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Alors, las de toujours t’attendre, j’ai tourné le dos à tes silences.
Tu jouais avec les hommes en les affublant de tes déclarations intempestives.
Il n’était jamais assez de caprices à ton âme d’enfant gâtée.
Et toujours ce que tu refusais d’avouer :
Ta soif d’assouvir le puits sans fond de tes désirs.
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Tu changeais de compagnon comme d’autres changent de chemise.
Tu étais grande collectionneuse sous le regard d’étoiles affolées.
Toujours tu laissais sur le bord de ta route,
Tes soupirants hagards et battus, desséchés et perdus.
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Ce que tu nommais amour ne pouvait être qu’éphémère soupir.
Jamais tu ne pouvais envisager la moindre pause.
Qu’un homme tombe en ton escarcelle,
Déjà ton cœur avide vrillait tes pupilles en d’autres cœurs.
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Et toujours tu passais de nuits en jours
De bras en bras sans jamais assouvir ta soif.
Ceux qui avaient commis l’erreur de croire en tes paroles
Restaient, piteux, dans la poussière du chemin,
Quand, d’un talon aiguille rageur,
Tu n’achevais pas leur complainte.
*
Folie meurtrière des hommes,
Vengeances stupides des femmes,
Tu affichais avec arrogance
Les médailles d’une guerre
Fatale, insensée et vaine.
Tu ignorais venger d’autres querelles
Etre l’objet d’enjeux qui te dépassaient.
.
Tu n’étais que le pâle reflet d’un monde
Qui ne sait que séparer ceux qui s’aiment
Et attendre avec volupté que leurs pas
Sur le sable du temps s’effacent.
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Manosque, 27 mai 2011
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