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Maria, une amie de la France très déçue

Publié le 10 février 2008 par Philippe Delage

Maria, touriste mexicaine refoulée à Roissy : la France a perdu une amie. Voici en détails l'histoire malheureuse de Maria, une mexicaine venue visiter de la famille en France et qui se souviendra longtemps de son bref séjour à Paris. Merci à Nicolas... La France à perdue une amie et vous avez perdu un électeur car vous multipliez à mon avis les erreurs et ce ne sont pas les déboires actuels qui sévissent au sein même de votre gouvernement ou de votre action qui me contrediront.

Maria Gonzalés est une jeune femme élégante de 35 ans... c’est bien ! Elle est professeur... belle profession ! Elle est mariée à un professeur... rien à dire ! Elle est maman de trois beaux enfants... parfait ! Elle est Mexicaine et aime la France... tout est super ! Elle a un passeport en règle. Elle décide de venir voir sa cousine, étudiante et jeune fille au pair en région parisienne. Aucun problème à l’horizon ! Sa soeur organisera son séjour... vive la famille !

Maria prend d’abord un billet open, car elle ne sait pas exactement la date de son voyage. Lundi 26 novembre, la voilà finalement dans l’avion. Vol sans problème. A 9 heures, sa cousine Karla attend à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. L’avion a atterri depuis déjà quelque temps, mais elle attend toujours.
Personne ne peut dire où est Maria, qui ne parle pas un mot de français. Sa cousine est inquiète, elle remue ciel et terre. On lui conseille enfin de voir la Croix rouge, qui lui apprend que Maria est à la Zapi 3, le centre de rétention de l’immigration.
On précise à Karla que Maria n’a le droit de communiquer ni avec sa famille au Mexique ni avec sa famille en France.

Que lui reproche-ton ? Des choses extrêmement graves : ne pas avoir une attestation signée de logement (avec preuve d’identité) ou une réservation ferme d’une chambre d’hôtel. Mais aussi de ne pas avoir une attestation d’assurance de rapatriement en bonne et due forme même si elle possède une carte bleue, ne pas avoir non plus la somme minimale de 25 euros par jour pour toute la durée du séjour. Sa cousine met du temps à comprendre tout ce qu’on demande à Maria. C’est la Croix rouge qui lui indiquera que le centre de rétention exige toutes ces preuves.

C’est alors que la cousine de Maria me téléphone (pas à moi mais à la personne qui a écrit l'article). Pas de problème : je veux bien prouver qu’il y a une chambre chez moi pour Maria, que connaît bien mon fils, qui vit au Mexique. En fait, il m’arrive souvent de prêter une chambre aux amis mexicains de mon fils. Il n’y avait jamais eu de problème à l’arrivée à Roissy jusque-là, alors que je n’ai jamais fourni d’attestation de logement, pourtant !

Le temps de comprendre tout cela, il se fait tard et le centre de rétention ne répond plus. C’est à l’aube, le 27 novembre, que je pars en direction de l’aéroport, toutes mes attestations sous le bras. Il se révèle alors incroyablement difficile de trouver comment se rendre au Zapi 3, dans la zone fret. Pas de taxi pour le centre de rétention. Ce n’est pas du tout indiqué, et aucun taxi ne veut s’y rendre : Pas assez rentable. On prend finalement un autobus jusqu’à un bâtiment sans nom en rase campagne, gris avec des petites fenêtres et des grillages très hauts.

On sonne, une voix demande ce que nous voulons. On nous répond que l’on ne rentre pas comme ça dans ces locaux. Je me fâche un peu et on nous laisse entrer. Je frappe à une porte, on me répond qu’il faut attendre : seule la police a le droit de se déplacer.

On attend. Un policier sort du bureau et nous demande pourquoi nous avons fait intrusion. Il prend tous mes papiers, justificatifs et autres preuves d’identité, et part en nous plantant là au milieu du couloir.

Le voilà de retour. Maintenant que tout est OK, peut-on voir la « coupable » ? Non. Peut-on lui parler ? Non. On nous suggère de rappeler vers 15 heures.

Je commence à avoir des hallucinations. Que manque-t-il ? Rien : « Si elle avait eu ces papiers à l’arrivée, il n’y aurait pas eu de problème. » Va-t-elle sortir, alors ? Non. On nous explique que, puisque la procédure a commencé, il y a de grandes chances pour qu’elle soit remise dans l’avion.

Pour la joindre, on nous donne vingt numéros de téléphone. On ne peut toujours pas voir la « coupable ». Comme j’insiste, on nous dicte vingt numéros de téléphone correspondant aux cabines téléphoniques se trouvant dans les couloirs du centre au niveau des chambres des « expulsables ». On nous demande de partir. On nous dit que « c’est les nouvelles directives, un point c’est tout ».

Grâce à la Croix rouge, sa cousine parvient à téléphoner à Maria, qui ne comprend toujours pas pourquoi elle est enfermée. Elle dit qu’elle a passé une nuit affreuse.

A midi, on nous apprend que Maria n’est plus au centre, mais en zone d’expulsion. On me laisse entendre que si Maria refuse l’embarquement, elle reviendra au Zapi et repassera demain devant un autre instructeur, qui sera sûrement « moins rigide » !

A trois heures, je rappelle. « On » ne sait pas, je m’énerve un peu. On confond avec un autre cas de demandeur d’asile. Je deviens folle. Dix minutes plus tard, on me dit que Maria a été embarquée sur le vol Aeromexico AM005 de 14 h 10.

Je crois que la France vient de perdre une amie.

Je crois aussi qu'en agissant ainsi la France a frôlée l'incident diplomatique. Faut il arrêter les vols avec le Mexique ?


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