond pour sa candidature.

Moi aussi, je soutiens Ségo !

D’ailleurs, je soutiens aussi Méluche (FdG), Poutou (NPA) — un nom qui fleure bon la République du Bisounoursland, ça — Arthaud (LO), la pléthore d’autres socialistes (comme par exemple le gentleman farmer Montebourg), les verts, et les cinq ou six autres candidats de droite. Allez-y, mes lascars ! Le résultat va être grandiose !

Et pour le pop-corn, lâchez-vous : c’est la République qui régale.


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