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F.Hollande a-t-il une approche neo-libérale du syndicalisme?

Publié le 04 juillet 2011 par Bernard Girard
A plusieurs reprises, Arthur Goldhammer, excellent observateur de l'actualité française, a analysé les positions de Francois Hollande en matière de syndcialisme comme relevant d'une sorte de néo-libéralisme alors même qu'il souligne, pour s'en étonner, la présence dans son entourage de plusieurs syndicalistes de la CFDT, de la CGT et de l'UNSA. Cette critique qui n'est pas éloignée de celles de J.L.Melenchon me surprend tant elle me parait faire fi de la réalité du syndicalisme à la française, de son extrême faiblesse et de ses rapports avec le politique.
La faiblesse du syndicalisme français a de nombreuses causes : vieille tradition antisyndicale du patronat, structure de l'économie avec le poids des petites entreprises dans lesquelles il est difficile pour un syndicat de s'implanter, mais aussi politisation. A l'extreme-gauche, le syndicalisme a longtemps été considèré comme une simple courroie de transmission du politique. Et il a fallu des annees pour que la CGT gagne son autonomie. Ailleurs, les syndicats se sont accommodés de l'intervention de l'Etat parce qu'elle leur permettait d'étendre à toute une profession les accords signés dans quelques grandes entreprises. Le patronat lui-même n'y est pas hostile puisque cela lui permet de limiter les distorsions de concurrence et de tergiverser sans fin dans les négociations dans l'attente d'une intervention du politique. Mais cette solution n'a évidemment rien de satisfaisant : elle favorise la division syndicale, les positions radicales et la "paresse" syndicale. Pourquoi se battre dans les boites si l'on peut espérer obtenir gain de cause au Parlement? Ajoutons, par ailleurs que l'intervention de l'Etat conduit à des solutions souvent inadaptées : ce qui vaut dans la métallurgie ne vaut pas forcement dans le bâtiment...et favorise les solutions qui conviennent aux secteurs que les syndicats peuvent le plus facilement mobiliser en soutien d'une action politique, soit le secteur public.
La position de Hollande et celle des syndicalistes qui le conseillent n'est en rien neo-libérale (ce qui le serait serait de demander une réduction du rôle des syndicats), elle vise, ce qui est tout différent, à renforcer l'autonomie des syndicats, à rendre au dialogue social, c'est-à-dire la recherche de compromis entre partenairers sociaux toute sa place, et à rapprocher la recherche de compromis des acteurs et des situations. En ce sens, elle se situe pleinement dans la tradition social-démocrate. Et j'imagine qu'elle s'appuie sur une réflexion approfondie tant de ce qui s'est passé avec les 35 heures que de la lenteur des négociations engagées sur les retraites, la pénibilité au travail... qui ont montré les limites d'une intervention autoritaire de l'Etat. Si les partenaires sociaux avaient effectivement négocié la reforme de la retraite, on aurait sans doute abouti à quelque chose de plus satisfaisant.

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