Marais salants vus d'avion
Nous voici dans un trou perdu, où nous avons dû faire escale, faute de places disponibles jusqu’à Florès.Le bureau de Merpati à l’aéroport ne peut faire les réservations (!), nous nous rendons en ville puisque, de toute façon, nous devons au moins passer une journée à Bima. Pas de chance, c’est vendredi, c’est musulman, c’est l’heure de la grande prière, c’est fermé.
Allons déjeuner. Voulez-vous un petit topo personnel sur la nourriture indonésienne ? En France, dans tous les restaurants indonésiens, on propose une table de riz ou rijstaffel. Ici, il n’y en a nulle part sauf, peut-être, dans les restaurants de luxe, car c’est en fait un menu dégustation inventé par les Hollandais, destiné à faire découvrir la nourriture locale.Pour nous, les plats qui reviennent le plus souvent sont le riz frit - nasi goreng -, et les nouilles sautées - bami goreng - avec des légumes, ou de la viande en petits morceaux.Mon plat préféré, celui sur lequel je fais des études quasi journalières s’appelle le gado gado (ou gado 2). Il s’agit d’un assortiment de légumes cuits - épinards, pommes de terre, haricots verts, germes de soja, etc.- mélangé avec des cubes de tofu, le tout recouvert d’une épaisse sauce marron à base de cacahuète et piment. Il est souvent nécessaire de tempérer la “chaleur” du piment par une assiette de riz blanc.Les fruits sont excellents ; papayes, pastèques, ananas, et nous découvrons en Indonésie 36 sortes de bananes toutes plus délicieuses les unes que les autres. Il existe également un fruit en forme de figue, à la peau de lézard : le salak croquant et acidulé dont c’est la pleine saison. Fin du chapitre culinaire.
Après le déjeuner, nous retournons au bureau de Merpati : un billettiste est occupé avec un client ; autour de lui, ses collègues bavardent joyeusement devant le distributeur de boissons, un autre va ranger sa bicyclette dans le bureau du fond, bref, tout le monde est bien occupé ! On aurait dû emporter de la lecture.Après un certain temps, c’est notre tour : “Nous aimerions réserver deux places pour Labuanbajo demain, s’il vous plaît.” (surtout rester polie).Le type fronce les sourcils en regardant fixement les billets que je lui tends : “Il faut revenir demain matin”, dit-il.- Mais, le vol décolle le matin, que je lui réponds en essayant de rester calme.- Nous devons attendre la liaison radio avec Den Pasar qui centralise les réservations, rétorque-t-il, on ne sait jamais si on va pouvoir les joindre.Nous décidons d’attendre. Quel miracle ! Cinq minutes plus tard, nos places sont confirmées par une voix sortie de 20 000 lieues sous les mers, et nos deux noms viennent s’ajouter à la liste manuelle, raturée et fléchée dans tous les sens. Apparemment, nous partons demain.