Oui, j’ai toujours rêvé d’être une Diva. Par la nana qui chante à l’opéra, non. Pas la diva du dancing non plus. Non, je parle de la Diva du boulot. Vous ne connaissez pas la Diva du boulot ? Je suis sûre que si,il y en toujours une dans les boîtes. La Diva du boulot est une espèce à part. Pour la résumer on pourrait dire qu’elle pète plus haut que son cul, qu’elle prend les gens pour des cons, et surtout qu’elle ne doute de rien et surtout pas d’elle-même. La Diva du boulot préfère le mot assurance au mot compétence. Elle est tellement sûre d’elle que ça déteint de partout, et que tout le monde est convaincu qu’elle est indispensable pour faire tourner la boîte. J’ai essayé de cerner le secret des Divas. Parce que j’en ai côtoyé quelques unes, avec plus ou moins de bonheur. J’ai voulu percer le secret de la Divattitude. Pour ce faire, j’ai examiné la journée « type » d’une Diva. Déjà, la Diva arrive à 10H00, totalement décontractée de l’escarpin, en saluant tout le monde comme la reine mère dans son carrosse. C’est la première différence entre elle et moi. Moi qui arrive toujours à l’heure et qui, si ça n’est pas le cas, me glisse furtivement derrière mon bureau, suintante de culpabilité, en fuyant le regard réprobateur des collègues. Ensuite, la Diva convoque ses équipes. Sa chaise est un trône, et devant elle, défilent les sujets. A midi, la Diva part déjeuner avec d’autres Divas où elles se racontent des histoires de Divas. C’est quoi des histoires de Divas ? Des trucs tout bêtes genre « comment humilier le petit personnel » ou « comment reconnaître une Diva d’un simple coup d’œil et ne surtout pas la recruter » Car il n’y a qu’une Diva par boîte. Deux Divas, et c’est le charnier assuré. Les DRH l’ont bien compris. Donc, la Diva rentre de son déj à 14H45 d’un pas assuré. Elle se pointe en réunion, la dernière bien sûr. Elle fait son entrée telle Liz Taylor foulant les marches du festival de Cannes. Elle salue tout le monde, surtout ceux qui ont du pouvoir. Pose ses gros dossiers en soufflant un peu pour montrer qu’elle bosse et là, oui là, elle sort sa plus belle panoplie de Diva : le ton tranchant, le regard hautain, elle prend toute la place. Elle assène, et tout le monde s’écrase : « Mais enfin Valérie, vous voyez bien que ce cahier est noir ». « Euh, ben j’sais pas, j’avais plutôt l’impression qu’il était gris ». Voilà, la diva dans toute sa splendeur, sûre d’elle, arrogante comme il faut, tellement convaincue d’être belle que même la moquette se pâme devant elle. Mais pourquoi j’ai pas le gène de la Diva moi ? Même « petite Diva » ça m’aurait convenu, une Divette. Les Divas ne sont pas les plus compétentes, loin de là, mais elles ont la compétence de le faire croire, et ça, ça me laisse rêveuse. Toute ressemblance avec des personnes existantes et que j’ai côtoyées n’est absolument pas fortuite. Oh que non.