Cher Philippe,
Permets moi de t’exprimer en toute simplicité mon ressenti vis-à-vis de ta candidature, dont j’ai pris connaissance hier et qui appelle quelques réserves de ma part.
Non pas que je doute de tes compétences politiques et de tes capacités à représenter le NPA, puisque je ne te connais pas, mais il me semble que certains aspects de ta candidature, notamment celui de la communication, n’ont pas été véritablement pris en compte, voire négligés. Aussi, j’aimerais m’en entretenir avec toi.
Tout d’abord, permets moi de t’écrire ce que personne n’osera te dire en face : j’en veux un peu à ton parti, pourtant en danger de mort, d’avoir choisi un porte-parole avec un tel nom¹, qui risque d‘entraîner quelques railleries malvenues. Celles-ci pourraient te blesser et entacher l’image de sérieux de ton parti. De plus, il me semble que l’attente de combativité envers un parti qui se veut anti capitaliste pourrait en souffrir. Hélas, pris au saut du lit devant ce Poutou là, on ne peut que t’imaginer bien gentil et bien brave. Et si tu t’évertuais à nous prouver le contraire, ce ne serait certainement pas mieux venu…
Ensuite, deuxième point négatif de cette candidature, et non des moindres, vis-à-vis duquel le précédent est anecdotique, personne ne te connaît, même pas moi, qui suis pourtant blogueur politique. Si, étant pourtant d’une gauche de combat moi aussi, je ne sais pas qui tu es, alors, tu penses, les autres… D’ailleurs, quand je demande autour de moi ce que l’on pense de Monsieur Poutou, la réaction est unanime : « cékiça » ? je ne crois donc pas que le NPA puisse véritablement s’enorgueillir de se présenter à n’importe quel prix à ces élections présidentielles, au risque de te voir rangé dans le domaine des candidatures insolites et anecdotiques, comme celle de Jean Mallot.
Le fait que tu sois ouvrier dans l’automobile peut éventuellement constituer un atout vis-à-vis de ton électorat privilégié, et je suppose que ce doit être perçu et réfléchi ainsi au NPA, dans ses instances dirigeantes… Mais les autres, y avez-vous pensé ? Ne risquent-ils pas de trouver cela un peu léger, comme formation et comme expérience politiques ?
Un candidat à la présidentielle ne peut pas être élu exclusivement par ses pairs, et tu seras donc jugé pour cela aussi, et pas forcément en bien, malheureusement… voire à ton détriment, comme de celui des plus humbles. En tous les cas, c’est mon avis : tes 44 ans, ton titre de représentant CGT à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde) pèseront bien peu face à la horde de chacals devant laquelle tu vas très vite te retrouver… Si tant est que la classe médiatique dominante te fasse l’aumône de te donner la possibilité de débattre avec ce genre d’individus, passé le premier temps de la curiosité.
J’ai lu quelque part que ton message s’adresse d’abord au Front national en ces termes :
« Le seul candidat ouvrier dans cette campagne présidentielle sera anti-extrême droite. Le Front national qui se revendique premier parti ouvrier de France, c’est de l’usurpation ».
Certes, je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il y ait tromperie sur la marchandise à se revendiquer candidat du peuple pour cette Marion Anne Perrine qui a vécu une enfance dorée à l’abri du Parc de Montretout, et riche héritière d’un (très) riche héritier, née qui plus est à Neuilly comme notre président des plus riches…
Mais franchement, bien que ton combat soit aussi le mien, crois-tu vraiment que tes 2 % soient suffisants pour lutter à armes égales contre le front National ? Penses-tu sincèrement pouvoir entraîner à toi seul l’électorat populaire à passer d’une droite xénophobe et capitaliste à une gauche qui représenterait vraiment leurs intérêts, qui ne sont certes pas dans les discriminations qu’on leur assène, gouvernement compris ?
Ton parti poursuit donc sa logique dévastatrice d’isolement dans l’effritement, se séparant à chaque échéance, pan après pan, de ses forces militantes, comme s’il était mu par une volonté dramatique et inconsciente d’auto suicide.
Pourtant, ces 2 % là auraient eu davantage de sens et d’efficacité s’ils avaient renforcé le poids du Front de gauche, dans lequel toi et les tiens auraient été d’autant plus bienvenus que certains (anciens) membres du NPA ont déjà fait ce choix, sans y perdre pour autant leur âme. Ce fut d’ailleurs le vœu d’une partie non négligeable des forces militantes rescapées qui se sont exprimées ce week-end, si mes sources sont dignes de confiance (42 %, c’est bien ça ?).
Mais manifestement, vous préférez boire la coupe de l’isolement jusqu’à la lie, et c’est là un bien triste reflet d’une gauche de combat dont je partage pourtant tellement les idéaux, les thèmes de révolte et de débat politique, dont cet anticapitalisme résolu, face à cet hydre qui décime déjà sous nos yeux impuissants des populations entières.
Le combat est certes éminemment nécessaire, mais nous n’avons aucune chance de le gagner chacun dans notre coin. La bête est trop puissante, et l’argent, moteur de cette guerre, au moins aussi économique que sociale, n’est pas de notre côté, tu le sais bien.
Alors, qu’attendons nous pour regrouper nos forces, bordel de M… (censuré) !!!
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Vous voulez vous faire une petite idée des capacités de Monsieur Poutou ? C’est ici.
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¹ je sais, bien sûr, ce n’est pas très politiquement correct de l’évoquer, puisque tu n’es pas responsable de ton patronyme, mais c’est un élément à prendre en compte également, de manière purement rationnelle.