Une époque qui ne pense pas qu’au fric et ne court pas après le temps… ça vous dit quelque chose ? Une époque qui a du panache, qui érige le beau en idéal, qui met la morale au cœur de ses préoccupations ?
Assurément ce n’est pas la nôtre : c’est le XVIIe siècle !
Pour peu que l’on ne soit ni paysan, ni huguenot, ni femme (ça limite un peu mais bon…) voilà une époque où l’on savait vivre !
Pour mémoire, le Grand siècle c’est celui de Louis XIII et de Descartes. C’est le baroque de Rubens et le classicisme de La Fontaine. C’est le panache de Cyrano qui met en fuite une centaine de spadassins pour sauver un poète.
C’est l’Artiste devenu roi. C’est le Roi, lui-même qui devient un peu artiste et qui se met à danser à Versailles !
Le XVIIe a inventé « l’Honnête homme » : un être qui sait plaire par sa mesure, sa connaissance de nombreux sujets, sa simplicité, son humour… Bref, un idéal d’harmonie et de perfection !
On retrouve ces exigences philosophiques et esthétiques dans la belle exposition qui a lieu en ce moment au Grand Palais : Nature et idéal : le paysage à Rome, 1600-1650.
Pour un peintre du XVIIe siècle, « honnête homme » et féru d’antiquités, tous les chemins mènent à Rome.
Un de ces peintres, Annibal Carrache s’en va donc dans la cité papale et peint un tableau qui va révolutionner la peinture du paysage : «La fuite en Égypte». Il recrée ainsi un paysage idéal qui connaît un grand succès et marquera la peinture de paysage pendant 300 ans.
Hélas, pour des raisons obscures, le tableau n’est pas dans l’exposition mais on peut admirer d’autres Carrache, et beaucoup de très beaux tableaux de Claude Gellée dit le Lorrain et de Poussin.
Si vous allez voir l’expo, mieux vaut se munir d’un dictionnaire mythologique ou s’équiper de l’audio-guide car cette peinture demande quelques efforts… largement récompensés !Ces œuvres du Grand Siècle ont largement inspiré les peintres des siècles suivants. On comprend donc grâce à cette expo comment la lumière de Claude Gellée inspira Turner.
Quant à Cézanne, héritier lointain de Poussin, il finira par transformer le paysage en un ensemble de volumes et des formes élémentaires.
Quant à « l’Honnête homme », lui, on cherche encore ses héritiers !
Nature et idéal : le paysage à Rome, 1600-1650
Carrache, Poussin, Le Lorrain…
Grand Palais, Galeries nationales 9 mars 2011 – 6 juin 2011