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Un jour, est arrivée sur mon écran d’ordinateur une note d’organisation ,et j’ai découvert que mon poste avait été élargi

Publié le 04 juillet 2011 par Moyves

Je suis issue du secteur privé, hors France Télécom Orange,

Cependant, ce que j’ai vécu est similaire aux pratiques utilisées chez Orange.
Je voudrais spécialement dans mon dossier de défense juridique faire un focus sur ces entretiens ou vous êtes convoqués (sous un faux motif) lors d’une situation de désaccord (souvent due à une réorganisation qui rend votre mission impossible).

Un jour, est arrivée sur mon écran d’ordinateur une note d’organisation ,et j’ai découvert que mon poste avait été élargi dans les tâches de telle sorte que j’allais droit dans le mur, et qu’infailliblement, il y aurait des ratés.

Très naïvement, j’ai envoyé un mail à ma hiérarchie en pensant qu’il s’agissait d’une erreur, je pensais que cette note allait être rectifiée.

Or, pas du tout, et dès le lendemain, je me suis aperçue que les cadres du département étaient tous au courant et attendaient la diffusion officielle de cette note pour venir me demander du travail en plus. Or, la personne que je remplaçais à  ce poste se plaignait déjà de surcharge.

J’ai immédiatement perdu le sommeil. J’ai essayé de négocier, de faire valoir mon point de vue, et mon directeur m’a dit d’aller voir les ressources humaines qui allaient me proposer une mutation (que je finissais par souhaiter). Or au lieu de cette proposition de mutation, j’ai été reçu par deux gestionnaires de ressources humaines, l’une aimable, l’autre qui s’est mise à me hurler dessus, à me menacer…à m’empêcher de m’exprimer.. L’autre se taisait curieusement.

J’ai compris que cela ne servait à rien de discuter, et quand la personne agressive s’est penchée vers moi en me disant « vous devez faire tout ce que votre patron vous demande !» les yeux exorbités… je me suis levée et j’ai dit que je reviendrai accompagnée d’un délégué du personnel.

J’étais sonnée, déjà sous anxiolytiques et somnifères.
Somnifères, sommeil difficile

Somnifères, sommeil difficile

Le lendemain, incapable d’aller au bureau, KO, j’ai accepté de prendre des antidépresseurs qui m’ont sonnée.

J’ai voulu reprendre 10 jours plus tard, pensant toujours que la direction allait prendre conscience de son erreur : au contraire, une semaine plus tard le directeur-adjoint a voulu me remettre une lettre que je n’ai même pas pu lire sous le nouveau choc émotif provoqué, les lettres sautaient. Je le croyais un allié, il m’avait dit qu’il me soutiendrait.

Le lendemain, j’ai réussi enfin à joindre une déléguée du personnel. Je me suis rendue sur un autre site pour la rencontrer, je ne savais pas que je ne reprendrai plus jamais mon travail. C’était sur l’heure de midi : au lieu de chercher à m’aider, la déléguée m’a accusé (je découvrirai plus tard qu’elle était de mèche avec la direction).

Etant épuisée, en état de burnout, j’ai pali devant ses arguments absolument scandaleux, elle a pris peur, elle s’est levée, m’a donné un verre d’eau et m’a conduit à l’infirmerie.

Le médecin du travail m’a fait mettre dans un lit de l’infirmerie, je me souviens de lui au pied du lit me disant que j’étais en danger… trois heures de larmes au fond de ce lit sans un verre d’eau, sans un calmant, sans une prise de tension.

A 17h, les infirmières viendront me dire qu’elles avaient failli m’oublier et m’enfermer dans l’infirmerie  …

Je me suis retrouvée à attendre le taxi qu’elles avaient commandé sur le trottoir pour m’amener chez mon médecin généraliste. Elle m’a arrêtée.

Le samedi suivant, j’ai reçu une lettre de la gestionnaire RH agressive, qui faisait un compte rendu de l’entretien à sa sauce, prétendant que je ne l’aurai pas respectée, et faisant des menaces quant à mon avenir et mon évaluation. Une lettre qui était un avertissement ou non à je ne sais… C’est un débat que j’ai même avec mes avocats et les avis divergent.

