Alassane Ouattara : le choix de la cohérence pour reconstruire

Publié le 01 juillet 2011 par Joris98

Une fois le graal atteint, le plus dur commence pour les hommes d’Etat qui accèdent au pouvoir. La crise politique ivoirienne n’a fait que dramatiser encore les enjeux à relever pour le nouveau président qui a fait le choix de la cohérence et de la détermination pour réconcilier les Ivoiriens au risque de mécontenter parfois ses partisans.  


Pendant les semaines de réclusion dans son hôtel d’Abidjan, Alassane Ouattara semble avoir médité la politique à mettre en œuvre pour relancer la Côte d’Ivoire économiquement et rebâtir la confiance entre les communautés nationales.Depuis son investiture, il a maintenu coûte que coûte (et malgré quelques grincements de dents) les priorités qu’il avait énoncées au soir de l’arrestation de Laurent Gbagbo : réconciliation et reconstruction.

C’est dans cette logique de réconciliation et d’apaisement que le nouveau président ivoirien a décidé la semaine dernière de libérer dix-sept personnalités proches du camp de Laurent Gbagbo, qui étaient jusqu’alors retenues à Abidjan à l’hôtel Pergola.

Le ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, qui a fait l’annonce officielle de cette décision, a d’ailleurs refusé de parler de « libération », assurant que « la majorité » des personnalités sorties de cet hôtel n’étaient pas visées par des assignations à résidence et avaient sollicité « la protection de l’Etat », craignant pour leur sécurité après la chute de Laurent Gbagbo.Une décision de clémence, qui vise à tuer dans l’œuf le cercle vicieux de la vengeance entre vainqueurs et vaincus, mais qui a été critiquée par certains proches d’Alassane Ouattara, qui n’acceptent pas de voir les bourreaux de la veille rentrer paisiblement chez eux.

Mais le président ivoirien a choisi de passer outre ces reproches et d’imiter par l’action la politique d’apaisement qu’avait menée après la seconde guerre mondiale le général de Gaulle pour ne pas monter les Français les uns contre les autres.

Alassane Ouattara est allé plus loin dans sa volonté de réconciliation nationale et a demandé au Premier ministre Guillaume Soro de poursuivre tous les responsables, y compris donc dans son propre camp, des exactions commises pendant les troubles post-électoraux.

C’est aussi dans une logique de reconstruction, et plus particulièrement de reconstruction économique, que le chef d’état a décidé de diligenter des audits de la gestion des entreprises publiques.Pas moins de 43 entreprises publiques sont concernées par cette opération mains propres d’une ampleur inédite en Afrique de l’Ouest.

C’est en économiste et ancien du FMI qu’Alassane Ouattara pousse à la mise en œuvre de ces audits qui doivent apporter rigueur et transparence pour ramener la confiance des investisseurs internationaux.L’audit va ainsi permettre de fixer l’opinion nationale et internationale sur les forts soupçons de malversations attribuées au régime de Laurent Gbagbo.

Il aura aussi l’avantage de donner aux nouveaux responsables une idée précise de la situation de ces entreprises publiques afin d’appliquer les décisions adéquates et surtout, de pouvoir dresser un bilan de leur évolution dans les années à venir.