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Pathétique (suite)

Publié le 01 juillet 2011 par Toulouseweb
Pathétique (suite)La rentabilité du transport- aérien reste marginale.
Le salon du Bourget a suscité une étonnante euphorie, largement irréfléchie, suscitée par l’avalanche de contrats annoncés par Airbus. Boeing, Bombardier, Embraer et d’autres ont également signé des contrats, ces avionneurs entraînant ŕ leur suite motoristes, partenaires, sous-traitants et équipementiers. L’annonce du renouvellement prochain d’une partie de la flotte d’Air France-KLM, précipitée au premier plan de l’actualité par un député protectionniste, a également contribué ŕ conforter ce sentiment de prospérité retrouvée. D’oů, trčs logiquement, une impression confortée de nette reprise du transport aérien, qui serait ŕ nouveau promis ŕ des jours meilleurs. Or, autant voir les choses en face, il n’en est rien !
En effet, les compagnies aériennes affichent plus que jamais une situation faite de contrastes et, surtout, de contradictions. Tout indique, en effet, qu’elles continueront de bénéficier d’un croissance soutenue du trafic se situant entre 4,9 et 5,1% par an, et cela avec une visibilité supposée ŕ 20 ans. De quoi susciter l’optimisme.
En revanche, et c’est lŕ que le bât blesse plus que jamais, la rentabilité reste marginale, sinon nulle. L’IATA a revu ses prévisions ŕ la baisse pour 2011 et prévoit que ses membres (qui assurent 93% du trafic mondial) dégageront tout au plus 4 milliards de bénéfices, soit 0,7% de leurs recettes. A la veille de son départ en retraite, Giovanni Bisignani, directeur général du groupement professionnel, trouve lŕ une ultime occasion de dénoncer un résultat dérisoire, Ťpathétiqueť.
Aucune analyse crédible de cette situation n’apporte l’explication tant espérée. Bien sűr, il est constamment question du prix élevé du pétrole, des problčmes conjoncturels qui se succčdent ici et lŕ, quand ce ne sont pas les conséquences néfastes d’un accident nucléaire ou celles d’éruptions volcaniques. Tout cela est évidemment exact mais conduit aussi, sempiternellement, au męme constat : les compagnies sont incapables de tenir compte de la réalité de leurs coűts et de la répercuter sur leurs grilles tarifaires. D’oů, c’est devenu banal, l’annonce par Giovanni Bisignani d’une année 2011 difficile, comme le furent beaucoup d’autres, affectant un secteur qu’il qualifie pudiquement de Ťtrčs fragileť.
Navigant dans un océan d’incertitudes, les compagnies européennes, un moment ŕ la traîne, se défendent correctement. Les statistiques les plus récentes, celles du mois de mai, font état d’une progression de 10,9% de leur trafic passagers et d’un coefficient d’occupation de 77,7%. Ce point de repčre mérite qu’on s’y attarde dans la mesure oů il traduit une poussée de la demande qui tient du rattrapage. Lequel existe bel et bien, au lendemain de moments de basse conjoncture, et apparaît clairement dans les statistiques.
La remarque est moins banale qu’il n’y paraît. Nombre d’experts évoquent fréquemment, en effet, des Ťannées perduesť, allusion ŕ des périodes de croissance envolées ŕ la suite d’événements divers. Cette analyse est en grande partie erronée et, ŕ ce propos, le Cabinet ID Aéro dit clairement que Ťla théorie fausse du marché définitivement perdu ŕ cause de la crise n’est pas qu’une affaire de prévisionnistes ou de spécialistesť. Dčs lors, Ťl’affirmation d’une perte durable de 2 ans de croissance 2008/2009 constitue la męme erreur qu’en 2001/2003ť.
Ladite erreur peut avoir des répercussions nombreuses, notamment dans l’industrie aéronautique. Elle risque en effet de peser sur des décisions importantes, notamment en matičre de cadences de production des avions les plus demandés, maintenues ou réduites sur base de critčres sans vrais fondements. Un travers dont l’IATA elle-męme n’est pas exempte, Giovanni Bisignani ayant il n’y a pas trčs longtemps, incité Airbus et Boeing ŕ réviser ŕ la baisse, sans tarder, leurs plans de production pour éviter que leurs parkings ne se retrouvent encombrés d’appareils destinés ŕ des clients devenus insolvables. Or Seattle, Toulouse et Hambourg sont et restent en phase de croissance… Le génie capable de mettre bon ordre dans le secteur se fait attendre.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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