J’ai envoyé un mail à minuit, je n’en pouvais plus, il fallait que je parle et que je révèle ce qui était arrivé, et les conditions de ces pressions. L’employeur a pris ce mail comme prétexte pour déclencher une procédure de licenciement. Mon entretien préalable a duré 3 heures… 2 heures de larme ou le DRH adjoint a voulu me faire reconnaître des torts, j’ai résisté.

Puis la déléguée du personnel a repris le flambeau pour essayer de me mouliner la tête, de me dire qu’il était mieux que je parte.

Alors que j’étais très fatiguée le lendemain, des maux de tête incroyables, sur mon visage plein de réactions des nerfs…

La déléguée m’a appelée par téléphone et voulait que j’envoie un mail à ce DRH pour présenter des excuses et donc reconnaître mes torts, j’ai pleuré, j’ai dit non….

J’avais contacté l’inspectrice du travail qui m’a confirmé que mes positions, et mes appréciations sur la situation étaient justes.

Elle a essayé d’intervenir en préalable de l’entretien, mais l’employeur n’a pas retourné l’appel.

Quand elle m’a rappelé quelques jours plus tard, et qu’elle m’a dit qu’il fallait que je fasse un « repentir » : j’ai crié : « non, non, assez », et j’ai raccroché le téléphone en cassant même le combiné.

La procédure du licenciement a été suivie d’effet.

Quand j’ai téléphoné à l’inspectrice du travail, car l’employeur bloquait mon dossier d’indemnisation par la CPAM, celle-ci m’a révélé que l’employeur aurait voulu me garder : encore un nouveau choc ! Mais pourquoi ?

Comprenant que j’étais de bonne foi, elle m’a demandé de faire une liste de mes collègues, qu’elle allait faire une enquête, mais je n’ai pas donné suite, j’étais épuisée, malade, choquée, vidée, désespérée.

Mon état de santé s’est transformé en dépression majeure devenue chronique. Je suis maintenant invalide 2e catégorie.

Bien sûr, ma vie entière a été chamboulée.

Cela s’est passé à mon 52e anniversaire, donc un grave préjudice pour ma retraite.

Les syndicalistes n’ont pas agi, mais m’ont mis en contact avec d’autres collègues victimes après moi, et l’une d’elles a subi un entretien d’évaluation de même nature que le mien :  à deux contre un, une gentille, une méchante !

Elle sous le choc a fait des convulsions. L’infirmier a du se déplacer pour lui prendre la tension toutes les 5 mn, le médecin du travail a refusé de se déplacer. Ils ont refusé de faire des attestations de la situation, et ont aussi trafiqué nos dossiers médicaux pour ne pas faire apparaître ces mentions.

Ce type d’entretien ressemble aussi à ce qu’a subi Vincent Talaouit de France Télécom : des entretiens de type policier, de nature à nous faire perdre le nord, à nous faire avouer l’inavouable, à faire pression, presque au pire, à nous suicider au sortir de l’entretien.

Le jour où j’ai reçu la confirmation de mon licenciement, deux salariés se sont suicidés dans mon entreprise. Apparemment, il y en aurait eu 5 !

Depuis, je me bats, mais j’ai des problèmes d’avocats qui sont frileux.. ,peu motivés (sinon par l’argent que je n’ai pas étant donné ma situation).

J’aurais besoin de témoignages révélant des expériences de ce type d’entretien. Nous savons que les RH et la hiérarchie suivent des stages de formation de ce type, et il faut les dénoncer…

Avec mes collègues victimes, nous avons réussi à faire déclencher une enquête par l’inspection du travail et celle-ci a conclu au fait que mon employeur aurait du tenir compte de mon état de santé, ce qu’il n’a pas fait, mais c’est extrêmement léger pour alimenter mon dossier.

Courage à tous, et continuons de lutter pour des conditions de travail qui ne mettent plus en risque la vie de salariés souvent consciencieux et au-dessus de tous reproches.

Bonne journée


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