L'Institut de veille sanitaire, dans son dernier bulletin, décrit une évolution plutôt à la hausse des infections sexuellement transmissibles en France, avec un groupe toujours particulièrement à risque, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes: Siphilis en légère diminution mais “sous vigilance”, recrudescence de la lymphogranulomatose vénérienne, progression importante des infections à gonocoques, sans oublier les infections au VHB pour lesquelles plus de la moitié des personnes porteuses ignore leur séropositivité. Un état des lieux préoccupant qui nécessite un renforcement des campagnes d'information, de prévention, de dépistage et de vaccination.
La lymphogranulomatose vénérienne (LGV), qui avait disparu dans les années 1980, réapparue en 2003 pour diffuser depuis dans le monde entier est la troisième MST/IST bactérienne en recrudescence actuellement. Il s'agit d'une souche très particulière, la ”L2b” responsable essentiellement d'anorectite cantonnée à une population homosexuelle.La surveillance basée sur un réseau de laboratoires montre un nombre de LGV en augmentation en 2007 (170 cas) et en 2008 (191 cas) par rapport à 2005 (117 cas) et 2006 (140 cas) puis une diminution en 2009 avec 160 cas. Le diagnostic est réalisé chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), séropositifs pour le VIH dans 90% des
cas.
La syphilis est-elle en recrudescence en France? Le système de surveillance à participation volontaire mis en place en 2000 permet de décrire l'évolution des infections. Entre 2000 et 2009, 4.022 cas de syphilis précoces ont été notifiés. L'augmentation constatée en 2007 est suivie ces 2 dernières années par une diminution du nombre de cas, majoritairement constatés chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (83%). Mais l'Institut précise qu'il pourrait aussi s'agir des limites du système de surveillance ou d'un retard au diagnostic.
Progression importante des infections à gonocoques, justifiant de rester vigilant: L'analyse des données de surveillance permet de décrire l'évolution des infections à gonocoques en France entre 1996 et 2009 et de décrire les caractéristiques des malades et des souches. Le nombre moyen de gonocoques isolés par an et par laboratoire actif (Ng/lab/an) est en nette progression (+52%) entre 2008 (4,16 Ng/lab) et 2009 (6,32 Ng/lab), et ce pour les deux sexes et dans l'ensemble des régions. Le nombre de cas déclarés chez les hommes ayant des rapports avec des hommes (63%) est toujours supérieur au nombre de cas déclarés chez les hétérosexuels (38%). Les proportions de souches avec une diminution de la sensibilité à la ceftriaxone ont augmenté ont augmenté de 8,7% en 2007-2009, et de 8% en 2008-2009, marquant ainsi l'augmentation de l'antiobiorésistance de ces souches.
L'infection par le virus de l'hépatite B est aussi une maladie sexuellement transmissible: Si la France appartient aux pays de faible endémie, avec une prévalence de l'Ag HBs estimée à 0,65%, plus de la moitié des personnes porteuses ignore leur séropositivité et la transmission de l'hépatite B par voie sexuelle reste préoccupante. C'est le principal mode de transmission de l'infection soit plus de 35% des cas notifiés d'hépatites aiguës B symptomatiques. Le fait que l'homme soit l'unique réservoir du virus permet d'envisager une prévention très efficace de cette infection par la vaccination, mais les couvertures vaccinales des nourrissons et des adolescents en France sont encore très insuffisantes, n'atteignant pas 50%. C'est donc par la vaccination ciblant non seulement nourrissons et préadolescents, mais aussi les nouveau-nés de mères porteuses de l'Ag HBs et les personnes à risque accru d'infection par le VHB mais également par la mise en place de mesures de prévention dont le dépistage des proches que la transmission pourra être enrayée.
Syphilis et gonococcie, à incubation courte, sont des maladies sentinelles, constituant un véritable observatoire de la sexualité des populations, leur surveillance est donc particulièrement importante, rappelle l'InVS. Cette surveillance montre aujourd'hui que les campagnes d'information sur les risques de transmission des IST, dont la syphilis congénitale, sont plus que jamais souhaitables. Tout comme les mesures de prévention sur les cibles à isque élevé.
Source: InVS- BEH 5 juillet 2011 / n° 26-27-28
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