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[France Sarkozyste] « J’étais cadre, je suis travailleuse pauvre »

Publié le 02 juillet 2011 par Yes
« Assistante de vie, c'est le plus beau des métiers, mais ce n'est pas payé. » « Assistante de vie, c’est le plus beau des métiers, mais ce n’est pas payé. » Retrouver un travail ne signifie pas toujours obtenir un salaire décent. La Nantaise Isabelle Moreau, 49 ans, ancienne responsable de communication, est assistante de vie. À 9,20 € bruts de l’heure.

« Je suis une travailleuse pauvre. Je gagne 800 € par mois. Tout compris, mon logement en HLM me coûte 400 €. Il me reste 400 € pour la mutuelle, l’assurance auto, la nourriture… On développe des astuces. Fini le gaspillage, avec du vieux on fait du neuf.

Et j’ai des crédits contractés par le passé à rembourser. Quand le chômage vous cueille, il faut continuer à payer… Du coup, la moindre dépense imprévue m’angoisse. Ma voiture a dix ans, j’ai peur qu’elle tombe en panne.

J’ai absolument besoin d’un véhicule pour mon travail. Salariée d’une entreprise depuis un mois, je suis assistante de vie à domicile, auprès de personnes âgées dépendantes. Cela consiste dans des soins : la toilette, le lever, l’habillage etc. Également la préparation des repas, l’accompagnement administratif, l’entretien du cadre de vie, l’échange.

Je travaille 108 heures par mois. J’aimerais faire davantage d’heures, en assurant un complément à mon compte. C’est compliqué, car mon entreprise me demande une certaine disponibilité.

« Ils me voient comme une bonniche »

C’est un beau métier, je le trouve chaque jour plus gratifiant. Je reçois des témoignages de vie superbes. Mais ce n’est pas payé : 9,20 € bruts de l’heure (le Smic est à 9 €). J’ai tourné une page de ma vie professionnelle, que j’aimais beaucoup. J’ai retroussé mes manches, j’ai fait une formation de six mois car les employeurs sont à la recherche d’une main-d’oeuvre qualifiée. Je trouve injuste le manque de reconnaissance. Et heureusement que je n’ai pas d’enfants. J’aurais du mal à les faire vivre correctement.

Quant au regard de la société, je ne vous dis pas. En gros, si je suis dans cette situation, c’est de ma faute. Pas du tout ! Notre vie peut basculer sur un claquement de doigts. Je passe sur certaines indélicatesses d’amis, ou plutôt d’anciens amis. Ils me voient comme une bonniche, alors que ce n’est pas du tout ça. À leurs yeux, passer de cadre à assistante de vie, c’est une déchéance pour moi. Je pense qu’ils le disent surtout par méconnaissance, mais ça blesse.

Auparavant, j’ai été responsable de communication d’une collectivité pendant quinze ans. Je suis partie pendant un an faire de l’humanitaire. Ensuite, j’ai enchaîné divers postes, toujours dans la communication. Mais à partir de 2005, les choses sont devenues plus compliquées. Passé 45 ans, ça devient difficile. Depuis 2009, on ne m’a plus rien proposé, sans qu’on me donne de raison précise. Ça fait culpabiliser.

Des gens de mon ancien milieu me reprochent aussi de toucher des aides sociales. Pour l’instant, des aides, je n’en ai reçu aucune. J’en aurai peut-être. Mais croyez-vous que ça me fera plaisir d’en bénéficier ? »

Nantes.maville.com « J’étais cadre, je suis travailleuse pauvre ».


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